Ce que nous apprend la démographie
Pour ouvrir le bal avec un sujet plus « léger » et qui prête à sourire, j’évoquerai l’existence de l’association réunionnaise Pilon. Je l’ai découverte récemment dans un communiqué qui annonçait qu’à l’occasion du « mois des visibilités LGBT, elle organisait un tour de l’île aux couleurs de l’arc-en-ciel ». Sur son site internet, l’association Pilon explique qu’elle « souhaite avant tout mélanger la créolité, la famille et les personnes de la communauté LGBT ». Son objectif est de « rendre accessible la culture créole à toutes les personnes qui en sont privées. Soit parce qu’elles ont été rejetées par leur famille, soit parce qu’elles ne s’y sentent plus en sécurité ». Et pour symboliser cette culture créole, l’association a retenu comme emblème le « pilon », ce mortier utilisé dans la cuisine réunionnaise pour écraser notamment le piment et l’ail. Si l’on pouvait penser qu’une personne malicieuse avait choisi ce mot « pilon » pour l’association, il semble qu’en réalité, elle ignorait son sens dans le créole mauricien. À 200 kilomètres de La Réunion, en effet, ce mot est très grossier et fait référence à la situation de celui qui, dans un couple homosexuel masculin, mord l’oreiller. Comme quoi, les différences entre les deux « îles sœurs » se retrouvent même dans leur langue créole. À commencer par la signification du mot « créole » dans lequel se retrouvent tous les Réunionnais alors qu’à Maurice, on le restreint à une communauté particulière.
Bien loin de nos rivages et de nos subtilités sémantiques, les ennuis judiciaires de Donald Trump, aux États-Unis, nous laissent dans une grande incertitude sur l’avenir du monde. Si l’on sait qu’une condamnation ne l’empêcherait pas de se présenter à l’élection présidentielle, il reste à savoir quel impact elle aurait sur l’électorat américain. Fera-t-elle l’affaire de Joe Biden ou, au contraire, renforcera-t-elle l’ancien président dans son image de « victime politique » qu’on veut à tout prix empêcher de revenir au pouvoir ? L’issue du conflit en Ukraine en dépend pour une grande part. Nul doute que si Donald Trump revenait aux affaires, il négocierait assez vite avec Vladimir Poutine la fin du conflit. Un conflit qui, en réalité, oppose les États- Unis à la Russie, les Européens n’étant que des « idiots utiles » et les Ukrainiens des supplétifs qu’on envoie à l’abattoir.
Est-ce que vous « macronez » ?
Le président français Emmanuel Macron, pour sa part, fait de la com. Il a fait parler de lui en annonçant qu’il faudrait peut-être envisager d’envoyer des troupes en Ukraine. Aussitôt désavoué par l’Otan elle-même, il a néanmoins fait les gros titres des médias et a suscité une réponse menaçante de la part du dirigeant russe. De quoi le faire exister sur la scène internationale. Le président français semble reprendre à son compte ce que disait Léon Zitrone : « Qu’on parle de moi en bien ou en mal, peu importe. L’essentiel, c’est qu’on parle de moi ! » Les Russes ont d’ailleurs inventé le mot « macroner » qui signifie « causer pour ne rien dire », suite à ses conversations téléphoniques avec Vladimir Poutine.
Si l’élection américaine nous laisse dans l’incertitude, ce n’est pas vraiment le cas en Afrique du Sud où l’ANC, dont le bilan se révèle désastreux 30 ans après la fin de l’Apartheid, devra sans doute composer avec d’autres forces politiques.
En Inde, la réélection de Narendra Modi semble plus que probable et vient nous confirmer le poids de cette puissance émergente. La première désormais en termes de démographie et, surtout, disposant de la plus grande classe moyenne du monde. Un potentiel énorme pour nos entreprises de l’océan Indien et nos secteurs touristiques. La présence dans nos îles de populations dont les ancêtres sont venus de la Grande Péninsule représente à cet égard un avantage concurrentiel indéniable, notamment pour faciliter les investissements dans ce pays.
Concernant l’élection européenne, on a l’impression qu’il s’agit d’un non-événement puisque l’Union européenne s’en tient à sa vassalité à l’égard des États- Unis. Ses membres qui s’y opposent n’ont pas vraiment voix au chapitre et les candidats à l’élection qui remettent en cause l’existence de cette « URSS molle » ont été marginalisés. En France, le Rassemblement nationale, en tête dans les sondages, est entré dans le rang du politiquement correct et considère que le « Frexit » est un gros mot, sans parler de sa position sur le conflit en Ukraine.
L’Inde première puissance démographique
Le fil rouge qui relie tous les sujets que nous avons abordés, c’est la démographie. C’est elle qui nous apprend ce que va être le nouveau monde. C’est elle qui nous fait comprendre que Vladimir Poutine ne pourrait pas, même s’il le voulait (ce qui reste à prouver), s’attaquer aux autres pays d’Europe. Dans un essai paru en 1922, Mesure de la France, l’écrivain Pierre Drieu La Rochelle montrait déjà que la démographie était fondamentale et il anticipait la débâcle de 1940 face à l’Allemagne. Mais on peut remonter beaucoup plus loin, dans L’Ancien Testament et son Livre des proverbes, par exemple, qui nous dit : « Population nombreuse, gloire du roi ; population en baisse, ruine du souverain. » À méditer par Pravind Jugnauth, Premier ministre d’un pays dont la population est en baisse et qui, s’il est réélu, devra se pencher sur la question.
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