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Willy Ethève : « La Réunion doit devenir un exemple de tourisme durable et responsable »

Le directeur de l’IRT, l’organisme de promotion du tourisme réunionnais, voit dans le tourisme durable un bon moyen de se différencier. D’autant plus que l’Organisation mondiale du tourisme (OMT) a placé sous ce thème l’année 2017.



L’Eco austral : Quels sont les atouts de La Réunion pour se différencier en tant que destination de tourisme durable ? 
Willy Ethève
: La Réunion a été choisie pour être le partenaire officiel, en février, du Salon international du tourisme de Guangzhou. Un choix qui était motivé par le lancement de la nouvelle desserte aérienne d’Air Austral sur Guangzhou (Canton – Ndlr) et par les actions de promotion de l’IRT, en collaboration avec les acteurs du tourisme réunionnais, pour établir une synergie d’avenir entre les deux territoires. Lorsque nous présentons notre île aux interlocuteurs chinois, ils nous demandent invariablement si elle bénéficie d’un air pur et si l’on y trouve un ciel bleu. Nous avons de l’air pur, une eau pure et, en moyenne, 90% de ciel bleu chaque jour de l’année. Ils nous conseillent alors de mettre en avant la pureté de nos paysages et de notre environnement. Beaucoup d’études démontrent, par ailleurs, que les touristes ne veulent plus d’ambiances artificielles créées sur mesure. Nous voyons s’imposer un tourisme qui est en recherche de sens, qui souhaite aller à la rencontre d’une population et de son écosystème naturel. Le tourisme doit rester authentique et La Réunion dispose de cette richesse naturelle. Avec une nature préservée, sans artifice. Le spectacle du Piton des Neiges et du volcan se vend très bien. Nous avons, tout ensemble, la mer et la montagne et nous travaillons à valoriser et à préserver ce patrimoine.

Quelles actions La Réunion peut-elle mettre en place pour favoriser le développement de l’écotourisme ? 
Nous ne voulons pas développer un tourisme de masse auprès des plages et nous favorisons plutôt l’émergence de nouveaux hébergements dans les Hauts. Dans le poumon de l’île, le cirque de Mafate, nous devons devenir un exemple de ce que doit être un tourisme durable et responsable. Nous avons lancé une étude sur le développement écotouristique de Mafate. La croissance du nombre de lits est forte mais elle n’est pas structurée. L’utilisation de groupes électrogènes s’est généralisée. On constate une véritable saturation à La Nouvelle. Nous demandons maintenant la mise en œuvre solutions solaires et de recyclage de l’eau en préalable à la délivrance de subventions et de permis de construire ou de rénover. Pour l’ensemble de l’île, nous avons créé il y a deux ans un service d’accompagnement des porteurs de projet touristique. Il traite environ 400 dossiers par an. Le message principal que nous véhiculons vise à encourager l’émergence de projets différenciants et innovants, mais avec une dimension de développement durable pour susciter une dynamique propre à l’écotourisme. Et la Région Réunion examine l’attribution de subventions en rapport avec l’éco-attitude des projets. 

Un projet d’écolodge à proximité du volcan pourra-t-il se concrétiser ?
L’implantation d’un écolodge auprès du volcan fera l’objet d’un Appel à manifestation d’intérêt (AMI) dès 2017. Cet AMI est déjà rédigé, en plein accord avec l’État, la Région Réunion et le Conseil départemental. Une phase de concertation est maintenant lancée avec l’ensemble des collectivités, des organismes et des associations concernés pour amender cet AMI. Quatre communes et deux intercommunalités sont impliquées, ainsi que le Parc national de La Réunion et l’Office national des forêts. Deux sites sont identifiés pour être proposés aux porteurs de projet, l’un avec vue sur le volcan et l’autre à proximité de l’actuel gîte du volcan. Il s’ouvrira ensuite une phase de travaux et d’études d’impact.

