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Jocelyn Kwok
Maurice

Tourisme : Maurice à la découverte de l’Afrique

La cinquième édition du Forum des Afriques(s), organisée par L’Éco austral en partenariat avec le groupe AXYS, s’est tenue le 8 octobre 2019 à l’hôtel Le Labourdonnais à Port-Louis. Lors de cette table ronde, onze entreprises mauriciennes et l’ambassadeur de France à Maurice ont échangé leurs expériences sur le thème du tourisme en Afrique et à Maurice.

Jocelyn Kwok
Jocelyn Kwok, CEO de l’Association des hôteliers et restaurateurs de Maurice (Ahrim) « « Si nous avons atteint 1,4 million de touristes aujourd’hui, c’est le fruit d’un effort continu sur différents marchés. La diversification a porté ses fruits. »   Photos : Davidsen Arnachellum
 

L’Afrique est, en 2017, selon l’Organisation mondiale du tourisme (OMT), le continent où le nombre de visiteurs a le plus augmenté (+ 8 % en 2017). Une expansion qui représente des opportunités à la fois pour l’implantation d’entreprises mauriciennes sur le continent et pour l’accueil de nouvelles clientèles à Maurice. Lors de cette rencontre, quatre axes de réflexion ont été identifiés : la question de l’accès aérien ; l’expérience miti-gée de la coopération régionale ; la question de la compréhension du marché et l’exportation du savoir-faire mauricien. 
Après avoir présenté l’objectif du Forum des Afriques(s) et le thème de cette cinquième édition, Melvyn Chung, Managing Director à AXYS Stockbroking, a laissé la parole à Bhavik Desai, Head of Research à AXYS Stockbroking, et à Jean-Michel Durand, journaliste à L’Éco austral et responsable Maurice et Afrique. Un tableau de la situation et surtout de l’évolution du tourisme en Afrique a été présenté. Concernant plus particulièrement Maurice, Bhavik Desai a tout d’abord souligné la démocratisation du voyage chez les Mauriciens. Ainsi en 1983, 35 000 Mauriciens avaient voyagé contre 300 000 aujourd’hui, soit une augmentation de 757 % en 36 ans ! Si dans les années 1980, un touriste mauricien sur 16 voyageait vers l’Afrique, aujourd’hui, cette proportion est d’un sur six, et sur ce total, trois sur cinq se sont envolés vers l’Afrique du Sud. 

 

Alain Job
Alain Job, GSSA Ethiopian Airlines Mauritius et Réunion « Notre compagnie a fait des demandes pour atterrir sur le tarmac de Plaisance
mais sans succès jusqu’à présent. Notre ambition est bien sûr de venir à Maurice et peut-être demain à La Réunion. »
 

Pas assez d’Africains

Concernant les arrivées, selon Statistics Mauritius, l’Insee mauricien, 301 898 voyageurs sont venus d’Afrique en 2017. À noter que cet institut inclut les arrivées de La Réunion (146 040). « Si j’exclus les touristes venus de l’île sœur et ceux de l’Afrique du sud (112 129), il n’y a plus que 43 729 visiteurs en provenance du continent africain, en 2017 ! », pondère toutefois le Head of Research à AXYS Stockbroking.  Sen Ramsamy, Managing Director de Tourism Business Intelligence, ajoute : « L’Afrique a recueilli, en 2018, 67 millions de touristes sur le 1,4 milliard de voyageurs enregistrés dans le monde. Et d’ici 2030, il y aura deux milliards de voyageurs sur la planète, et l’on estime que l’Afrique en attirera 134 millions. Il y a donc un gros potentiel pour le développement du tourisme dans la région. »  Alors comment expliquer que Maurice, qui est un État africain, accueille si peu de touristes africains ? « Mais comment être visible si l’on n’est pas connecté ? », ironise Alain Job, le GSSA d’Ethiopian Airlines à Maurice et à La Réunion.
 « Le développement du tourisme ne passe que par l’accès aérien ! S’il n’y avait pas eu l’ouverture de la connexion aérienne, il n’y aurait pas eu cette croissance (1,4 million de touristes en 2018) », martèle Ludovic Lagesse, CEO de Trimetys Hotels. Le dilemme se pose ainsi : est-ce aux compagnies aériennes de créer des marchés en développant de nouvelles routes ou bien les nouvelles demandes vont-elles inciter les compagnies à venir ?  « Pour créer du volume, il faut que se développe l’économie intra-africaine, » souligne Prem Sewpaul, responsable de la communication chez Air Mauritius. Il est vrai que, selon la  Banque africaine d’import-export (Afreximbank), les échanges entre pays africains s’élevaient à 128,25 milliards de dollars en 2017 sur les 760 milliards de dollars représentant la valeur totale des exportations de l’Afrique vers le reste du monde.
Un faiblesse qui n’empêche pas Ethiopian Airlines de desservir 63 villes africaines. « Mais nous ne sommes pas encore à Maurice malgré nos demandes. Nous sommes pourtant à Madagascar et aux Comores. Notre ambition est de venir à Maurice et peut-être demain à La Réunion », assure Alain Job. 

