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« Nous voulons rendre le territoire plus visible auprès d’investisseurs institutionnels et de politiques au niveau national. »
Réunion

VINCENT LE BALINER, PRÉSIDENT DU CLUB IMMOBILIER : « Nous sommes une force de proposition »

Vincent Le Baliner, fondateur et dirigeant d’Inovista, spécialisé dans l’immobilier d’entreprise, est président depuis mai 2020 du Club immobilier qui rassemble les principaux acteurs de l’immobilier à La Réunion et joue le rôle d’un « think tank » avec ses rencontres mensuelles. Le club s’attache aussi à faire la promotion du territoire et à mettre en avant les étudiants. Explications…

L’Éco austral : Pouvez-vous nous présenter en quelques mots le Club immobilier océan Indien : son historique, son fonctionnement et sa raison d’être ? 
Vincent Le Baliner
: Le Club est né il y a maintenant cinq ans de la volonté de quelques professionnels de regrouper les principaux acteurs du secteur à La Réunion, de l’extraction des matériaux à la livraison de l’immeuble, en passant par sa conception, sa réalisation, sa commercialisation, son financement et sa gestion. 
Les valeurs qui nous caractérisent sont le partage, l’échange, l’écoute, le respect, la valorisation et l’engagement. 
Le club n’est pas un lieu individuel, mais collectif, et nous prenons nos décisions à l’unanimité. Chaque membre doit avoir une implication territoriale, il s’engage à assister aux rencontres et à chercher la transversalité des compétences. Le club se déclare indépendant de toute organisation politique, religieuse ou syndicale et s’interdit toute prise de position en ce sens. 
Nous nous réunissons une fois par mois entre membres : un temps de présentation d’une problématique métier, d’un partage d’expériences et un temps de convivialité. Chaque mois, nous invitons un « grand témoin » autourd’un petit-déjeuner. Il s’agit toujours d’un homme ou d’une femme n’exerçant pas nos métiers, mais ayant un lien avec la construction et l’animation de la ville. Nous avons ainsi rencontré, par exemple, le patron du RSMA qui forme des jeunes aux métiers de la construction, des élus, des acteurs du tourisme… Nous souhaitons nourrir les réflexions, décloisonner les visions des acteurs des territoires et permettre la réalisation de meilleures opérations. 
Enfin, par nos actions, nous avons au coeur de nos engagements le rayonnement des nos territoires et la transmission aux plus jeunes. 

Pouvez-vous nous en dire plus sur vos membres et sur les conditions posées pour le devenir ? 
Nous sommes environ 50 membres de la chaîne industrielle qui fabrique, gère et anime la ville au sens large : architectes, promoteurs, commercialisateurs, gestionnaires, banquiers, avocats, notaires, bureaux de contrôle, bureaux d’études, défiscalisateurs, investisseurs, experts, assistants en maîtrise d’ouvrage, experts-comptables, généalogistes, agences de  communication. Quelques entreprises nationales, beaucoup d’entrepreneurs locaux et un membre ambassadeur à Paris. 
Au-delà des membres, nous avons le plaisir d’être accompagnés par deux partenaires majeurs : le Lux, qui accueille la majorité de nos rencontres et manifestations, ainsi qu’Air Austral qui accompagne les déplacements de nos invités ou des jeunes gagnants du Business Game. 
Nos partenaires presse permettent une vraie mise en lumière de la vie et des actions du club. L’esprit de partage, c’est aussi communiquer, informer et faire réagir ! 
Nous sommes proches également du Club Export qui travaille activement à l’implantation, au-delà de nos frontières, du savoir-faire réunionnais autour du bâti tropical. 
Pour nous rejoindre, il faut être tout d’abord animé par l’esprit et les valeurs du club. Nous demandons un courrier de candidature qui est présenté aux membres du club qui le valident. 

 

Laurent Guerrier, membre fondateur du club
Laurent Guerrier, membre fondateur du club en 2016 et son premier président. Après avoir travaillé pour le groupe Colas, il a créé sa propre entreprise de promotion immobilière à La Réunion.   Photo : Guillaume Foulon
 

Des entreprises directement concurrentes peuvent-elles être membres ? 
Oui, mais nous limitons à quelques membres par profession car nous ne souhaitons pas être une organisation ayant vocation à regrouper l’ensemble des professionnels d’un secteur d’activité, comme la Fnaim pour les agents immobiliers ou la FRPI pour les promoteurs immobiliers. De plus, les membres dits concurrents qui souhaitent nous rejoindre doivent avoir la volonté de décloisonner, de travailler en partenariat et surtout de s’engager pour le territoire. C’est la diversité des métiers et des acteurs qui fait, je crois, la richesse du club. 

