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Réunion

La transition énergétique est un enjeu national

Le projet de loi de programmation, présenté fin 2013, fixe à la France des objectifs ambitieux en matière d’économies d’énergies et de développement des énergies renouvelables. À La Réunion, il s’agit d’en faire la bonne déclinaison…

À l’échelle nationale, il est prévu de réduire de 50% la consommation d’énergie à l’horizon 2050. Cela passe par la diversification du mix électrique avec le développement des énergies renouvelables et la réduction de la part du nucléaire à 50% à l’horizon 2025. Le projet de loi, présenté au printemps 2014, devrait être voté avant la fin de l’année. Il prévoit des dispositifs de pilotage du mix énergétique ainsi que des dispositifs de gouvernance de la transition énergétique, avec un accent particulier sur le rôle des territoires. Ce texte, fruit du débat national mené avec l’ensemble des acteurs concernés, confirme la stratégie menée par EDF depuis plusieurs années afin de proposer à ses clients des solutions alternatives : la sensibilisation aux gestes éco-efficaces, le développement des énergies renouvelables et les offres éco-performantes.

UN CONTEXTE RÉUNIONNAIS BIEN SPÉCIFIQUE

La Réunion bénéficie d’un atout majeur lié à ses ressources naturelles (l’hydraulique, le soleil et le vent). Cependant, elle est également dépendante de contraintes relatives à son isolement. Le caractère aléatoire de l’énergie du vent et du soleil crée, sur des systèmes électriques isolés, des difficultés techniques plus contraignantes que pour les grands réseaux interconnectés.
Pour mémoire, les énergies renouvelables (ENR : photovoltaïque et éolien) sont prioritaires dans l’appel des moyens de production pour couvrir la consommation. Les autres moyens de production sont appelés ensuite. À part l’hydraulique et la bagasse qui sont stockables dans une certaine mesure, le niveau de production des autres énergies renouvelables ne dépendait jusqu’alors que de la ressource disponible à chaque instant. 
Afin d’assurer la sécurité de l’alimentation électrique des régions insulaires, un décret ministériel de 2008 avait donc fixé à 30% de la puissance appelée le seuil maximal d’énergies intermittentes pouvant être accueillies sur leurs réseaux. Une situation qui pourrait évoluer avec notamment les nouvelles solutions techniques pour le stockage de l’énergie solaire. Des solutions qui s’avèrent encore onéreuses, mais permettent de penser sérieusement à une autonomie énergétique à l’horizon 2030. Une autonomie d’autant plus intéressante pour l’État que l’électricité est vendue moins chère à La Réunion qu’elle ne coûte à produire. 
Le seuil maximal de 30% d’énergies intermittentes accueillies sur les réseaux pourrait ainsi être relevé grâce à de nouveaux modèles de prévision des productions éolienne et photovoltaïque, développés par EDF avec d’autres industriels, universitaires et experts du Pôle de compétitivité Cap Énergies. EDF mise aussi sur de nouvelles technologies de stockage d’énergie, comme la batterie sodium-soufre de forte capacité (1 MW) mise en service fin 2009 ou la STEP Marine (station de transfert d’énergie par pompage). Mais selon l’analyse d’EDF, la production thermique reste incontournable à La Réunion : « En attendant que les nouvelles filières technologiques arrivent à maturité et permettent d’atteindre une performance industrielle fiable pour les nouvelles énergies renouvelables, EDF se doit de garantir la sécurité de l’alimentation électrique de l’île. » C’est pourquoi la modernisation du parc thermique avec la mise en œuvre de la nouvelle centrale du Port Est (500 millions d’euros d’investissements) permet de répondre aux besoins actés dans la Programmation pluriannuelle des investissements (PPI) arrêtée par le gouvernement.