Le tourisme en Afrique

Ouvrir le ciel africain

En 2018, Addis-Abeba (base d’Ethiopian Airlines) a dépassé Dubaï comme destination et plaque tournante des transferts vers l’Afrique pour les passagers long-courriers (17 millions de réservations de vols par jour, + 8 5% entre 2013 et 2017). 
« Le temps presse car, selon l’Association internationale du transport aérien (IATA), 80 % du trafic aérien aujourd’hui en Afrique revient à des compagnies étrangères contre 20 % pour les compagnies africaines. Et en 2025, si rien n’est fait, ce sera 10 % », ajoute Alain Job.  « En tant que Mauricien, je suis fier de voir qu’Air Mauritius opère des A350, mais malgré la volonté d’ouvrir le ciel africain, certains États freinent des deux pieds afin de protéger leurs compagnies aériennes »,  déplore Umarfarooq Omarjee, Executive  Director à Omarjee Aviation Limited, le représentant d’Alitalia à Maurice, mais aussi de la compagnie nationale mozambicaine, LAM.  Le Marché unique du transport aérien africain (Mutaa), qui vise à libéraliser et unifier les espaces aériens africains, a été lancé par l’Union africaine en 2018. Il fait suite à la Déclaration de Yamoussoukro (capitale politique de la Côte d’Ivoire), adoptée en… 1999 pour permettre une libéralisation complète de l’accès aérien entre les États africains.
 

Herland Cerveaux
Herland Cerveaux, directeur de programme à l’Union des Chambres de commerce et d’industrie de l’océan Indien (UCCIOI) « Pour baisser le coût du billet dans la région, il faut une alliance entre les aviations civiles et revoir la taxe intra-régionale. »
 

À Maurice, il est clair qu’Emirates, qui assure deux vols quotidiens par Airbus A380, ne voit pas d’un bon œil l’arrivée éventuelle d’Ethiopian Arlines. Si l’on ajoute la volonté de protéger Air Mauritius et son corridor africain, on peut comprendre que le gouvernement demeure prudent. Il se murmure néanmoins que les avis sont partagés au sein même du bureau du Premier ministre. Et il faudra attendre le résultat des élections générales (prévues le 7 novembre) et la constitution du prochain gouvernement pour y voir plus clair.  « Air Mauritius n’a pas à avoir peur de nous car nos routes sont différentes », réplique le GSSA d’Ethiopian Airlines.  […] « Il faut comprendre que la connectivité  aérienne à Maurice est régie par des Bilateral Air Services Agreement (BASA), des accords bilatéraux entre États. Donc, dire que l’espace aérien mauricien est fermé est une mauvaise interprétation. Car moins de 20 % des provisions sur la BASA sont utilisées ! », intervient  Prem Sewpaul. Et d’ajouter : « Ce n’est donc pas un problème d’accès mais un problème de fond. Les freins sont connus et ont été évoqués lors de la dernière conférence de l’Association des compagnies aériennes africaines (AFRAA) : coût des infrastructures, faiblesse des échanges commerciaux intra-africains, manque de personnel qualifié, problème d’accès au financement et cadre légal différent. Bref, Air Mauritius n’a pas la mainmise ! »

 

