Comment Air Austral réduit ses émissions
La politique RSE de la compagnie réunionnaise inclut un programme de décarbonation qui vise à réduire, par petites touches, sa consommation de carburants et donc ses émissions de CO2.
Montré du doigt pour ses émissions de gaz à effet de serre – qui représentent en réalité 3 % à 4 % des émissions totales à l’échelle mondiale – le secteur du transport aérien s’est fixé des objectifs ambitieux pour participer à la lutte contre le changement climatique. À La Réunion, Air Austral n’est pas en reste. En juin 2022, elle avait été la première entreprise à obtenir le label Efficience du cluster Green. À cette occasion, Magali Maingard, responsable RSE, avait rappelé l’ancienneté de la préoccupation de développement durable et de qualité de vie au travail au sein de la compagnie. Parmi les actions mises en œuvre, un plan de décarbonation vise à réduire la consommation de kérosène des avions. Même si les gains ne peuvent être que marginaux par rapport aux valeurs annoncées par Boeing et Airbus, ils s’additionnent selon le principe des petits ruisseaux qui font les grandes rivières.
« Une de nos réflexions a porté sur les réserves de soute, les quantités de kérosène supplémentaires pour faire face à une obligation de dégagement vers un autre aéroport que celui prévu, aux temps d’attente en l’air avant l’atterrissage et aux aléas météo, explique Olivier Jay, directeur général adjoint en charge des opérations et de la technique. Un monitoring précis permet de réduire ces réserves. » En transport aérien, les économies se cumulent puisqu’il faut brûler du carburant pour transporter ce dernier.
En faisant passer de 30 à 20 minutes l’estimation d’attente maximale avant un atterrissage, Air Austral économise ainsi 400 kilos de « kéro » sur un Réunion-Roissy, soit 470 000 litres à l’année.
D’autres leviers peuvent être activés. Le remplacement du petit moteur qui produit de l’énergie quand un avion est au parking par des groupes externes beaucoup moins énergivores fait par exemple économiser 240 kilos de carburant à l’heure. De même, une procédure évitant d’enclencher les « reverse », consistant à faire tourner les réacteurs à l’envers pour contribuer au ralentissement de l’avion à l’atterrissage, réduit la facture. D’autres sources d’économies ont été identifiées et activées. Un calcul plus précis de la quantité d’eau utilisée à bord sur un vol, notamment pour faire fonctionner les toilettes, a permis de réduire les emports. Résultat : 40 kilos de kérosène économisés pour 100 kilos d’eau laissés au sol.
« Il nous reste à mesurer précisément la totalité des économies réalisées, avoue Olivier Jay. C’est un exercice complexe et il appartient à chaque pilote, qui décide in fine de la quantité de carburant à emporter sur chaque vol, d’adhérer ou pas à la démarche. Ils sont heureusement de plus en plus nombreux à y adhérer. »