LA RÉUNION EN AVANCE SUR LES OBJECTIFS FIXÉS PAR LA FRANCE

L’efficacité énergétique répond à une double préoccupation des zones non interconnectées (ZNI) : l’allégement de la facture énergétique et la préservation de l’environnement. Les offres d’EDF en faveur des chauffe-eau solaires, de l’éclairage basse consommation et des travaux d’isolation permettent aux Réunionnais de réaliser des économies, tout en émettant moins de CO2. Le développement des énergies renouvelables passe par la conciliation de la montée des énergies de demain et de la sécurité de l’alimentation en électricité d’aujourd’hui. Avec 37,7% de la production d’électricité réunionnaise issue des énergies renouvelables (hydraulique, bagasse, photovoltaïque, éolien et biogaz), La Réunion est en avance sur les objectifs fixés par la France (dans le cadre du Grenelle de l’Environnement) et par l’Union européenne (à travers la mise en œuvre d’une directive européenne) qui visent 23% d’énergies renouvelables dans la consommation totale d’énergie finale en 2020. L’enjeu désormais est le développement des énergies renouvelables à puissance garantie : une électricité stable et abondante. « EDF souhaite anticiper et accompagner au mieux les prochaines évolutions environnementales et énergétiques de La Réunion », peut-on lire dans le dernier rapport d’activité de l’opérateur. C’est pourquoi l’entreprise s’est engagée avec conviction dans la nouvelle gouvernance de l’Énergie qui réunit, dans un comité stratégique, la Conseil régional, le Conseil général, l’État, l’Ademe, EDF et le Sidelec. » Cette nouvelle entité s’est fixé des objectifs ambitieux :

  •  Une part de 50% d’énergies renouvelables dans la production électrique de l’île dès 2020 ;

  •  L’autonomie électrique de La Réunion en 2030 ;

  •  Le déploiement de la coopération internationale et le développement économique au service de La Réunion ;

  •  Une lutte accrue contre la précarité énergétique ;

  • Le renforcement de la lutte contre les changements climatiques.

LE CHARBON ASSURE LA PRODUCTION DE BASE TOUTE L’ANNÉE

EDF mène des actions régulières, en partenariat avec la Région et l’Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’énergie (Ademe) pour aider La Réunion à maîtriser sa demande en énergie. Avec des résultats tangibles puisque la croissance annuelle de la consommation est passée de 10% dans les années 80 à 0,31% en 2013.
Le charbon assure la production de base toute l’année. Le parc charbon de La Réunion est exploité au maximum de sa capacité. Il a permis d’atteindre, en 2013, une production de 1 346 302 MWh. La production reste normalement constante d’année en année. La centrale diesel de Port-Ouest a peu à peu cessé son activité, pour s’arrêter définitivement en avril 2013. La nouvelle centrale thermique de Port Est, inaugurée le 11 octobre 2013, est dotée de 12 moteurs d’une puissance totale de 210 MW. Equipée de technologies innovantes et particulièrement performantes du point de vue industriel et environnemental, elle dispose notamment de moteurs diesel de nouvelle génération qui économisent 15% de la consommation de combustible et dotés de dispositifs catalytiques qui dépolluent à 85% les gaz d'échappement. Le meilleur rendement de cette nouvelle centrale thermique, désormais totalement mise en service, a permis une moindre sollicitation des turbines à combustion en 2013.

LE DÉVELOPPEMENT DES ÉNERGIES RENOUVELABLES

Parmi les énergies renouvelables, on distingue les énergies renouvelables garanties que sont l’hydraulique, la bagasse, le biogaz, l’énergie de la mer et de la houle, stockables dans une certaine mesure, des énergies renouvelables intermittentes dont le niveau de production ne dépend que de la ressource disponible à chaque instant (le photovoltaïque et l’éolien).
L'énergie hydraulique permet de fabriquer de l'électricité, appelée hydroélectricité, dans les centrales hydroélectriques, grâce à la force des chutes d'eau d'origine naturelle ou créées artificiellement à partir des retenues de barrage. L'énergie hydraulique dépend du cycle de l'eau. Elle est la plus importante source d'énergie renouvelable garantie de La Réunion. Le parc hydraulique de La Réunion fait partie des plus importants et des plus développés de France. La Réunion comporte des ouvrages majeurs de grande hydraulique : Rivière de l’Est et Takamaka. Leur fonctionnement est contraint par la taille des réserves en eau équivalentes à quelques heures de turbinage à pleine puissance. L’énergie est donc répartie au mieux sur la journée en alternant les phases de stockage et de déstockage. Les autres ouvrages fonctionnent au fil de l’eau.
La puissance moyenne de l’énergie hydraulique réunionnaise est de l’ordre de 60 MW. La puissance maximale atteignable est de l’ordre de 130 MW. Malgré une pluviométrie restée en dessous des normales, 2012 avait vu fortement évoluer la production hydroélectrique de La Réunion, suite à la sécheresse très marquée de 2011. La production avait atteint des niveaux proches de ceux d’une année « type ». 
En 2013, la production est très supérieure à l’année précédente et atteint 487 171 MWh. Si la centrale de Langevin, dans le sud, a peu produit, les capacités de stockage sur Rivière de l’Est (RDE) et Takamaka ont permis une optimisation quotidienne du placement de l’eau en pointe et en secours. 
Seconde source d’énergie renouvelable de La Réunion, la bagasse est produite par les centrales du Gol et de Bois Rouge, exploitées par le groupe Albioma (ex-Séchilienne Sidec). La production bagasse se substitue en partie à la production charbon pendant la campagne sucrière. En 2013, la campagne sucrière a connu quelques difficultés suite au passage des cyclones Dumile et Felleng. La production à partir de bagasse a été inférieure à la prévision. Elle a atteint 251 448 MWh.