Bhavik Desai
Bhavik Desai, Head of Research chez AXYS Stockbroking Limited « « Si on exclut les touristes arrivés de La Réunion et de l’Afrique du Sud, il n’y a eu que 43 729 touristes venus du continent africain en 2017. »

 

Net recul des Chinois

« Concernant la connectivité, nous assurons 14 vols par semaine de Maurice vers Johannesburg en partenariat avec Air Mauritius », précise Menon Ramasawmy, le Manager Mauritius & Indian Ocean Islands de la South African Airways (SAA).  « Et outre les deux vols quotidiens (au moins) opérés avec SAA, il y a au moins sept vols par semaine entre Maurice et Nairobi ! », glisse le responsable de la communication de la compagnie nationale mauricienne. 
« Nous avons commencé à opérer, il y a un an, trois vols Rome-Maurice par semaine durant l’hiver européen. L’A330 d’Alitalia amène des touristes italiens, espagnols, français et israéliens », indique Umarfarooq Omarjee. La problématique des arrivées de touristes africains à Maurice rappelle étrangement celle des voyageurs de Chine. « C’est même un cas d’école ! Malgré la volonté gouvernementale et la mise à disposition d’appareils d’Air Mauritius sur cette destination, ce marché est en recul depuis quatre ans », s’inquiète Ludovic Lagesse.
 

Ludovic Lagesse
Bhavik Desai, Head of Research chez AXYS Stockbroking Limited « Si on exclut les touristes arrivés de La Réunion et de l’Afrique du Sud, il n’y a eu que 43 729 touristes venus du continent africain en 2017. »
 

De fait, les arrivées de touristes chinois se sont effondrées dans l’île (- 36 % de janvier à août 2018) alors que, selon la plate-forme d’analyses aéronautiques anna.aero, le vo-lume de trafic entre l’Afrique et la Chine a augmenté  depuis 2015 de 6 %, avec 500 000 passagers supplémentaires ! Au total, en 2018, plus de 2,5 millions de personnes ont voyagé entre l’Empire du Milieu et le continent africain. La chute spectaculaire à Maurice, à contre-courant de la tendance, peut s’expliquer par l’absence de compagnies asiatiques. La raison ? Sans doute un manque d’intérêt pour le marché mauricien. Comment expliquer sinon qu’Air India, qui bénéficie depuis longtemps de la cinquième liberté (*) ne soit jamais venue à Maurice ? Le départ précipité en 2017 de la compagnie malaisienne low cost long-courrier AirAsia X s’explique aussi par l’étroitesse du marché mauricien…

 

Menon Ramaswamy
Bhavik Desai, Head of Research chez AXYS Stockbroking Limited « Si on exclut les touristes arrivés de La Réunion et de l’Afrique du Sud, il n’y a eu que 43 729 touristes venus du continent africain en 2017. »
 

L’expérience amère du tourisme régional

Si La Réunion reste un gros pourvoyeur de touristes à Maurice (146 040 arrivées en 2017), on s’aperçoit que la sous-région en elle-même reste encore un marché mineur. Aussi, pour dynamiser le secteur touristique dans l’océan Indien, a été créée en 2010 le concept d’îles Vanille. « Il s’agissait de vendre les îles de l’océan Indien à la fois sur le marché européen et auprès de cette classe moyenne africaine (CMA) », rappelle Herland Cerveaux, directeur de programme à l’Union des chambres de commerce et d’industrie de l’océan Indien (UCCIOI).
« Dix agences de voyages de la région avaient travaillé sur 21 combinés sur un marché de niche qui est l’éco-tourisme. Mais malgré une promotion en Europe, ça ne fonctionne pas. » La cause ? « Le coût du transport aérien qui ne permet pas de proposer un produit à des coûts compétitifs. Le développement du tourisme régional est limité par cela », déplore le jeune directeur. 
« Cet échec me fait mal au cœur car le concept d’îles Vanille est un concept magnifique ! Il s’appuie sur la complémentarité de nos îles. Moi-même, j’ai participé à l’époque de l’Alliance touristique de l’océan Indien (Atoi) à ce rapprochement entre nos territoires. Nous avions bénéficié de l’appui de la COI, de l’Union européenne et surtout du secteur hôtelier mauricien. Lors de différents salons internationaux, notre stand était très visité », indique Sen Ramsamy, le Managing Director de Tourism Business Intelligence.  « Il est déjà difficile d’aligner la stratégie d’une destination. Alors, coordonner la stratégie de plusieurs destinations, dans des pays qui ont chacun leurs intérêts, n’en parlons pas », remarque Laurent Bourgault, Chief Officer et Business Development à Attitude Hotels. « L’intention est bonne puisque 30 % des clients français passent par La Réunion », tempère Ludovic Lagesse. 