Depuis son lancement, le club a organisé un grand événement, une « nuit de l’immobilier », et un « Business Game » visant plus particulièrement les étudiants. Quel est l’objectif de ces deux opérations et allez-vous les organiser de nouveau dans les prochains mois ? 
La nuit de l’immobilier avait réuni en 2019 un peu plus de 600 personnes chez nos amis et partenaires du Lux. De mémoire des plus anciens de l’établissement hôtelier, c’était l’un des plus importants événements jamais organisé chez eux ! À cette occasion, nous avions fait déplacer des acteurs majeurs de nos métiers, et notamment le président de la fédération française des clubs immobiliers (FFCI), pour leur présenter le territoire, les possibilités d’investissement et les acteurs, tant privés que publics. De même pour notre participation au Simi, le plus grand salon professionnel de l’immobilier en France, notre objectif est de faire rayonner La Réunion et de participer activement aux grands enjeux du territoire. 
Le Business Game, c’est notre grande fierté ! Avec la participation des écoles préparant les jeunes à nos métiers au sens large, nous avons réuni 50 étudiants venant de 5 écoles différentes. Autour d’un terrain à La Possession, ils devaient imaginer par équipe de 10, mixant les formations, un projet immobilier dans ses aspects architecturaux, techniques, commerciaux, financiers, constructifs et mercatiques. Je me souviendrai longtemps du témoignage d’une étudiante en école d’architecture qui nous disait avoir appris à dessiner et concevoir des immeubles, mais jamais intégré qu’il était nécessaire d’avoir une vision holistique de l’opération… le Business Game lui a permis cela ! Pour nous, ce type d’action répond à notre souhait de transmettre et de partager une partie de notre savoir, de nos connaissances et d’impliquer les jeunes au futur de leur île. Les jeunes Réunionnais qui se préparent à nos métiers vont travailler ensemble les 40 prochaines années à la construction et l’animation de notre territoire, autant qu’ils apprennent dès que possible à se connaître et à échanger. 
Nous allons bien évidement lancer un nouveau Business Game en 2022, en élargissant à d’autres formations et étudiants. Nous travaillons également à la signature de conventions de partenariat avec certaines écoles pour favoriser les échanges entre étudiants et professionnels lors du parcours de formation. Et nous voulons favoriser les recherches de stages, d’alternances et l’intégration professionnelle en sortie d’école. 
Dans le même esprit de transmission et de rayonnement, nous avons participé en 2019 au Forum des métiers de la ville à Paris. Nous souhaitions dire aux jeunes Réunionnais terminant des études en Métropole qu’il y avait du travail pour eux chez eux, que nous avions besoin de leur retour au « péi » et de l’apport de leurs compétences. 
Je précise que toute ses actions n’ont pour le moment jamais été subventionnées ! Elles sont financées directement par les membres et nos partenaires. 

 

Le Club immobilier
Le Club immobilier recevant le préfet de La Réunion en février 2020 à l’hôtel « Lux ». L’occasion de
faire des propositions.   ©Droits réservés
 

Le fait d’appartenir à une fédération de clubs, qu’on trouve un peu partout en France, est-il un avantage ? Qu’est-ce que cela peut-il apporter concrètement ? 
La Fédération regroupe 11 clubs comme le nôtre : Marseille, Aix, Toulon, Montpellier, Toulouse, Agen, Lyon, Paris, Strasbourg, Nantes et La Réunion ; d’autres territoires ont manifesté récemment le souhait de nous rejoindre.
La FFCI représente un véritable panorama national de l’écosystème de l’immobilier et de la ville, tous métiers confondus. Il n’existait auparavant aucun organisme réunissant l’ensemble des métiers de l’industrie immobilière. 
Nous avions la Fédération des promoteurs immobiliers (FPI), bien sûr la Fédération française du bâtiment (FFB), mais rien pour la filière dans sa globalité. Cette transversalité distingue la FFCI de toute assimilation corporatiste ou syndicale. 
Sur le territoire national (Métropole et Outre-Mer), ce sont des femmes et des hommes qui oeuvrent à la construction/rénovation/ transformation de la ville. Par leurs actions, ils participent nécessairement à la dynamique et à l’attractivité de leur région. 
La feuille de route de la FFCI est organisée autour de quatre principales missions de valorisation de cette chaîne de valeur au niveau national : 
1) Être la voix de l’industrie immobilière et affirmer son expertise transverse et panoramique de la ville de demain en lien ténu avec les ministères concernés ; 
2) Poursuivre l’engagement sans faille sur le chemin de la transition énergétique/écologique, et promouvoir les énergies vertes ; 
3) Améliorer les passerelles avec la jeune génération et oeuvrer à son employabilité ; 
4) Être une force de proposition et influencer des règlementations. 
Concrètement, cela permet au Club océan Indien de s’inspirer des meilleures pratiques dans nos domaines et de les partager. De rendre également le territoire plus visible auprès d’investisseurs institutionnels et de politiques au niveau national. 

