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Sud de La Réunion

Unanimité pour faire redécoller l’aéroport de Pierrefonds

Son développement fait l’objet d’un consensus au sein de la classe politique et des milieux d’affaires. L’idée est d’apporter un complément de services à Gillot en développant une plateforme régionale tant pour les passagers que pour le fret.

« Le développement du Sud ne peut se faire sans le développement de l'aéroport de Pierrefonds. Nous sommes donc condamnés à pérenniser cet outil. » Michel Fontaine, sénateur-maire de Saint-Pierre et président de la CIVIS (Communauté intercommunale des villes solidaires du Sud), est un ardent défenseur de la deuxième plateforme aéroportuaire de l'île qui fait d'ailleurs l'objet d'un soutien unanime des élus du Sud, quel que soit leur bord politique.

Michel Fontaine, sénateur-maire de Saint-Pierre et président de la CIVIS (Communauté intercommunale des villes solidaires du Sud) : « Le développement du Sud ne peut se faire sans le développement de l'aéroport de Pierrefonds. Nous sommes donc condamnés à pérenniser cet outil. » - Ipreunion.com

Michel Fontaine, sénateur-maire de Saint-Pierre et président de la CIVIS (Communauté intercommunale des villes solidaires du Sud) : « Le développement du Sud ne peut se faire sans le développement de l'aéroport de Pierrefonds. Nous sommes donc condamnés à pérenniser cet outil. » – Ipreunion.com

« Il y a un consensus politique pour relancer l'aéroport », confirme Patrick Malet, maire de Saint-Louis et président du syndicat mixte de Pierrefonds. Lors de la présentation de ses vœux à la presse, Didier Robert, président de la Région, y est également allé de son coup de pouce en estimant que « l'aéroport de Pierrefonds et la zone d'activité économique confortée autour des métiers directement liés au développement des filières agricoles devaient s'imposer comme la première plateforme d'exportation de notre île ». André Thien Ah Koon, maire du Tampon et président de la Communauté d'agglomération du Sud (CASUD), remarque pour sa part qu'« il existe une unanimité pour sauver Pierrefonds dont l'exploitation a été menacée par les retards dans les investissements ». Il était temps car l'aéroport est aujourd'hui au bord de l'asphyxie. En 2008, quelque 127 600 passagers avaient embarqué, en 2014, ils n'étaient plus qu'environ 73 000. L'activité fret, quant à elle, reste infime. Les exportations sont passées de 43 à 20 tonnes entre 2008 et 2013. Quant aux importations, elles stagnent autour des 25 tonnes par an et ne concernent que quelques colis, en majorité des produits textiles en provenance de Maurice commandés par des commerçants du Sud.  

DES VOLS DIRECTS AVEC RODRIGUES À COMPTER DU 8 MAI ET AVEC TAMATAVE À PARTIR DE DÉCEMBRE

Grâce à 6 millions d’euros de crédits européens, Pierrefonds a déjà fait l’objet d’une série de travaux avec la rénovation et l'extension de l’aérogare, la création d’un nouveau parking, l'aménagement des abords de l’aérogare et le réaménagement de la zone d’embarquement. Mais, comme le souligne Didier Prugnières, directeur de l'aéroport, « pour faire redémarrer Pierrefonds, il faut des avions ». Air Austral vient d'apporter sa pierre à l'édifice en annonçant une liaison directe avec Rodrigues à partir du Sud deux fois par semaine à partir du 8 mai 2015. Programmés le vendredi et le dimanche, ces vol interviendront lors des vacances scolaires de mai, de juillet-août et d'octobre. Air Austral devrait aussi desservir Tamatave à partir de décembre 2015. Autre piste avancée depuis longtemps par les élus du Sud : le déménagement de la base aérienne de Gillot à Pierrefonds. Elle entrave le développement prévu de l'aéroport Roland-Garros et son implantation dans le Sud permettrait de la rapprocher du 2e RPIMa (Régiment parachutiste d’infanterie de marine), situé à proximité immédiate de l'aérodrome. Pour l'instant, les militaires s'opposent à cette réorganisation, mais les choses pourraient changer avec l'installation parallèle d'une base de la sécurité civile sur l'aéroport de Saint-Pierre.

