Andry Rajoelina : « Ce sont les politiciens qui ont détruit ce pays »
À onze mois de l’élection présidentielle, le président malgache s’est livré à un étonnant exercice d’autocritique, revenant en particulier sur sa politique de « grands travaux » (Velirano). Évoquant le cyclone Cheneso qui avait fait en janvier dernier 33 morts et au moins 37 000 déplacés à Madagascar, Andry Rajoelina a annoncé à brûle-pourpoint un revirement de sa politique sociale. Lors d’un déplacement à Ilaka-Est (province de Toamasina), il a indiqué avoir donné l’ordre au gouvernement de stopper les projets liés à la construction d’infrastructures afin de donner la priorité au sosialim-bahoaka, l’aide de l’État pour lutter contre l’extrême pauvreté, en premier lieu l’insécurité alimentaire. Appelant les ministres à multiplier les initiatives sur le terrain, il a indiqué qu’il se porterait lui-même au-devant des populations sinistrées par le cyclone Cheneso. Dans la foulée, le chef de l’État s’est laissé aller à quelques confidences, reconnaissant que « ce sont les politiciens qui ont détruit ce pays » et que « si ça ne tenait qu’à moi, j’aurai déjà arrêté la politique vu (leur) malhonnêteté ».
Cette décision laisse planer quelques doutes quant à l’issue des grands travaux entamés par la Présidence, comme le nouveau complexe industriel de Moramanga, la « ville intelligente » de Tanamasoandro ou le projet de téléphérique dans la capitale, si décrié. Ces projets ont engagé d’énormes sommes des centaines de millions de dollars – sous forme d’emprunts contractés, entre autres, auprès de la Banque mondiale. Une « politique d’endettement » qui trouve aujourd’hui ses limites alors que tous les signaux économiques sont au rouge et que le remboursement de la dette risque de ne pas être aussi aisé que prévu. Cela dans un contexte politique de plus en plus tendu car Andry Rajoelina ne dispose plus, selon la Constitution, que de huit ou neuf mois pour convaincre l’électorat de lui renouveler son mandat.