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Madagascar

Wave Madagascar : Cinq ans pour surfer sur la vague du tourisme

Avec le forum « Wave Madagascar » qui s’est tenu en septembre dernier, l’État malgache prend officiellement la vague de développement du tourisme et des transports. Ambition annoncée : doubler les recettes touristiques d’ici 5 ans.

Avec 250 000 touristes en 2018, Madagascar n’a jamais dépassé le cap des 375 000 visiteurs internationaux depuis 2008. C’est l’un des constats que les professionnels du secteur ont pu faire lors de la première édition de Wave Madagascar, Forum international des investissements dans le tourisme et les transports, qui s’est tenu du 17 au 20 septembre dernier à Tananarive sur le thème « Découvrez tout le potentiel de Madagascar ». Il est clair que le tourisme local est encore largement sous-exploité en raison de nombreuses contraintes en matière d’infrastructures, de capacités d’accueil et d’accessibilité, mais aussi d’un cadre fiscal et réglementaire peu propice aux investissements. 
Le secteur peut pourtant être un des leviers du développement économique du pays. Il participe déjà à hauteur de 7 % au produit intérieur brut (PIB) et a généré jusqu’à 46 000 emplois directs et 586 millions d’euros de recettes en 2018. Le potentiel touristique est en outre immense puisque l’île regorge de réserves foncières favorables aux investissements et dispose d’une biodiversité exceptionnelle. Le challenge est de taille pour l’État (organisateur du forum) qui a accordé une place importante à l’industrie touristique dans sa politique générale. Objectif : faire de la Grande Île une destination incontournable dans l’océan Indien et en Afrique. Selon les projections, le secteur devrait générer 79 000 emplois directs en 2023 et près d’un milliard d’euros de recettes, contribuant ainsi à 15 % du PIB. Preuve de l’intérêt que suscite la destination, de grandes marques hôtelières comme  Hilton, Marriott, Radisson et Accor ont répondu présent à  Wave Madagascar, plus une centaine d’opérateurs et d’investisseurs étrangers venus notamment des Émirats Arabes-Unis, de l’Égypte et de Maurice. Non sans résultats.
« Nous avons identifié les opportunités d’affaires à travers des entretiens avec des opérateurs et propriétaires fonciers locaux », se félicite Joël Randriamandranto, le ministre de tutelle. Rien que pour le secteur hôtelier, 25 projets solides sur 160 ont été appuyés par l’Economic Development Board of Madagascar. Dans le domaine maritime, quatre projets d’extension ou d’aménagement portuaires, six projets d’exploitation de routes maritimes et fluviales, ainsi qu’un projet d’installation de chantier naval ont également été proposés. 
La société Aéroports de Madagascar a, de son côté, annoncé être en recherche active de partenaires pour développer la dizaine d’aéroports qu’elle contrôle. Le modèle de partenariat dépendra de l’envergure de l’aéroport et se fera sous la forme d’une joint-venture (coentreprise), d’une concession ou autre formule. Toujours est-il que d’ici 2023, l’État prévoit d’ouvrir cinq aéroports internationaux à travers tout le pays. Deux de ces aéroports, ceux d’Antsiranana (Diego-Suarez) et de Toliara (Tuléar) deviendront des hubs domestiques desservant la région nord et la région sud. 

 

« Madagascar devra être reconnu comme une destination de luxe », clame Joël Randriamandranto, le ministre de tutelle.
« Madagascar devra être reconnu comme une destination de luxe », clame Joël Randriamandranto, le ministre de tutelle.  © PRM
 

Troisième compagnie aérienne en vue

Le développement aéro-portuaire s’accompagnera de l’ouverture du ciel malgache, le fameux « open-sky », qui ne portera pas uniquement sur les vols internationaux mais également sur les vols domestiques. Tovo Rabemanantsoa, directeur général de l’aviation civile de Madagascar, a d’ailleurs dévoilé qu’une troisième compagnie devrait déployer ses ailes sur le réseau intérieur d’ici la fin de l’année. Mais c’est la nature même de l’expérience touristique qui est en voie d’être repensée, avec l’ambition de faire de Madagascar une « destination de luxe ». On prévoit ainsi de construire plusieurs hôtels cinq-étoiles au cours des cinq prochaines années pour développer le tourisme de prestige. Dix parcs nationaux gérés par Madagascar National Parks ont de même été présentés dans le cadre de la promotion de projets portant sur l’écotourisme de luxe. La carte du haut de gamme est encore jouée avec le projet de séjours de luxe englobant le tourisme sportif à travers le golf, la randonnée ou le kite surf.
Dans le sillage du Forum, une vingtaine de lettres d’intérêts ont été reçues par les autorités de tutelle et dix investisseurs ont manifesté leur désir d’investir dans le pays, nommément SBH Hôtel&Resorts, Gamma, IOCD Africa, International Luxury Association, Hilton, Beachcomber, Time and Tide Africa, B2K group et le groupe Enac. Ils ont signé des lettres officielles d’intention avec l’État malgache et comptent déterminer prochainement les détails des éventuels partenariats. Le docteur Faisal Ali Mousa, président du conglomérat du-baïote FAM Holding, a de même signé une convention avec le ministre malgache des Transports, du Tourisme et de la Météorologie pour le développement de toute une zone touristique à Morondova, sur la côte ouest, avec son fameux site de l’allée des Baobabs. La matérialisation de tous ces projets reste cependant suspendue à l’exigence d’un environnement « sain, stable et incitatif ». À cet effet, l’État s’est déjà engagé à sécuriser les investissements en mettant en place un environnement propice au climat des affaires, ce qui passe par l’institution d’un cadre juridique stable, le renforcement de la bonne gouvernance et la lutte contre la corruption, la simplification de toutes les procédures administratives et l’incitation fiscale. 

 

Le docteur Faisal Ali Mousa (en blanc), président du conglomérat dubaïote FAM Holding, a signé une convention pour le développement de toute une zone touristique à Morondova.
Le docteur Faisal Ali Mousa (en blanc), président du conglomérat dubaïote FAM Holding, a signé une convention pour le développement de toute une zone touristique à Morondova.  © PRM
 

Sécuriser les investissements

« Nous allons mener les réformes précises pour mettre un terme à la lenteur administrative. La transparence sera un impératif », s’est engagé Andry Rajoelina, le président de la République, dans son intervention lors du forum. Et sans annoncer de chiffres précis, l’État se dit prêt à allouer « un budget conséquent » pour assurer le réel développement de l’industrie touristique. 
« Si l’on parvient à relever ce défi de 500 000 touristes par an, les retombées économiques positives pour Madagascar seront palpables. Mais il faudrait en même temps une amélioration des infrastructures d’accueil avec la création de 48 000 chambres et de 690 000 sièges d’avion par an », fait valoir le ministre du Tourisme.