UN PROJET DE NOUVELLE COMPAGNIE DEVRAIT DOPER L’AÉROPORT

Le plus gros projet en matière de transport de passagers a pour nom de code NewCo, porté par Gabriel Pinelli, l'ex-numéro deux d'Air Austral et conseillé par Gérard Ethève, l'ancien patron de la compagnie aérienne réunionnaise. Cette nouvelle compagnie souhaite lancer début 2016 des vols vers la métropole à partir de Pierrefonds. La constitution de la compagnie nécessite un financement de 20 millions d'euros dont 6 millions devraient être apportés par la CIVIS et la CASUD. « Les deux intercommunalités vont créer une société afin de porter cette participation », précise Jean-Louis Maillot, directeur général des services de la CIVIS. L'avion retenu est le Boeing B767-300ER, un biréacteur long-courrier de 262 sièges. À partir d'une analyse du marché, des performance du B767-300ER sur piste courte et d'une flotte de deux appareil, la compagnie serait prête dans une première phase à assurer deux à trois fréquences Pierrefonds-Paris par semaine avec une escale technique dans le sens Sud-Nord en Egypte (Louxor ou Le Caire), deux fréquences Pierrefonds-Dzaoudzi-Paris et deux fréquences Pierrefonds-Dzaoudzi-Marseille. Avec des tarifs promotionnel sur 45 % des sièges. Ces tarifs seraient inférieurs de 10 % en basse saison et de 24 % en haute saison par rapport à la moyenne des autres compagnies. Dès la première année, Newco pourrait apporter à Pierrefonds 110 000 passagers en plus du trafic actuel de la plateforme. Pour le transport passager et éventuellement le fret long-courrier, l'idéal serait de rallonger la piste actuelle qui fait 2 100 mètres. « Il s'agit là d'un objectif souhaitable mais difficilement réalisable à moyen terme car nous nous heurtons à un problème de financement », remarque Didier Prugnières. Le fait est que pour porter la longueur totale de la piste à 3 200 mètres, il faudrait construire sur la mer. Une solution jugée prohibitive par de nombreux observateurs, mais pas par André Thien Ah Koon qui estime le budget nécessaire à 120 millions d'euros.  

L’APPORT DE CORAIL HÉLICOPTÈRES

Pierrefonds pourrait également bénéficier du développement du transport par hélicoptère. Corail Hélicoptères y dispose d'une installation provisoire avec un atelier de maintenance dans deux conteneurs aménagés. La société possède actuellement cinq appareils et devrait acquérir deux nouvelles machine en 2015. « Nous souhaitons passer d'une installation temporaire qui a quand même dix ans à une installation durable. Une première phase est déjà prévue avec un investissement d’un million d'euros pour la construction d'une base technique. Mais dans un deuxième temps, nous envisageons une tranche additionnelle avec un terminal VIP », annonce Alfred Chane-Pane, président de Corail Hélicoptères. L'idée serait de construire un atelier au rez-de-chaussée et un lieu d'accueil et de traitement de la clientèle VIP à l'étage. Le président de Corail Hélicoptères entend en effet appliquer à La Réunion le « business model » qu'il a développé avec succès à Saint-Martin, dans les Antilles, où ses hélicoptères embarquent une clientèle huppée à l'aéroport Princess Juliana pour la déposer dans les hôtels de luxe de l'île de Saint-Barthélémy. Corail Hélicoptère a d'ailleurs déjà créé une hélistation à l’hôtel 5 étoiles Palm de Grand Anse et compte en construire une autre sur le site du Piton de la Fournaise.

