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Réunion

Aménagement de la Zone arrière portuaire : bientôt la fin des tergiversations ?

Le dossier avait enfin avancé en 2021, mais deux ans plus tard, aucune décision n’a encore été prise au sujet de l’aménagement de la Zone arrière portuaire (ZAP). C’est pourtant un enjeu logistique majeur.

« Pour la première fois depuis la fin des années 1980, l’aménagement de cette zone éminemment stratégique va devenir une réalité », se félicitait la Région en mars 2022 après la tenue d’un nouveau comité stratégique relatif à l’aménagement de la Zone arrière portuaire (ZAP) et le lancement d’une étude pilotée par le Territoire de la côte ouest. Un an plus tôt, en avril 2021, le Conseil départemental, propriétaire de cette zone qui couvre près de 80 hectares à l’arrière du Port Est, avait signé une convention-cadre avec le Grand Port Maritime dans le but de débloquer 15 hectares à l’usage de ce dernier.

Depuis, le dossier n’a pas vraiment avancé. Le Département invoque le retard pris par les carriers dans la clôture de leur exploitation et la mise à disposition des lieux et a proposé au Grand port maritime un phasage permettant une prise de possession progressive du site. « Les notaires travaillent sur le premier bail pour une zone d’environ 6,5 hectares, dont la remise en état par Teralta est achevée, mais plusieurs obstacles règlementaires indépendants de notre volonté subsistent », précise Cyrille Melchior, président de la collectivité.

Eric Legrigeois, président du directoire du Grand port, regrette pour sa part ces atermoiements : « Le projet de bail qui nous est parvenu ne correspond pas du tout à nos besoins, il comporte des clauses inacceptables. Nous l’avons dit au Département, les discussions doivent reprendre. »

Cyrille Melchior, président du Conseil départemental : « Il convient de respecter le principe de collégialité défini en matière d’aménagement et de gestion opérationnelle de la ZAP. » Photo : Guillaume Foulon

En parallèle, une parcelle voisine de 1,7 hectare est toujours en attente d’attribution. « Nous avions proposé de l’acheter, explique Eric Legrigeois, le Département n’a pas voulu. Nous l’avons louée jusqu’en juin dernier et utilisée comme stockage de conteneurs vides. » Plutôt que vendre ce terrain au Grand port, la collectivité a relancé un appel à projets. « On va rentrer dans une phase de présentation devant l’instance collégiale technique rassemblant tous les partenaires de la zone, afin qu’ils puissent émettre un avis sur les projets proposés, poursuit Cyrille Melchior. Il convient de respecter le principe de collégialité défini en matière d’aménagement et de gestion opérationnelle de la ZAP. »

L’Adir (association des industriels) fait partie des opérateurs qui ont déposé un dossier. « Nous estimons que cette parcelle doit revenir aux industriels, insiste son président, Michel Dijoux. C’est un petit terrain pour les autres, mais un grand terrain pour nous. Notre projet consiste à y implanter des entrepôts logistiques de dernière génération, qui pourraient également être utilisés par des agriculteurs, en période de surproduction pour y stocker certains produits de longue conservation, comme les oignons ou les pommes de terre. »

L’Adir admet qu’une partie de la Zone arrière portuaire a vocation à revenir au Grand port maritime pour l’extension de ses installations. « Mais le secteur industriel revendique au moins la moitié de ces surfaces pour y développer une plateforme logistique mutualisée et de nouvelles activités de production, poursuit Michel Dijoux. L’industrie crée de la richesse et de l’emploi, ouvre La Réunion à l’international, je ne comprends pas pourquoi on hésite encore à regarder l’industrie comme le moteur essentiel de notre économie. Dans tous les ports français, l’industrie a une réelle aura et n’a aucun mal à s’implanter à proximité des quais. L’Adir doit être reconnue comme un partenaire du comité stratégique de l’aménagement de la ZAP. »

L’Adir, comme d’autres, s’étonne de la lente avancée de ce dossier, alors que le manque de foncier économique est criant dans l’Ouest et que de nombreux projets de développement industriel sont bloqués faute de place.

Michel Dijoux, président de l’Adir : « Le secteur industriel revendique au moins la moitié de la zone pour y développer une plateforme logistique mutualisée et de nouvelles activités de production. » Photo : Guillaume Foulon