Fabrice Chinjoie, Monsieur innovation chez Antenne Réunion : « Émanciper l’homme à l’aide des technologies »
Cet ingénieur diplômé de l’École des Mines d’Alès a travaillé six mois en Norvège et six mois en Australie, mais l’essentiel de sa carrière est à La Réunion. En 2004, il a été recruté par Antenne Réunion, où il est responsable de l’innovation technologique et digitale.
Quand Fabrice Chinjoie est arrivé, les journalistes manipulaient encore des cassettes ! Son travail a consisté à créer un socle technique et accompagner la chaîne vers le cross-media, la convergence télé-web. Quand on lui pose la question du passage à la HD, il voit les choses avec ses yeux d’ingénieur. « Tout d’abord, c’est un investissement de plusieurs centaines de milliers d’euros, car il faut tout changer. Et puis, ce qui importe, c’est la qualité perçue par le téléspectateur et elle change selon qu’il regarde la TNT, le satellite ou la fibre. Et même selon sa box, le signal est plus ou moins bon. S’il faut envoyer un signal à Paris pour qu’il redescende vers La Réunion… je ne suis pas sûr. Notre objectif est d’échanger avec les opérateurs afin d’avoir une qualité perçue aussi bonne que TF1 dont nous diffusons certains programmes. » Par le passé, Antenne Réunion a développé des solutions techniques avec des chaînes métropolitaines (M6), et ces solutions ont ensuite été reprises par d’autres chaînes dans le monde, notamment en Asie. « Donc, techniquement, nous ne sommes pas en retard ! »
Trois grandes tendances
Il y a trois grandes tendances. La première, c’est celle qui est incarnée par Facebook, dont les algorithmes vous cernent et vous enferment. Par exemple, si vous consultez une page extrémiste, vous verrez moins de publications à l’opposé de vos idées. Chacun de vos clics est analysé, pour finalement vous proposer un contenu qui vous ressemble. Mais est-ce vraiment ce qui est souhaitable : ne voir que ce qui vous ressemble, un miroir ? À l’opposé, certaines communications ne sont pas du tout ciblées, comme par exemple ces publicités pour des piscines distribuées dans les boîtes aux lettres… des immeubles !Et puis, il y a la troisième voie, celle qu’explore Antenne Réunion.
« On réfléchit à comment personnaliser la télé, comment s’adapter aux centres d’intérêts des téléspectateurs, sans toutefois créer des individualismes. La télé doit rester un moment de partage culturel. Déjà, maintenant, si vous avez raté une émission et que tout le monde en parle, vous avez la possibilité de la voir en replay, que nous proposons de J à J+7. » Antenne Réunion, qui est la chaîne la plus regardée par les Réunionnais, ne fait donc pas uniquement de la HD sa priorité mais cherche aussi à développer de nouveaux services… Dont il est encore trop tôt pour parler.
Fabrice Chinjoie se passionne en ce moment pour les « enceintes connectées ». Cela n’a plus rien à voir avec une enceinte, en fait, c’est la version domestique, et plus élaborée, de la commande vocale de votre voiture, avec beaucoup beaucoup d’IA (intelligence artificielle). L’IA Google Duplex est par exemple capable d’appeler et prendre un rendez-vous chez le coiffeur à votre place, et c’est spectaculaire : https://www.youtube.com/watch?v=NO0-5MuJvew.
La « contribution à l’audiovisuel public », plus communément appelée « redevance TV », est de 89 euros dans les départements d’Outre-mer, contre 139 euros en France métropolitaine, une différence qui se justifie par une offre TNT moindre en quantité (10 chaînes contre 25) et en qualité (image en basse définition contre HD). Cette redevance sert à financer les entreprises et organismes audiovisuels publics, principalement France Télévisions (France 2, France 3, Outre-Mer 1ère…) et Radio France, mais aussi Arte France, France 24 et RFI, ainsi que l’Institut national de l’audiovisuel (INA). Antenne Réunion, Télé Kréol et Piment TV (ex-Kanal Austral) ne bénéficient pas d’un seul centime de cette redevance, ces chaînes réunionnaises 100 % privées sont financées exclusivement par la publicité.