Eco Austral – Actualités économiques et entreprises de l'Océan Indien

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Maurice

À quoi rêvent les jeunes diplômés ?

On parle beaucoup de fuite des cerveaux et de rétention de jeunes talents. Mais quelles sont les aspirations de nos jeunes diplômés ? Rencontre avec quelques étudiants qui vont bientôt rejoindre le marché du travail.

Modaykhan Razeen, 20 ans, étudiant en informatique : « Beaucoup de jeunes vont au Canada parce que la vie et les salaires y sont meilleurs. Là-bas, on peut démarrer à 200 000 roupies (4 000 euros – NDLR), ici on gagne dix fois moins. J’y pense de plus en plus… Avec 40 000 roupies, c’est impossible de vivre bien ici. Dans l’immobilier, par exemple, les prix sont inflationnistes ! Beaucoup d’entre nous (les étudiants – NDLR) venons à Middlesex University parce que cela peut nous ouvrir des portes pour travailler à l’international. Je pense que nous aimons tous l’île Maurice, mais nous voulons partir pour découvrir, puis revenir… pour les vacances. »

Anaïs, 19 ans, étudiante en droit international : « Je voudrais travailler dans la diplomatie, mais ici, ce n’est pas possible, je vais donc partir en France. À Maurice, le système bureaucratique est mauvais. Il y a des passe-droits, c’est intolérable ! De plus, de façon générale, les salaires ne sont pas intéressants, les rémunérations sont très inégales avec d’un côté de grosses fortunes et de l’autre des salaires très bas. Il y a vraiment un fossé entre les riches et les pauvres, ceux qui bénéficient de contrats, par exemple, et les autres. Ici, on ne nous reconnaît pas en tant qu’individus. »

Aurélie, 21 ans, étudiante en droit : « Je cherche déjà un emploi, mais il n’y a pas assez d’opportunités. J’ai fait des recherches et j’ai trouvé que les conditions étaient difficiles (dans le juridique – NDLR). Dans beaucoup de pays, les ‘juniors’ sont rémunérés correctement, alors qu’ici, ce n’est pas le cas. Personne n’est prêt à payer, mais les temps ont changé…

De plus, nos parents ont investi sur nous, pour nos études. Il faut qu’il y ait un retour sur cet investissement. »

Imaan, 19 ans, étudiante en informatique : « La vie est très dure, mais je dois rester. Je partirai plus tard pour acquérir de l’expérience. »

Ameer Sheikh Amodine, 20 ans, fraîchement diplômé en IT cybersécurité : « Je vais acquérir de l’expérience ici, mais j’aimerais avoir un bon emploi à l’étranger. » Photo : Davidsen Arnachellum

Ameer Sheikh Amodine, 20 ans, fraîchement diplômé en IT cybersécurité : « J’ai toujours voulu faire de l’informatique, mais je voulais choisir un domaine spécifique, développer des aptitudes particulières. J’ai fait des recherches sur LinkedIn pour identifier les secteurs en demande de spécialistes et je me suis donc orienté vers la cybersécurité. Je vais acquérir de l’expérience ici, mais j’aimerais avoir un bon emploi à l’étranger. Pour avoir une vie meilleure, je pense qu’il faut aller à l’étranger, même si on peut avoir un bon job ici, sous réserve de savoir bien négocier les conditions. Certains de mes amis (diplômés – NDLR) ont choisi une spécialisation dans le domaine légal (forensic) parce qu’on voyage beaucoup et que les conditions de rémunération sont intéressantes. Ici, c’est vrai que les conditions générales ne sont pas terribles : les salaires sont bas, il est difficile d’avoir un emprunt, le niveau de vie n’est pas élevé… Pour attirer les jeunes diplômés, je pense que les entreprises pourraient adopter, par exemple, le principe de participation à l’actionnariat comme cela se fait beaucoup dans certains pays ou encore d’introduire des bonus sur la performance. »

