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Tout le savoir-faire indonésien exposé pendant cinq jours.
Indonésie

Trade Expo Indonesia 2019 : Arme de séduction massive

C’est la plus vaste opération de prospection des marchés d’exportation jamais imaginée par les ministères indonésiens. Cette année encore, la 34e édition de la Trade Expo Indonesia (TEI) qui s’est tenue à Jakarta du 16 au 20 octobre 2019 n’a pas démérité son nom de plus grande foire du commerce, du tourisme et de l’investissement de l’Asie du Sud-Est

Ils ont été 38 590 visiteurs cette année (chiffre officiel) à déambuler le long des 50 000 m² de l’énorme bulle futuriste de l’Indonesia Convention Exhibition de Jakarta, à la recherche de la bonne affaire. Pour cette grand-messe annuelle du buatan Indonesia (fait en Indonésie), pas moins de 1 497 fournisseurs locaux avaient installé leurs stands, prêts à traiter avec les 6 000 acheteurs et investisseurs potentiels, triés sur le volet, qui avaient fait spécialement le déplacement. Des Indonésiens bien sûr, mais aussi des Japonais, des Chinois, des Australiens, des Indiens, des Afghans, des Iraniens, des Colombiens, des Canadiens, des Soudanais… Un peu tout le monde en somme (120 nationalités représentées), sans oublier une trentaine d’entrepreneurs malgaches venus en délégation et à peu près autant de Mauriciens. Comme l’a rappelé le vice-président indonésien Jusuf Kalla dans son discours d’ouverture, la TEI demeure le plus grand salon BtoB (Business to Business) d'Indonésie, un « carrefour commercial incontournable pour prospecter les opportunité d’affaires et d’investissement » dans la première économie d’Asie du Sud-Est. Et le résultat, c’est ce chiffre record de 10,96 milliards de dollars, représentant la valeur totale des transactions qui ont été mises sur la table durant ces cinq jours en termes d'investissements et d’échanges de biens et de services : 29 % de mieux que l’édition 2018 ! Une performance d’autant plus remarquable que l’environnement des affaires est plutôt morose à l’international, marqué par un ralentissement mondial de l’économie. En 2018, pour la première fois depuis 2014, le commerce extérieur indonésien a été déficitaire.
« La croissance industrielle de la Chine au deuxième trimestre de 2019 n'a atteint que 4,8 %, le plus bas des 17 dernières années, et cela a des répercussions directes sur le business », s’inquiète ce négociant en café de Sumatra, qui traite d’habitude avec Shanghai mais dont la totalité du stock a été « miraculeusement » achetée le dernier jour par un courtier égyptien. Cette année, ce n’est donc pas avec la Chine, mais bien avec l’Égypte que les  échanges de biens ont été les plus importants, soit un volume de 270,5 millions de dollars (18 % du total des transactions) en cinq jours, suivie du Japon pour 260 millions de dollars, de la Chine, du Royaume-Uni et des États-Unis.

 

Tout le savoir-faire indonésien exposé pendant cinq jours.
Tout le savoir-faire indonésien exposé pendant cinq jours.  
 

Produits à fort contenu technologique

Les commandes portent sur à peu près tout ce qu’il est possible de vendre ou d’acheter (hors produits pétroliers, non représentés à la TEI) : le café, bien sûr, le second or noir du pays, le bois d’ameublement, l’huile de palme, le papier ou encore le fameux « batik indonésien », mais aussi et de plus en plus des produits à fort contenu technologique, comme des véhicules, des avions, des armes…
Waris, patron d’une PME textile de Surabaya, a profité de ces cinq jours pour faire la promotion de sa marque Al-Warits Batik Aromatherapy, du batik fait main dont certains modèles se vendent 17 millions de rupiahs (1 000 euros) : une somme, mais la technique d’impression requiert jusqu’à six mois de travail. « Depuis 2013, j’exporte sur la Malaisie, Singapour et la Corée du Sud, mais grâce à la foire j’ai pu rencontrer d’autres acheteurs avec qui j’ai beaucoup moins l’habitude de traiter, des Indiens, des Thaïlandais et même des Ghanéens », confie-t-il. 
Comme tous les exposant, il a en outre profité d’une formation organisée par l'Agence indonésienne de financement des exportations (LPEI) et par l’Indonesia Eximbank dans le cadre du programme Coaching for New Exporters (CPNE). « L’objectif est de nous aider à être plus performants dans les négociations », explique Waris qui a ainsi pu s’initier au packaging, au marketing et à la gestion des commandes. Et les chiffres parlent d’eux-mêmes : près d’une PME sur deux suivies par le CPNE devient exportatrice après son passage à la foire !
Et c’est cela aussi la spécificité de la TEI, une synergie bien huilée, s’exerçant à tous les niveaux de l’État comme du secteur privé, avec à sa tête le ministère du Commerce, l’organisateur de l’événement, via la Direction générale du développement des exportations nationales (DGNED). Un vrai travail d’équipe – de titan ou de fourmi – car pour faire venir à Jakarta ces 6 000 acheteurs et investisseurs, l’ensemble du personnel diplomatique – 132 représentations à travers le monde – a été mobilisé et a dû mouiller la chemise pendant six mois. Mais comme le dit le proverbe indonésien : le riz est bien meilleur quand on le mange en commun…

 

Un public très cosmopolite pour la cérémonie d'ouverture présidée par le vice-Premier ministre Jusuf Kalla.
Un public très cosmopolite pour la cérémonie d'ouverture présidée par le vice-Premier ministre Jusuf Kalla.
 
Afrique, le nouveau plan B
L’afflux d’Africains a été manifeste cette année, en phase avec le slogan choisi pour cette édition 2019 : Moving forward to serve the world (aller de l'avant pour servir le monde). Comme un écho aux nouveaux objectifs du ministère du Commerce de compenser le resserrement des marchés d’exportation traditionnels (notamment de la Chine, son premier client, présentement engluée dans sa rivalité commerciale avec les États-Unis) par l’ouverture de débouchés dans les pays d'Amérique latine et des Caraïbes, mais aussi d’Afrique. L’Afrique de l’Ouest, notamment, fait figure de nouvel Eldorado. Ici, les exportations non pétrolières ne cessent de se développer et ont même été multipliées par six entre 2016 et 2017. « Les produits indonésiens sont très recherchés pour leur qualité et leurs prix abordables », confirme Godwin Okafor, un Nigérian venu se fournir en pièces automobiles qu’il revendra à bon prix à Abudja. 
L’archipel de Zanzibar, en Tanzanie, pourrait bien être la nouvelle porte d’entrée de l’Indonésie sur le continent africain, d’où l’important accord de coopération qui a été conclu à Bali en août dernier en marge du Dialogue Indonésie–Afrique pour les infrastructures (IAID). En vertu de cet accord, l’entreprise indonésienne Wika s’est vue confier la construction d’un terminal portuaire à Zanzibar de 40 millions de dollars. Dans la foulée, elle a remporté un contrat pour une zone d’affaires intégrée au Sénégal d’une valeur de 250 millions de dollars et un projet de construction d’appartements en Côte d’Ivoire de 66 millions de dollars. Elle envisage aujourd’hui des projets de construction en Afrique de plus de 2 000 milliards de rupiahs (140 milliards de dollars), autant dire le pactole !