Le Club a-t-il une vision du développement immobilier et de l’aménagement du territoire de La Réunion ? 
Nous sommes chaque jour au coeur du territoire et de ses enjeux, confrontés aux difficultés et enthousiasmés par les possibilités ! Nous avons une vision plus verte, durable, inclusive et participative. Au-delà d’une vision, nous partageons certaines urgences et avons des propositions à court et moyen termes. Nous travaillons par exemple sur le droit à l’expérimentation, le lien entre les acteurs publics et privés, le lien entre nos métiers et ceux qui habitent ou travaillent dans les bâtiments que nous édifions, les matières premières nécessaires à la construction ou à la transformation urbaine… De nombreux membres du club ont par exemple travaillé à la construction de La Possession Coeur de ville, opération modèle de ville tropicale. Et nous devrions prochainement rencontrer le GIP Éco-cité pour proposer notre vision. 

Est-ce que vous êtes écoutés par les autorités locales et nationales ? 
Localement, nous avons partagé avec les candidats à l’élection régionale nos propositions pour le territoire. Huguette Bello, alors candidate, s’était montrée, je crois, particulièrement à l’écoute et ravie d’avoir un lieu d’échange en dehors des schémas habituels (même s’il sont nécessaires) des syndicats patronaux ou ordres professionnels. Désormais présidente de la Région Réunion, nous devrions pouvoir la rencontrer prochainement pour concrétiser les propositions que nous portons autour du logement privé et social, de l’immobilier d’entreprise et des zones d’activité, des matériaux, du développement durable, de l’efficience des opérations et de la transmission à la jeunesse. 
Au niveau national, nous avons rencontré, dans le cadre de la Fédération, le ministre de la Ville et du Logement ainsi que des membres de son cabinet. Là aussi, notre proposition est nouvelle et très bien accueillie : un contact pour une chaîne de création de valeur qui représente environ 20 % du PIB des territoires. Mais nous devons localement mieux nous organiser, entre acteurs publics, élus, instances représentatives et acteurs économiques pour parler d’une même voix, forte, à Paris. 
Région et Départements ont annoncé en juillet dernier leur volonté d’une grande conférence territoriale. Nous y participerons avec plaisir et serons, je l’espère, écoutés attentivement. 

 

Remise des prix lors du Business Game en juin 2019. Cinquante étudiants de cinq écoles différentes ont participé à ce concours de remue-méninges.
Remise des prix lors du Business Game en juin 2019. Cinquante étudiants de cinq écoles différentes ont participé à ce concours de remue-méninges.   Photo : Guillaume Foulon
 

Le Club envisage-t-il d’essaimer dans la région, à Mayotte, autre département français, mais aussi dans les pays voisins de La Réunion ? 
Vous remarquerez que nous sommes le Club océan Indien et non le Club Réunion ! Quelques entreprises du club sont présentes à Mayotte et nous faisons se rencontrer nos collaborateurs parfums pour qu’ils travaillent et grandissent dans l’esprit que nous entretenons ici. Lors de nos rencontres à La Réunion, nous invitons également des acteurs économiques de Mayotte à participer à nos échanges. Fin juillet, il y avait ainsi un jeune et brillant urbaniste mahorais qui est reparti, je crois, très heureux du dialogue et des contacts noués. 
Nous avons encouragé la création d’un club à Madagascar et à l’île Maurice et nous en sommes encore aux premières intentions.

Vincent Le Baliner
©Droits réservés
 

Le virus de l’entrepreneuriat

Vincent Le Baliner, d’origine bretonne, n’avait que 26 ans lorsqu’il créa en novembre 2010 son entreprise Inovista, spécialisée dans le conseil indépendant en immobilier d’entreprise. Onze ans plus tard, Inovista a trouvé sa place sur un marché où il n’existait pas d’agence spécialisée. Outre la commercialisation de bureaux, commerces et entrepôts, il a lancé Inovista Consulting & Research qui assure une veille du marché et publie chaque année une étude commercialisée auprès des professionnels. En mai 2020, il succède à la présidence du Club immobilier à Laurent Guerrier qui l’avait fondé en 2016. La réussite rapide d’Invosta a valu à son créateur d’être nominé en 2014 au Tecoma Award, l’élection de l’Entrepreneur de l’année organisée par L’Éco austral depuis 1995.