Comment gérer le développement responsable des activités sportives et de pleine nature ? 
Il y a des niches de clientèle touristique pour la plongée, la randonnée, le canyoning et le parapente dont une étape de coupe du monde s’est déroulée à La Réunion en 2016. Notre île est d’ailleurs la seule région de France où l’on compte 35 000 pratiquants, d’où l’on peut décoller presque tous les jours de l’année et depuis des sites variés. Nous avons défini ces quatre filières d’activité comme prioritaires et nous leur accordons davantage de moyens et de communication. Pour 2017, le Conseil départemental travaille à préparer le Plan départemental des espaces, sites et itinéraires de sports de loisirs. Ce PDESI doit garantir l’accessibilité aux lieux qui supportent des pratiques sportives de nature sans pour autant compromettre les objectifs de préservation environnementale. En ce qui concerne l’IRT, notre label Qualité Tourisme comporte un critère environnemental qui peut compromettre son obtention. Sur la question du recyclage des déchets, par exemple. Cette démarche qualité, dont la qualité environnementale, est l’un de nos axes stratégiques majeurs pour différencier la destination Réunion qui se trouve confrontée à une concurrence accrue sur le marché touristique.

DES ACTIVITÉS DE MOBILITÉ ÉLECTRIQUE DANS LE SUD
La mobilité électrique s’installe durablement dans les activités touristiques de la microrégion sud. « Pour favoriser au maximum les activités de loisirs dans les Bas et dans les Hauts, nous avons soutenu, ces dernières années, des projets de transport doux et écologique », informe Olivier Néry, directeur adjoint de la Destination Sud Réunion, l’office de tourisme de la communauté intercommunale des villes du sud (Civis). Ainsi, la société Mobilboard propose des escapades nature en Segway, équipés de roues de trail, sur le littoral, au volcan et à Cilaos. Et la structure Quad Bike Runners dispose main-tenant de quad bikes à assistance électrique pour des sorties nature et sportives, incluant les Makes et le volcan. Quant à ElliptiGO Réunion, elle propose des sorties en vélo elliptique pour les plus sportifs. 
Philippe Stéphant
 

RÉUNION PLONGÉE SÉDUIT LES TOURISTES
Avec 40% de sa clientèle issue du tourisme, Réunion Plongée témoigne de l’attractivité des fonds réunionnais sur les visiteurs. « Les sites de plongée à La Réunion sont aussi beaux qu’à Maurice ou à Rodrigues, mais le frein pour les plongeurs étrangers réside dans le coût du voyage, analyse Xavier Malagié, gérant de l’entreprise. La vraie carte à jouer, pour La Réunion, est la pluriactivité. C’est le plus gros atout de la destination qui permet la pratique du parapente, du canyoning, du VTT, du bateau et de la randonnée. Nous pourrions mieux vendre la mer et la plongée dans un package pluridisciplines, associé à des modes d’hébergement compétitifs. » La Réserve Marine, qui permet une valorisation touristique dans d’autres départements d’Outre-mer, n’est pas exploitée à La Réunion et se traduit plutôt par une privation de droit pour certaines activités. 

LE LABEL « CLEF VERTE » POUR LE GROUPE EXSEL
Cinq établissements hôteliers du groupe Exsel ont été labellisés, fin 2016, par la « Clef Verte », premier label environnemental international pour l’hébergement touristique et la restauration, aussi dénommé « Green Key ». Engagée début 2016, cette démarche de labellisation a été conduite pour les enseignes Alamanda, Ermitage Boutik Hôtel, Mercure Créolia, Hôtel Victoria et Le Floralys. « C’est un investissement important, commente Fabrice Manson, directeur général du groupe Exsel, car nous remplaçons tous les éclairages par des LED ou des ampoules éco, nous nous équipons d’arrosages automatiques et d’équipements pour réduire la consommation d’eau dans tous les locaux. Cette démarche devrait être subventionnée par les pouvoirs publics car les petites structures ne pourront y affecter un collaborateur à temps plein pendant un an, comme nous l’avons fait. » La « Clef Verte » est attribuée selon 146 critères, dont 63 sont obligatoires, concernant la gestion des déchets, de l’énergie, de l’eau, les achats responsables et la sensibilisation de la clientèle. « Depuis 2016, nous utilisons du papier recyclé pour tous nos supports de communication, nous organisons le tri sélectif. Ce sont de vrais changements d’habitudes dans tous nos métiers », confie Alexandra Drouhet, en charge de la politique environnementale du groupe Exsel.