UNE HAUSSE DE 18% DE LA PRODUCTION PHOTOVOLTAÏQUE

Les installations photovoltaïques permettent de produire de l’électricité grâce à la lumière du soleil. Elles fonctionnent en trois étapes :

  1.       Le captage des rayons grâce aux panneaux solaires installés en rangées et reliés entre eux ;
  2.       La production d’électricité : le silicium, un matériau conducteur contenu dans chaque cellule, libère des électrons pour créer un courant électrique continu ;
  3.       La transformation du courant continu en courant alternatif afin qu’il soit plus facilement transporté dans les lignes à moyenne tension du réseau.

En 2013, la production photovoltaïque a poursuivi son développement pour atteindre 224 236 MWh et ainsi enregistrer une hausse de 18% par rapport à 2012. Le taux de pénétration des énergies intermittentes a atteint à 60 reprises le seuil des 30% et des déconnexions de producteurs ont dû être réalisées, conformément au décret du 23 avril 2008, dont une fois lors d’un jour ouvrable. La croissance de la production photovoltaïque est également liée à la mise en service de 8 MW de puissance photovoltaïque supplémentaire en 2013.

BAISSE DE L’ÉOLIEN MAIS FORTE PROGRESSION DU BIOGAZ

Suite aux cyclones Dumile et Felleng, les éoliennes ont dû rester couchées pendant une période importante. La puissance éolienne a ainsi régressé en 2013. La production a baissé de 66%. En ce qui concerne le biogaz, la puissance installée a été presque doublée depuis la mise en service de la centrale de Bel Air à Ste Suzanne de 1.9MW (4MW au total). 
En 2012, EDF a porté sa réflexion sur le lancement de grands projets qui induiront un changement de mode de consommation à l’échelle d’une ville, de zones industrielles ou de « grands clients » de façon à faire baisser notablement les kWh consommés à La Réunion et de s’inscrire dans la démarche essentielle de l’efficacité énergétique. Le SWAC ou principe de la thalasso-thermie consiste à pomper de l’eau de mer fraîche des profondeurs avant de la passer dans un échangeur thermique où elle refroidit un circuit d’eau douce en boucle fermée. Il est ainsi possible de substituer l’énergie électrique généralement utilisée pour produire de l’eau froide par une source totalement naturelle et renouvelable qu’est l’eau de mer. L’énergie nécessaire au pompage reste marginale par rapport aux gains de substitution du procédé. Lorsqu’il faut 100 kW pour climatiser un espace par production électrique d’eau froide, il n’en faut que 5-10 kW par le principe de la thalassothermie, technologie qui a l’avantage d’utiliser une source d’énergie renouvelable non intermittente. Deux projets sont à l’étude :
– Un projet de SWAC à l’hôpital de Saint-Pierre (8 GWh, 2 à 3 MW d’effacement de pointe). De par sa localisation et le profil de sa consommation de froid, le CHU Sud Réunion s’avère être un site favorable à la réussite d’un tel projet. Il permettrait d’éviter l’équivalent de la moitié de la consommation de Cilaos ;
– Un projet de SWAC à Saint Denis (porté par GDF-Suez) qui représente un investissement de quelque 150 millions d’euros.

