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Maurice

Kee Chong Li Kwong Wing : « La SBM va faire croître ses revenus en Afrique »

Le président de la deuxième banque mauricienne, qui représente aussi la troisième capitalisation boursière avec 21,6 milliards de roupies (540 millions d’euros), affiche des ambitions en Afrique de l’Est tout en voulant profiter de la bonne croissance indienne.



L’Eco austral : Votre groupe a été une victime collatérale de l’affaire BAI et son action a perdu de sa valeur. Comment rassurer les acteurs du marché ?
Kee Chong Li Kwong Wing
: Le cours de l’action de la SBM Holdings Ltd (SBMH) avait chuté en raison des incertitudes concernant la reprise de la Bramer Bank, des crédits toxiques du groupe BAI et des dépassements de coûts du projet Flamingo qui vise à la migration informatique de notre groupe. Mais nous sommes maintenant entièrement provisionnés pour les prêts non performants de la BAI et les dépassements de Flamingo. Tout a été clairement exposé dans nos comptes. Et les fondamentaux de notre groupe restent solides. En 2015, le bénéfice d’exploitation a augmenté de 6,3%, excluant des éléments non récurrents en 2014. Nous avons connu, malgré des conditions économiques difficiles, une croissance de nos revenus à tous les niveaux (revenu net d’intérêts, frais nets, revenus de commissions et revenus sur le trading). Les actifs ont augmenté de 8,4% pour atteindre 136 milliards de roupies (3,4 milliards d’euros – Ndlr). Notre situation financière demeure solide avec un « capital adequacy ratio » (ratio d’adéquation du capital) de 28,26%, bien au-dessus des exigences réglementaires. Cela nous a permis de verser un dividende de 4 cents par action par rapport à l’exercice 2015, comparable aux années précédentes.

La rentabilité de la SBM va donc retrouver son niveau habituel ?
Effectivement puisque les « impairment charges » (charges de dépréciation) devraient retomber à des niveaux moins élevés. Mais nous sommes également en pleine mise en œuvre de notre nouvelle stratégie de cinq ans, développée de concert avec le cabinet de conseil McKinsey. Il s’agit de doubler les actifs de nos activités bancaires et de faire croître nos activités non bancaires de manière significative. D’ailleurs, vous aurez remarqué que nous avons lancé récemment de nouveaux produits comme le SBM Ecoloan, le Fonds SBM Maharaja focalisé sur le marché indien et le MOOV, premier service de POS mobile à Maurice (ce service permet aux commerçants qui n’ont pas de machine de point de vente d’utiliser leur smartphone ou leur tablette comme terminal de paiement – Ndlr). 
 

La SBM met actuellement en œuvre une nouvelle stratégie de cinq ans, développée de concert avec le cabinet de conseil McKinsey. Il s’agit de doubler les actifs des activités bancaires et de faire croître les activités non bancaires de manière significative.  DR
La SBM met actuellement en œuvre une nouvelle stratégie de cinq ans, développée de concert avec le cabinet de conseil McKinsey. Il s’agit de doubler les actifs des activités bancaires et de faire croître les activités non bancaires de manière significative.  DR
 

La SBM est cotée à la Bourse et y intervient aussi comme prestataire. Quels sont les services qu’elle propose ?
La SBMH a une filiale, la SBM Securities Ltd (SSL), qui propose aux clients d’accéder aux marchés boursiers locaux et internationaux. L’équipe de la SSL offre notamment du « trading » d’actions, des fonds négociés en bourse (Exchange Traded Funds – ETF), des obligations, les IPO (Initial Public Offering – introduction en Bourse) et des « Dual Currency Investments » (investissements bimonétaires)… Elle agit également en tant que courtier et agent pour les fonds mutuels. Nos clients ont ainsi accès aux marchés de Maurice, des États-Unis, du Canada, d’Europe, d’Australie, de Hong-Kong, de Singapour et de quelques pays africains. Pour ceux qui souhaitent boursicoter sur les marchés internationaux, la SSL exécute les demandes. Nos clients bénéficient d’une protection de leurs actifs auprès d’institutions dépositaires réputées internationalement, ce qui leur permet de se concentrer sur la sélection et la planification de leurs investissements.