Tourisme à Maurice

Un manque de compréhension du marché africain ?

« La France, en incluant la clientèle réunionnaise, est le premier pourvoyeur de touristes à Maurice (30 % des arrivées – NDLR) », rappelle Emmanuel Cohet, ambassadeur de France à Maurice. « Mais la France est aussi un acteur important en Afrique. À la fois comme pays émetteur (en Afrique du Sud, nous sommes le cinquième) et comme opérateur. Par exemple, le groupe Accor a signé un contrat avec un fonds souverain du Qatar pour ouvrir 40 hôtels en Afrique subsaharienne. Concernant la problématique du tourisme en Afrique et la position de Maurice, je pense qu’au-delà de la connectivité, qui est un vrai sujet, il y a aussi la question de la communication. On peut constater toute la communication déployée par Maurice avec succès en Europe, mais en même temps le peu d’efforts déployés en Afrique », souligne le diplomate.
 

Renaud Azema
Renaud Azema, CEO de Vatel Mauritius « Maurice a la capacité d’exporter son savoir-faire au lieu de vouloir augmenter ses chiffres sur une destination qui perd peu à peu de sa saveur. »
 

« C’est pour moi une des raisons de l’échec actuel du concept d’îles Vanille. On se vend mal en Afrique ! Car très peu de travail est fait vers ces nouveaux marchés », grince Herland Cerveaux. « À preuve que le problème n’est pas forcément la connectivité mais surtout l’image : nos vols ont des taux de remplissage de 70 % à 75 % ! Notre message est dédié au marché européen. Il n’y a pas de présence de la MTPA (Office du tourisme de l’île Maurice) sur le continent sauf en Afrique du Sud. Nous touchons déjà les deux gros hubs aériens africains, mais il faut réorienter notre image vers ce nouveau marché », souligne le représentant de SAA.
« Si nous avons atteint 1,4 million de touristes aujourd’hui, c’est le fruit d’un effort continu sur différents marchés. La diversification a porté ses fruits », tempère Jocelyn Kwok, le CEO de l’Association des hôteliers et restaurateurs de l’île Maurice (Ahrim). Cette association représente 85 % des 111 hôtels de l’île, des restaurants et des ensembles d’immobilier résidentiel. « Le marché africain reste le parent pauvre de nos efforts. Mais si les hôteliers sont partie prenante de la stratégie nationale, mise en place par la MTPA, il est difficile de dire si l’on fait assez ou pas. Chaque revenu marginal est comparé au coût marginal d’acquisition. S’il y a des leçons à tirer, c’est qu’on manque de convergences au niveau national. Et ce touriste africain, nous ne le connaissons pas assez », ajoute le CEO de l'Ahrim.  « Pour moi, l’important, c’est de se demander : qu’est-ce qu’on vend ? », remarque Sen Ramsamy, qui a lui-même dirigé l’Ahrim dans le passé. 

 

Emmanuel Cohet
Emmanuel Cohet, ambassadeur de France à Maurice « La France est un acteur important en Afrique. À la fois comme pays émetteur et comme opérateur. »
 