Kritika, 19 ans, étudiante en gestion : « Je veux fonder mon entreprise, mais si une entreprise me fait une offre d’emploi, pourquoi pas ? Je privilégierai celle qui a une politique axée sur la protection de l’environnement, dont les méthodes sont modernes et où il y a une ambiance conviviale. Bref, je veux acquérir de l’expérience et m’en inspirer pour créer mon entreprise. »

Adrien, 27 ans, étudiant en communication (et qui a repris ses études après plusieurs expériences professionnelles) : « Dans le monde de la communication, on est mal traité, mal payé et il y a de mauvaises conditions (de travail – NDLR). J’ai donc quitté le monde du travail pour me reconvertir et pas forcément pour me tourner vers une entreprise. Aller à l’étranger, cela ne me tente pas forcément car j’aime mon pays. Il est trop facile de se dire que l’herbe est plus verte ailleurs. Lorsque je vois mes camarades étudiants étrangers, ils adorent venir à Maurice, c’est bien pour une raison. Malheureusement, ici, il n’y a pas beaucoup d’opportunités. Beaucoup d’entreprises sont familiales ou alors il faut avoir un backing (du piston – NDLR), trait caractéristique du monde des entreprises à Maurice. Mais pourquoi ne pas essayer de changer tout ça ? C’est pour cela que je veux développer de nouvelles aptitudes et faire de la politique. »

Alicia, 19 ans, étudiante malgache en communication : « Je voulais faire de la communication pour m’améliorer sur le plan personnel. Ensuite, je pourrai me reconvertir et m’orienter peut-être vers le Web design. En tant qu’étudiante étrangère, je me plais bien ici. À Madagascar, on nous dit qu’il n’y a pas d’avenir pour les jeunes, que ce sont des secteurs comme l’agriculture qui sont les plus développés. Mais cela n’attire pas les jeunes Malgaches. À Madagascar, les gens sont mal payés, il est difficile de gagner sa vie. Maurice, c’est super développé, en comparaison. Alors pourquoi ne pas y faire carrière ? »

Yamal Matabudul, directeur de Polytechnics Mauritius. Photo : Davidsen Arnachellum

Secteur éducatif : 5,1 % du PIB : Maurice abrite plusieurs établissements d’enseignement supérieur publics et privés de qualité ainsi que des institutions spécialisées proposant des programmes d’études internationalement reconnus et diversifiés. Ces programmes mettent l’accent sur les compétences, l’apprentissage pratique et l’utilisation de la technologie, adaptés aux besoins des entreprises locales.
La contribution du secteur de l’éducation au PIB est estimée à 5,1 % et le secteur employait au total 29 500 personnes en 2021.
Les institutions locales, telles que l’Université de Maurice, l’Université de Technologie de Maurice, l’Université des Mascareignes, l’Open University of Mauritius, Polytechnics Mauritius Ltd, sont déjà bien établies. Des institutions internationales prestigieuses, telles que Curtin University, Middlesex University, Vatel, ENSA Nantes, African Leadership University, Amity University et Arizona University, sont venues renforcer le secteur de l’enseignement supérieur.
De nombreux établissements d’enseignement supérieur de Maurice ont également développé des partenariats avec des institutions renommées dans le monde entier, telles que l’Université Paris II Panthéon-Assas, Supinfo International University, La Trobe University, UCLAN, University of Northampton, HTMi Switzerland, MANCOSA, entre autres.
Depuis 2011, le nombre d’étudiants étrangers à Maurice a constamment augmenté, passant de 600 en 2011 à 2 900 en 2017. En 2022, les établissements d’enseignement supérieur et professionnels ont accueilli plus de 4 000 étudiants étrangers. Ces étudiants étrangers viennent principalement d’Inde, du Nigéria, de Madagascar, du Kenya, du Zimbabwe, d’Afrique du Sud, du Rwanda, de Tanzanie et de France.