Alfred Chane-Pane, président de Corail Hélicoptères : « Nous souhaitons passer d'une installation temporaire qui a quand même dix ans à une installation durable. Une première phase est déjà prévue avec un investissement d’un million d'euros pour la construction d'une base technique. Mais dans un deuxième temps, nous envisageons une tranche additionnelle avec un terminal VIP. » - Ipreunion.com
Alfred Chane-Pane, président de Corail Hélicoptères : « Nous souhaitons passer d'une installation temporaire qui a quand même dix ans à une installation durable. Une première phase est déjà prévue avec un investissement d’un million d'euros pour la construction d'une base technique. Mais dans un deuxième temps, nous envisageons une tranche additionnelle avec un terminal VIP. » – Ipreunion.com

« Pour l'accueil des passagers très riches, il faut mettre en place des procédures simplifiées car cette clientèle exige une chaîne ininterrompue de services. Cela existe déjà à Saint-Martin et à l'île Maurice. Pourquoi pas à Pierrefonds ? Il faut que les autorités, Douanes et État, comprennent les enjeux », remarque Alfred Chane-Pane qui souligne par ailleurs les bénéfices que le Sud pourrait tirer du développement de l'aviation privée à Maurice.

UN OUTIL POUR LE DÉVELOPPEMENT TOURISTIQUE CIBLANT LA CLIENTÈLE HAUT DE GAMME

Le président de Corail Hélicoptère voit même plus loin en évoquant l'idée d'utiliser des petits jets VIP en vol à la demande à partir du hub mauricien qui accueille les gros porteurs des compagnies d'Asie, du Golfe et d'Europe. « Cela peut être mis en place en moins de deux ans », affirme Alfred Chane-Pane. Le tourisme peut bien évidemment constituer l'un des piliers du redémarrage de l'aéroport du Sud. « Pierrefonds propose la liaison la plus courte avec Maurice et c'est un aéroport de proximité car les touristes peuvent arriver à leur hôtel en moins de 40 minutes », souligne Laurent Lorion, directeur du service des affaires économiques et touristiques de la CIVIS.
Alfred Chane-Pane propose aussi une autre piste de développement : le délestage de l'aérogare de Gillot en faisant embarquer les passagers du Sud sur le tarmac de Pierrefonds dans des bus scellés sous le contrôle de la Direction générale de l'Aviation civile. Les passagers pourraient enregistrer leurs bagages, passer les formalités de police et de douanes à Saint-Pierre et débarquer sur le tarmac de Gillot pour embarquer quelques minutes avant le décollage. « Cela permettrait de dériver une partie des taxes vers Pierrefonds », indique Alfred Chane-Pane.

UNE GROSSE CAPACITÉ D’EXPORTATION AGRICOLE

Dernière carte que peut abattre Pierrefonds : le fret aérien. Une étude sur la question a été commandée et devrait être très prochainement rendue publique. « Il existe une grosse capacité d'exportation agricole dans le Sud. Le potentiel est important dans le frais et l'ultra frais », affirme Alex How-Chong, président de Logistisud. La perspective de la création d'un port sec sur la ZAC Pierrefonds Aérodrome ne fait que conforter les acteurs dans leur idée de développer le fret aérien sur cette plateforme. Là encore, l'aéroport mauricien de Plaisance présente un intérêt du fait du développement de son hub. Mais il reste à régler la question des avions car, pour l'instant, il n'y a pas sur Pierrefonds d'appareils disposant de soutes suffisamment importantes pour accueillir des gros volumes de marchandises. Des discussions sont en cours avec Air Austral. La compagnie Air Mauritius pourrait également être sollicitée. « Le fret ne peut à lui seul garantir la rentabilité, mais si les avions sont rentables pour le tourisme, le fret sera abordable. La politique d'accompagnement des exportations du Conseil régional et la bonification du fret doivent être maintenues », remarque Jérôme Isautier, président de l'ADIR (Association pour le développement industriel de La Réunion). Tout semble donc converger pour assurer un redécollage de l'aéroport du Sud. « De toutes les façons, c'est la dernière chance pour Pierrefonds », prévient Michel Fontaine.