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Les nouveaux enjeux du « Big Data »

Chaque jour, nous générons en moyenne 2,5 trillions d’octets de données et, selon IBM, 90% des données dans le monde auraient été créées au cours des deux dernières années. L’enjeu consiste désormais à exploiter ces informations…

Dans ce contexte, la plupart des organisations, qu’elles soient digitales ou plus traditionnelles, cherchent désormais le moyen d’exploiter la quantité d’informations multi-sources et très variées dont elles disposent. Leur objectif ? Faire évoluer leur modèle de croissance et, par ce biais, bouleverser le rapport à l’entreprise.  

La démocratisation des outils de traitement de données 

Réseaux sociaux, capteurs, smartphones, voitures communicantes et RFID (radio-identification, de l'anglais radio frequency identification, ndlr.) participent aujourd’hui largement à la « datafication » de l’économie, en produisant en temps réel un très large volume d’informations peu ou non structurées, c’est-à-dire quasiment inexploitables (fichiers sonores, vidéos, images…). Jusqu’ici, les outils de traitement de données étaient réservés aux seuls acteurs du digital, de Google à Amazon en passant par Linkedin ou Facebook. Mais, signe que le marché se démocratise, le coût des solutions de gestion de l’information a largement baissé. Nombre d’entreprises peuvent aujourd’hui bénéficier d’outils dédiés, voire de solutions de Business Intelligence adaptées aux contraintes du « Big Data » comme Redshift d’Amazon et BigQuery de Google par exemple. Une nouvelle catégorie de produits « front-end » a même vu le jour, permettant la visualisation de rapports par les utilisateurs finaux, sans avoir nécessairement besoin de passer par les services informatiques. La mise en valeur des données se situe donc aujourd’hui à un autre niveau, celui des projets, de l’analyse réalisée sur la base des informations collectées.

L'impulsion de l'open data 

Certains experts estiment que les pépites du marché de la donnée se trouvent « offline », au sein des organisations les plus traditionnelles, privées comme publiques. C’est d’ailleurs le pari lancé par l’Open Data aux Etats-Unis il y a quelques années en autorisant les citoyens et les entreprises à accéder à certaines données gouvernementales. Aujourd’hui, l’Open Data favorise les initiatives Big Data en permettant de croiser des informations multi-sources. Le site américain FlightOnTime.Us, par exemple, a imaginé de mettre en perspective les données de retards des vols dont disposait le ministère des transports avec certaines informations récentes des compagnies aériennes et des aéroports. Ce projet a permis de découvrir notamment qu’« entre Boston et New York, les nuages entraînaient des retards deux fois plus longs que la neige ». Un comble lorsqu'on sait que la plupart des voyageurs dans le monde pensent le contraire ! Ce projet expérimental peut paraître anecdotique, mais il montre à quel point la démarche Big Data peut enrichir l’offre actuelle des entreprises.

Des métiers sous influence

Dans un monde où tout va beaucoup plus vite, la gestion des données répond à une dynamique d’anticipation accrue : la perspective d’« avoir un coup d’avance » et de pouvoir renverser les équilibres concurrentiels se situe au cœur des préoccupations. L’influence de la technologie sur l’évolution des business model est donc incontestable. On peut citer l’exemple d’EDF, fournisseur d’énergie en pleine mutation, dont la stratégie actuelle semble davantage tournée vers l’amélioration de la gestion énergétique. En prévoyant de déployer 35 millions de compteurs intelligents pour son projet Smart Grid, EDF se transforme et devient un acteur majeur du Big Data. Cette stratégie a pour objectif principal d’anticiper d’éventuels problèmes de rupture d’approvisionnement et de piloter plus finement la consommation énergétique globale. 
Dans le cadre de ce projet, le groupe a évalué plusieurs solutions Big Data permettant le traitement des données en temps réel. Les compteurs Linky enverront de l’information toutes les 10 minutes, pour une quantité annuelle de données brutes d’environ 120To. Un challenge colossal pour l’entreprise, comme pour les pouvoirs publics, dont le rôle est de garantir, au-delà du service, le développement d’une politique énergique en phase avec les enjeux environnementaux actuels.
 

Au delà du business une démarche d'innovation  

En réalité, les véritables projets Big Data ne répondent à aucune question précise. Il s’agit d’étudier les données afin de repérer des « patterns » ou motifs qui se répètent, des tendances. Le docteur Carolyn McGregor de l’université d’Ontario et IBM ont ainsi élaboré un programme de surveillance des prématurés. Le système a permis la détection d’une infection 24 heures avant sa survenue. Les analyses ont montré qu’une longue stabilité des signes vitaux précédait très souvent une infection sérieuse, permettant de prévenir les cas d’urgence vitale chez ces patients extrêmement fragiles. 
Cette expérience montre que le Big Data est avant tout une démarche d’innovation qui peut aussi bien déboucher sur des applications business que sur des découvertes cruciales en matière de santé, par exemple. Ce qui n’est pas incompatible avec le monde de l’entreprise, bien au contraire. Si, comme beaucoup d’experts l’affirment, Google avait pu prédire l’expansion de la grippe H1N1, notre relation au service en ligne aurait été bouleversée.

Et c’est bien là que se situe tout l’enjeu du Big Data pour les entreprises : être capable d’innover au-delà de leur métier pour renouveler l’expérience client et créer un lien unique avec le consommateur.

 

Yann Dijoux

Ce Réunionnais originaire de Saint-Denis, âgé de 34 ans, est installé depuis août 2013 à Paris où il est responsable des partenariats innovation et consultant BI (Business Intelligence) et CRM (gestion de la relation client) au sein de la société VO2 Group, société de conseil en système d’information et organisation. Yann Dijoux est titulaire d’une maîtrise en sciences de gestion (MSG) de l’IAE de La Réunion et d’un DESS en ingénierie de la relation client (Datamining et CRM) de l’ISEM (Institut supérieur de l’entreprise de Montpellier).