Séduire les Millenials

« Notre offre s’appuie, depuis 50 ans, sur un produit axé principalement sur le soleil, la mer et la plage. En 2019, il n’y a pas eu beaucoup d’évolution. Or le monde a changé. Il y a une globalisation du tourisme. À Maurice, on a toujours en tête celui qui vient passer des vacances. Alors que ce n’est pas […] la définition d’un touriste ! Je peux remplir des hôtels avec des businessmen africains. Il suffit par exemple de leur donner accès aux produits asiatiques. À l’exemple du Dragon Mart International City de Dubaï. Il s’agit du plus grand centre commercial pour les produits chinois en dehors de la Chine ! Les hôtels sont remplis et on signe des milliards de dollars de vente par jour ! »
« Avant d’être nommé à Maurice, j’ai été en poste durant trois ans en Zambie. Ce que j’y ai appris, c’est l’importance de la communication vis-à-vis de ces marchés et surtout vers les Millenials », déclare Emmanuel Cohet. Cette génération, dite Y, est née entre 1981 et 1995. On l’identifie par son envie de donner un sens à son voyage, découvrir, rencontrer, partager. Une génération beaucoup plus écologique que les précédentes ! « La carte jouée par les îles Vanille est donc un carte importante en matière d’écotourisme », ajoute Emmanuel Cohet. 
 

Clinton Ross Harmon
Clinton Ross Harmon, Head of Sales & Marketing à Lux* Resorts : « Nous avons identifié le business casher qui est une vraie niche en Afrique. »
 

Ces Millenials sont hypermobiles, hyper-connectés (aux réseaux sociaux) et hyper-exigeants.  « L’importance des réseaux sociaux a été pointée par le CEO de Google lors d’une récente conférence à Singapour. Selon lui, la génération Y ne sait où elle va aller en vacances que quelques jours avant son départ ! Deux critères lui sont indispensables : le prix et la sécurité », énonce Ludovic Lagesse. « Quand une personne fait une recherche sur un pays, elle voit de suite s’il y a des soucis de sécurité. Ces deux éléments sont cruciaux. Ainsi, Madagascar n’accueille que 250 000 touristes alors que notre petit pays en reçoit 1,4 million ! De fait, l’interconnexion est très importante, mais ça ne suffira pas. »

 

Umarfarooq Omarjee
Umarfarooq Omarjee, Executive Director à Omarjee Aviation Limited, représentant d’Alitalia « L’arrivée du low cost a dynamisé les arrivées touristiques au Maroc. »
 

Exporter le savoir-faire mauricien

« Maurice a la capacité d’exporter son savoir-faire au lieu de systématiquement vouloir augmenter ses chiffres sur une destination qui perd peu à peu de sa saveur », lance, taquin, Renaud Azema, le directeur général de Vatel Maurice. « Il me semble illusoire de faire de Maurice une destination de masse. Je pense au contraire qu’elle doit être exclusive pour attirer une clientèle haut de gamme dont la contribution pourrait être plus importante », ajoute l’ancien nominé au Tecoma Award 2018. De fait, en obtenant la master-franchise de Vatel pour l’Afrique de l’Est et australe anglophone, il a fait de Maurice un pôle d’excellence et un hub régional stratégique. Car selon la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique, le tourisme va être un axe de développement économique majeur. Or, dans ces États, il y a peu d’institutions formant sur place des managers. Aussi, après avoir ouvert son école en 2009 à Maurice, Renaud Azéma a depuis exporté la marque Vatel à Madagascar, à La Réunion, à Rodrigues, au Rwanda et bientôt en Afrique du Sud. « Nous venons aussi de signer un partenariat avec une compagnie à Kinshasa, en République démocratique du Congo. Et le Ghana et le Bénin sont très demandeurs », précise-t-il. Autre stratégie d’expansion : la gestion hôtelière. C’est le choix fait par le groupe Lux*. « Ce type de contrat est le plus facile pour développer rapidement notre marque dans le monde », reconnaît Clinton Ross Harmon, Head of Sales & Marketing de l’opérateur touristique mauricien. Lux* propose ses services en Chine, en Turquie, en Europe et au Vietnam. « Concernant l’Afrique, c’est en réflexion. Pour rejoindre l’analyse de Renaud, je pense qu’avant de réserver un hôtel, les clients recherchent avant tout une destination et Maurice peut s’appuyer sur son expertise reconnue. »
Et là, la petite île de l’océan Indien a sa carte à jouer.

(*) La cinquième liberté de l’air permet à une compagnie aérienne d’embarquer des passagers dans un autre pays pour les débarquer dans un troisième pays sans nécessairement passer par le premier. En l’occurrence, Air India pourrait venir à Maurice à partir de l’Inde et y embarquer des passagers pour les acheminer en Afrique du Sud.