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YUSUF ABDOOLLAH : « Un plan de continuité des activités est un préalable à la résilience des entreprises »

1 juin 2020 | PAR Alexandre Karghoo | N°349
Expert-comptable de formation, Yusuf Abdoolah, est titulaire d’un diplôme en Droit. Il est responsable du département « Risk Advisory » du cabinet BDO. ©Droits réservés
En temps de crise, la résilience des entreprises est plus que jamais mise à l’épreuve. La question de sa pertinence conceptuelle l’est tout autant. Yusuf Abdoollah, du cabinet BDO, apporte un éclairage.

L’Éco austral : D’après votre expertise, que signifie l’expression « résilience des entreprises » ? 
Yusuf Abdoollah
: Selon moi, il s’agit de rendre une organisation « plus forte » afin qu’elle puisse résister à de profonds et inattendus changements sur le marché, par exemple comme ceux que nous vivons actuellement. Cela implique d’identifier, en amont, les changements qui pourraient affecter l’environnement des affaires ou l’organisation. Il est également important d’être bien géré durant, MAIS aussi après la catastrophe. Si quelque chose se produit, la direction doit être suffisamment préparée. 

Mais comment ce concept théorique, transposé dans la réalité, peut-il aider une entreprise, surtout une PME, à faire face à la crise que nous connaissons ? 
Nous devons faire attention à ne pas confondre le terme résilience des entreprises avec la planification de la « continuité ». Alors que le concept de résilience est souvent lié aux grandes entreprises et implique une étude complexe et détaillée par des consultants externes, un plan de continuité des activités - ce qu’on appelle, en anglais un Business Continuity Plan (BCP) - est le point de départ du processus menant à un plan de résilience organisationnelle. Le premier but du BCP est d’assurer la sécurité des personnes : non seulement les employés, mais aussi les vendeurs et les clients. Les autres objectifs importants sont de protéger l’opération commerciale des perturbations, et de poursuivre les opérations en ligne avec les obligations contractuelles envers les clients. Le concept, qui est plus pertinent pour les PME, est la planification de la continuité des activités. 

Quelles sont les limites conceptuelles et pratiques qui ont été révélées au cours de cette crise unique par sa nature ? 
Cette crise n’est pas terminée, il est donc trop tôt pour répondre à cette question. Cependant, avec les risques et les incertitudes qui nous entourent, il est impératif que les employés soient protégés et que la livraison de produits et de services se fasse conformément aux attentes des clients. Les grandes questions sont : « Votre entreprise est-elle prête à faire face à des perturbations ou à des situations d’urgence ? » Comme l’a affirmé Benjamin Franklin, « ne pas planifier, c’est planifier l’échec ». Ce qu’il sera intéressant à analyser après la crise, c’est comment les entreprises avec des plans de continuité bien élaborés s’en tireront en comparaison avec celles qui envisagent de redémarrer en se basant sur les « connaissances » de leurs gestionnaires. 

Quelle stratégie les entreprises doivent-elles adopter lors de la reprise ? 
L’accent ne devrait pas être mis, en ce moment, sur la croissance ou l’innovation. La première priorité pour toute entreprise doit être sa survie ! Selon les secteurs où les entreprises opèrent, cette période durera entre trois mois et deux ans. Les entreprises qui ont des plans de continuité des activités appropriés sauront sur quels processus et services clés elles doivent absolument miser pour continuer à fournir leurs produits ou services. S’il n’y pas de plans en place ou qu’ils n’ont pas été testés dans le passé, les entreprises n’auront pas d’autre choix que d’employer une stratégie de trial and error (tâtonnement) qui pourrait être très coûteuse financièrement. Et après la survie, il ne sera toujours pas trop tard pour se préparer pour la prochaine fois !

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YUSUF ABDOOLLAH : « Un plan de continuité des activités est un préalable à la résilience des entreprises »

L’Éco austral : D’après votre expertise, que signifie l’expression « résilience des entreprises » ?  Yusuf Abdoollah : Selon moi, il s’agit de rendre une organisation « plus forte » afin qu’elle puisse résister à de profonds et inattendus changements sur le marché, par exemple comme ceux que nous vivons actuellement. Cela implique d’identifier, en amont, les chang...