AVA TECHNOPARK : L’industrie mauricienne de demain
D’abord installé à la périphérie de Port-Louis, puis à la CyberCité d’Ebène, le groupe AVA migre aujourd’hui à Côte d’Or. Cette délocalisation de ses activités n’est pas seulement motivée par l’expansion de la production ou la multiplication des activités, mais aussi par le désir de participer pleinement à l’émergence d’un nouveau paysage industriel et technologique à Maurice.
À Ebène il y a vingt ans et à Côte d’Or aujourd’hui, AVA agit en pionnier. L’expansion immobilière du groupe répond à un besoin économique qui lui permettra de mieux répondre à une demande exponentielle sur le marché mondial des dispositifs médicaux. Cette expansion en est ainsi une conséquence directe. Elle a d’abord concerné les bâtiments de la Cybercité, Maëva Centre, l’un des premiers édifices à voir le jour à Ebène et qui abrite l’unité de fabrication de cathéters. Puis il y a eu Maëva Tower, qui abritait jusqu’à présent, sur trois étages, une autre partie des opérations du groupe et dont le reste de l’espace est loué à d’autres entreprises. Avec la production qui se rapproche du million d’exemplaires, les 3 500 m² de l’unité de fabrication d’Ebène étaient devenus insuffisants.
Avec l’entrée en opération d’AVA Technopark ce sont toutes les opérations d’assemblage qui vont migrer dans de nouvelles salles beaucoup plus spacieuses. La surface occupée sera de 9 700 m², dont 6 000 m² uniquement pour la production. Avec ces nouvelles infrastructures, AVA veut démontrer aussi qu’à Maurice on peut exceller dans la fabrication de dispositifs médicaux.
« Pour être attractif sur un marché très polarisé, nous de-vons avoir un écosystème qui nous permette de maîtriser toutes les technologies », affirme Alessandro Cancarini, le nouveau Chief Operating Officer (COO) de Natec Medical.
Au meilleur niveau mondial
Issu d’un milieu familial pour lequel l’extrusion n’a aucun secret, Alessandro Cancarini a acquis une longue expérience dans le domaine, ayant travaillé en Chine, au Mexique, en Suisse et plus récemment aux Pays-Bas. Pour lui, il est clair que le parc technologique de Côte d’Or s’inspire des meilleures pratiques dans le domaine, telles que celles du Costa Rica et de l’Irlande, leaders mondiaux dans la fabrication de dispositifs médicaux.
La construction d’AVA Technopark avait débuté en décembre 2021 et sa première phase est ainsi parvenue à maturité. Le bâtiment de trois étages et doté d’une mezzanine technique d’une superficie totale de 9 700 m² a été conçu par le cabinet d’architecture Visio. Il comprendra un espace de 2 500 m² dédié uniquement aux salles blanches, ce qui en fera le plus grand espace de ce type pour tout le continent africain. À terme, le parc technologique occupera une surface totale de 54 460 m² et l’investissement sur l’ensemble du parc est de l’ordre de 42 millions d’euros. Le parc pourrait accueillir à terme 3 000 ou 4 000 personnes.
AVA, à lui tout seul, peut créer beaucoup d’emplois, surtout dans l’extrusion ou encore pour les ingénieurs mécaniciens et certains opérateurs. « Nous sommes le promoteur principal sur le parc et l’un de nos objectifs est d’offrir de l’espace aux acteurs internationaux de dispositifs médicaux », assure pour sa part Nicolas Kerambrun, CEO du groupe. Le premier bâtiment est déjà occupé sur 100 % de sa superficie. Pour le deuxième, il ne reste qu’un tiers de l’espace disponible qui est libre. L’intérêt pour Maurice de mettre en place une telle infrastructure, c’est qu’il n’y a rien de comparable dans toute la région océan Indien, avec le marché indien mais aussi le continent africain en ligne de mire.
Une grande qualité de vie au travail
Pour Alessandro Cancarini, ce type d’argument permettrait d’attirer les « Big players », ces grandes sociétés internationales spécialisées dans les dispositifs médicaux et qui sont à la recherche d’une qualité de prestation au niveau des infrastructures et d’une bonne qualité de vie dans le pays, en général. « Le groupe est ouvert à une collaboration avec les autorités afin de développer un plan stratégique national pour le secteur des dispositifs médicaux », ajoute Nicolas Kerambrun.
