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L’heure est à la crise financière et au krach boursier

Nous sommes peut-être à un tournant historique de l’économie mondiale avec une récession et un krach boursier dont le coronavirus COVID-19 n’aura été que le détonateur. Pourquoi un tournant historique ? Parce que cette fois, la baisse des taux et la planche à billets ne suffiront peut-être pas à sauver les meubles. Ce serait alors la fin d’un système économique mondial qui repose sur la financiarisation de l’économie, c’est-à-dire sur du virtuel. Les crises ont toujours des effets positifs. L’un de ceux-ci pourrait être le passage de cette économie virtuelle à une économie plus réelle. Après le grand ménage, bien sûr.  
Beaucoup d’experts, pas forcément ceux qu’on invite sur les plateaux des télévisions à forte audience, s’attendaient à une nouvelle crise financière. Mais personne n’avait pensé qu’elle serait déclenchée par une pandémie qui affole les populations tout en arrangeant quelque peu les gouvernements en reléguant au second plan certains dossiers difficiles à gérer comme celui de la réforme des retraites en France. On passera sur les atermoiements du gouvernement français qui est finalement passé à des mesures extrêmes (le confinement) après avoir autorisé, paradoxalement, la tenue du premier tour des élections municipales. 

La vieille Europe à genou

Rappelons au passage que le COVID-19 (à moins de muter) n’est pas une maladie directement mortelle et que ses victimes sont des personnes atteintes d’une autre affection ou affaiblies par le grand âge. Au début du mois de mars, les statistiques révélaient qu’aucun décès n’était à déplorer parmi les enfants de moins de 10 ans. Jusqu’à 40 ans, le taux de mortalité tournait autour de 0,2 %, il passait à 1,3 % chez les 50-59 ans, 3,6 % chez les 60-69 ans, 8 % chez les 70-79 ans et 14,8 % chez les personnes âgées de plus de 80 ans (1). Ce qui évidemment oblige à prendre des mesures pour éviter la contagion et protéger les populations à risque. Mais au début de la pandémie, la grande presse a affolé tout le monde avant de se montrer plus pédagogue. 
Au passage, on notera que chaque pays a réagi à sa façon, dans la désunion la plus totale. On a pu constater que la Chine avait pu endiguer rapidement l’épidémie sur son terrioire et elle se permet même à l’heure actuelle d’envoyer des médecins en Italie pour aider ce pays. La vieille Europe est en effet la plus touchée, rien d’étonnant pour des pays à la population vieillissante et dont les frontières n’existaient quasiment plus. L’Union européenne a d’ailleurs redécouvert subitement la vertu de ces frontières. Ses dirigeants sont désormais paniqués à l’idée que la crise révèle l’insuffisance de leur système de santé, un manque de lits et d’équipements… 
Il est d’ailleurs étonnant de constater que la Corée du Sud, touchée autant que l’Italie, ne comptait début mars « que » 72 décès contre 1 441 en Italie. Il faut dire que ce dragon asiatique a organisé très vite des tests à grande échelle et a tracé chaque cas. Le système de santé coréen, l’un des plus privatisés au monde, se révèle très efficient. La Corée du Sud dispose de 10 lits d’hôpital pour 1 000 habitants alors que l’Italie, avec son système de santé très étatisé, se situe à 3,4 lits. Et pourtant, la part de la santé dans le PIB est fort comparable entre les deux pays : 7,3 % en Corée du Sud, 8,9 % en Italie (2). 

Disparition de l’euro : une hypothèse plausible

Mais revenons-en à la « vraie » crise, la financière. Elle sera bien sûr déclenchée par la récession économique mondiale déclenchée par la pandémie. La récession devrait tuer plus d’entreprises que le COVID-19 ne va tuer de personnes et les banques se trouvent aux premières loges puisqu’elles vont se retrouver avec des ardoises. Celles qui ont des fonds propres conséquents pourront sans doute faire face (c’est le cas par exemple de la MCB à Maurice et de la Cepac à La Réunion), mais d’autres vont rester sur le tapis. Sans parler des compagnies aériennes, dont beaucoup étaient déjà mal en point. L’heure du krach sera aussi l’heure du crash.  
La disparition de l’euro dans cette tourmente est une hypothèse plausible, comme l’expliquent plusieurs analystes dignes de confiance mais ignorés par la grande presse. Celle-ci s'est focalisée sur le doigt (le COVID-19) qui montrait la lune sans regarder la lune (la crise financière).  En tous cas, pas assez vite. Au-delà, on ne peut que constater le glissement du pouvoir économique de l’Occident vers l’Orient. 

(1) Le site internet https://www.worldometers. info/coronavirus/ permet de suivre le nombre de nouveaux cas et de nouveaux décès dans le monde.  (2) Source : Charles Boyer, ancien président de l'association liberaux.org et membre de l'équipe Contrepoints.