Vous évoquez le Fonds Maharaja sur le marché indien. De quoi s’agit-il ?
L’économie indienne se trouve dans une phase de décollage économique. L’approche mise en avant par le gouvernement indien et la Reserve Bank of India (RBI) depuis 2013 vise à améliorer la compétitivité et la stabilité macroéconomiques du pays. Ce qui fait de l’Inde une juridiction propice aux investissements et le Groupe SBM n’a pas voulu rater une telle opportunité. C’est pourquoi, nous proposons le Maharaja Fund à nos clients. Il s’agit d’un fonds à compartiments multiples, avec notamment le SBM Maharaja Bond Fund, le SBM Maharaja Growth Fund et le SBM Maharaja Property Fund. Le SBM Maharaja Bond Fund est constitué à 100% de titres obligataires indiens. Il s’appuie sur un portefeuille géré de manière active, bénéficiant de l’expérience de notre groupe et de son conseiller indien Kotak Mahindra Asset Management Company Ltd. Pour sa part, le SBM Maharaja Growth Fund est un fonds diversifié qui investit dans des titres boursiers variés avec, pour objectif, une forte croissance. Quant au SBM Maharaja Property Fund, il investit principalement dans des compagnies opérant dans le secteur immobilier qui est en plein essor en Inde.

La SBM est présente à Madagascar, en Inde et depuis peu aux Seychelles. Il semblerait également que vous ayez des ambitions au Kenya. Peut-on en savoir plus ?
Aux Seychelles, le Groupe a récemment obtenu sa licence bancaire et une équipe travaille déjà sur son implémentation. Quant à l’Afrique, notre banque a déjà exprimé ses ambitions, d’autant plus que Maurice ambitionne elle-même de devenir une plateforme d’investissements sur ce continent. Un nombre grandissant de nos clients se tournent vers l’Afrique pour assurer l’expansion de leur business. Tout naturellement, il est normal que la SBM les suive pour leur proposer des services bancaires. De plus, l’Afrique – plus particulièrement l’Afrique de l’Est – représente un fort potentiel de croissance et la SBM se positionne pour saisir les opportunités qui s’y dégagent, prenant en considération surtout que le secteur bancaire est appelé à se consolider. Notre niveau robuste de capital nous met dans une position solide pour diversifier et faire croître nos revenus sur ce continent. Et nous étudions plusieurs possibilités de prise de participation dans des banques kenyanes. En clair, nous avons une stratégie bien ciblée sur l’Afrique de l’Est pour notre expansion future.

ITINÉRAIRE D’UN ENFANT DE CHINATOWN
Fils de commerçants de ce vieux quartier de Port-Louis, Kee Chong Li Kwong Wing, qu’on appelle plus familièrement KC Li, est diplômé de la célèbre London School of Economics. Il s’est impliqué dans le lancement de l’offshore mauricien. Il a d’ailleurs fondé la Mauritius International Trust Co. Ltd (MITCO), l’une des premières firmes proposant des services financiers à une clientèle privée et institutionnelle à l’international. Plus tard, Kee Chong deviendra même le président de l’Association of Trusts and Management Companies qui rassemble la majorité des compagnies œuvrant dans le secteur financier mauricien. Il a été président de la Stock Exchange Commission (l’ancêtre de la Financial Services Commission) et de la State Investment Corporation Management Ltd. Il a siégé sur les conseils d’administration de plusieurs organismes publics et para-publics et a été consultant pour la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique (CEA), l’Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (ONUDI) et la Finance and Investment Sector Coordinating Unit (FISCU) du Conseil des ministres des Finances de la SADC (Communauté de développement d’Afrique australe).