Doté de panneaux photovoltaïques, le bâtiment d’AVA Technopark comprendra des bornes de recharge alimentées par l’énergie solaire pour les véhicules électriques. Le site sera également doté d’un système de récupération d’eau de pluie et de larges baies vitrées pour privilégier la lumière naturelle. Quant aux employés, ils pourront profiter d’une salle de sport, d’un restaurant, d’une fun zone et d’un espace vert dédié au yoga et à la méditation. Il y aura aussi une garderie pour faciliter la vie du personnel.
Le parc abritera une piste cyclable et un amphithéâtre de verdure et, détail inédit, ne dis-posera pas de mur d’enceinte. « Ce sera un formidable espace de vie de grande qualité et à échelle humaine », précise avec fierté Fabrice Deschézeaux, Head of Engineering du pôle immobilier d’AVA.
La qualité de vie sera, on l’a compris, une composante importante du futur Data Technology Park de Côte d’Or Smart and Administrative City de Landscope Mauritius, dont AVA Technopark fait partie. Appartenant à l’État, ce vaste ensemble souhaite abriter des sociétés évoluant dans les secteurs de la technologie, de la santé, de l’intelligence artificielle, de la robotique, du Cloud Computing et de la fintech. D’ici cinq ans, le parc compte offrir 100 000 m² supplémentaires de locaux et pourrait générer, à terme, de nombreuses opportunités dans le secteur de l’innovation et de la technologie.
Dispositifs Médicaux : les acteurs du marché : Les sociétés opérant sur l’île sont au nombre de sept, incluant AVA (Natec Medical et Xtruline). Les autres sociétés produisent des implants ophtalmologiques, des implants mammaires, des substituts osseux, des accessoires médicaux, des systèmes de perfusion, de micromécanique médicale et l’une d’entre elles offre des services de stérilisation. Les conditions économiques et géographiques sont propices au développement du secteur, qui a connu une croissance dépassant les 100 % à ce jour. Toutefois les acteurs présents réclament un meilleur encadrement au niveau logistique, un meilleur soutien technique et veulent avoir accès aux compétences hautement qualifiées propres au secteur. La typologie des dispositifs médicaux montre une gamme de produits qui s’agrandit considérablement avec la venue de nouveaux entrants depuis 2012.
L’exportation des dispositifs médicaux est passée de 697 millions de roupies (environ 15 millions d’euros) en 2013 à 1 821 millions de roupies (environ 39 millions d’euros) en 2022, ce qui représente une augmentation de plus de 150 %. Selon une analyse de l’Economic Development Board (EDB), la France a été la principale destination de dispositifs médicaux représentant près de 53 % des exportations en 2019, devant l’Inde avec 43 %, les Etats-Unis, l’Iran et l’Allemagne.
Un groupe diversifié : C’est en 2023 que le groupe AVA s’est constitué, réunissant Natec Medical, Xtruline et Abiolabs ainsi qu’un cluster immobilier et une fondation baptisée Dunes de mer, très présente à Madagascar où elle s’attelle à améliorer le niveau de vie de la communauté Vezo.
La société d’origine, Natec Medical Ltd, spécialisée dans la conception, le développement et la fabrication de cathéters destinés au marché mondial a été créée à Boston, aux Etats-Unis. Elle s’est installée à Maurice en 2000 et fabrique plus précisément des cathéters à ballonnet pour la cardiologie, la radiologie, la gastroentérologie et l’urologie. Les différentes gammes de produits sont labellisées Natec Medical Tamarin® Blue, Filao®, Ebony® et Amethyst.
En 2015, Xtruline, le département extrusion de Natec Medical est créé. Il se spécialise dans la conception, la transformation et la fabrication de matériaux plastiques hautement techniques utilisés dans l’industrie des dis-positifs médicaux, notamment l’extrusion de tubes à un ou plusieurs orifices et l’injection de composants. Xtruline a conçu et fabriqué le seul masque chirurgical Made in Moris durant la crise du covid et aujourd’hui produit 6 000 masques par jour, qu’il distribue dans des établissements hospitaliers privés et à la compagnie nationale d’aviation. C’est également en 2015 qu’Abiolabs, le laboratoire médical affilié à Natec Medical, a vu le jour.