LE PROJET MILLENER ET SES RÉSEAUX INTELLIGENTS

Le projet Millener vise une meilleure gestion de l’équilibre électrique grâce aux réseaux électriques intelligents (« smart grids » en anglais). Pour y parvenir, deux dispositifs au choix sont proposés aux clients volontaires : une passerelle énergétique et des panneaux photovoltaïques associés à une batterie de stockage à domicile. La passerelle énergétique est un dispositif permettant le pilotage de certaines consommations (climatisation, pompe à chaleur de piscines, etc.) en fonction des besoins pour satisfaire l’équilibre offre/demande de La Réunion. Elle permet également à la clientèle concernée de consulter sa courbe de consommation globale ou spécifique (une consommation en particulier) sur Internet. Le dispositif Millener de stockage permet de lisser la courbe de la production photovoltaïque, de faire du report de charge ou de faire du pilotage de fréquence en fonction des besoins.
Le projet Millener, cofinancé par le Conseil régional, l’État et EDF à travers les investissements d’avenir, permet d’expérimenter le pilotage de la charge et de batteries décentralisées couplées à du photovoltaïque chez les clients avec 400 passerelles énergétiques et 125 installations de stockage qui sont en cours de déploiement au Tampon et à Saint Pierre. Les 400 Réunionnais, nécessaires à la mise en place du programme, se sont déjà portés volontaires pour participer au projet.

LE PROJET PEGASE MISE SUR LES PRÉVISIONS MÉTÉO

EDF investit dans le projet PEGASE en soutenant un laboratoire de recherche local dans la mise au point d’un modèle de calcul visant à améliorer les prévisions météorologiques, afin de mieux prévoir l’utilisation des ENR intermittentes (éolien et photovoltaïque).
Le réseau électrique réunionnais est constitué de quatre zones électriques différenciées : Le Nord, l’Est, l’Ouest et le Sud. Elles sont séparées par trois barrières naturelles : le massif de la Grande Chaloupe entre le Nord et l’Ouest, le lagon et le cirque de Cilaos entre l’Ouest et le Sud et, enfin, le col de Bellevue entre le Sud et le Nord. L’accroissement important de la consommation énergétique dans le sud de La Réunion et la nécessaire amélioration de la desserte dans l’Ouest rendent indispensable le renforcement du réseau électrique entre l’Ouest et le Sud, de manière à sécuriser l’alimentation du Sud et à accompagner son développement démographique.
C’est l’objet du projet de Ligne Electrique de l’Ouest (LEO) qui vise à renforcer durablement l’interconnexion d’ici fin 2015/début 2016. Le chantier de LEO commencera en 2014 et reliera l’Ouest au Sud. L’investissement de 50 millions d’euros permettra ainsi de couvrir toute la zone ouest et de satisfaire les besoins en électricité du Sud.
 

LES ÉVÉNEMENTS MARQUANTS POUR EDF EN 2013
– Une croissance de la consommation historiquement faible : avec 0,31% de croissance, (+ 2,3 GWh), l’augmentation est la plus faible observée depuis 2000 ;
– Une production photovoltaïque (PV) qui continue de croître par rapport à 2012 et un taux de pénétration de 30% qui a été atteint à plusieurs reprises ;
– Une production hydroélectrique en augmentation de 69 GW par rapport à l’année précédente, malgré la sécheresse qui a particulièrement touché l’ouest et le sud de l’île, en raison d’une bonne hydraulicité dans l’est de La Réunion ;
– L’arrêt de la centrale de Port-Ouest en avril 2013 et l’inauguration de la centrale de Port-Est en octobre 2013.
 

 

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LES TURBINES À COMBUSTION POUR LES POINTES

La turbine à combustion (TAC) permet de mobiliser des capacités de production d'électricité pour répondre aux pics de demande. La production TAC assure ainsi la production de pointe et de secours. Moins sollicitées en 2013 en raison de la montée en puissance de la Centrale thermique de Port-Est, les turbines à combustion réunionnaises ont produit 19 328 MWh, soit quatre fois moins que l’année précédente.