Eco Austral – Actualités économiques et entreprises de l'Océan Indien

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Réunion

Carol Derand, présidente du syndicat FOR : « Beaucoup d’organismes ferment par manque de marchés publics »

À travers le FOR, le syndicat des organismes de formation privés, la fondatrice et directrice de One 2 One s’efforce de parler au nom de ces derniers alors même qu’ils perdent des parts de marché. Elle voit d’un bon œil la réforme de l’apprentissage.

L’Eco austral : Pourquoi une nouvelle réforme de la formation professionnelle ?
Carol Derand
: La formation professionnelle est un levier formidable en lien direct avec l’emploi et donc le chômage. Faire baisser le nombre de demandeurs d’emploi demeure la problématique première pour tout gouvernement. Chaque nouveau président fait sa réforme, c’est aussi une vision de l’économie qu’il met en oeuvre. Le secteur de la formation est un secteur où l’on ne s’ennuie pas. La qualité numéro un d’un organisme de formation est sa capacité à s’adapter s’il veut rester dans la place, sa flexibilité et sa réactivité, car il y a toujours de nouveaux outils à s’approprier. 

Quels sont les enjeux de la réforme de l’apprentissage ?
L’objectif est de mettre en valeur l’apprentissage en France, qui est très valorisé dans d’autres pays européens, notamment en Allemagne. En France, seulement 7 % des jeunes de 16 à 25 ans sont en apprentissage contre une moyenne de 15 % dans les pays européens où le taux de chômage est bas. L’apprentissage est perçu comme une « sous-formation », l’idée est de le transformer en outil performant. Nous pensons qu’il est tout à fait pertinent que la responsabilité de l’apprentissage soit confiée au branches professionnelles qui sont les plus à même de défendre les intérêts de leurs entreprises et de répondre à leurs besoins en formations et en apprentis. Demain, des organismes privés pourront ouvrir des Centres de formation d’Apprentis (CFA) et nous nous en réjouissons.

Comment a évolué le secteur de la formation privée ?
On compte 600 organismes de formation à La Réunion avec un numéro d’agrément, mais il faut savoir que la moitié est composée d’indépendants. Des organismes structurés, avec des formateurs et des salles de cours, sont au nombre d’environ 200. Depuis l’été 2017, les organismes de formation ont dû se soumettre au Datadock, la base de données unique créée à l’initiative des financeurs de la formation professionnelle continue (Opca et Opacif) pour faciliter la mise en oeuvre du décret Qualité du 30 juin 2015, entré en vigueur le 1er janvier 2017. Vingt-et-un indicateurs permettent de valider la conformité des organismes de formation aux critères qualité définis par la loi. C’est une avancée majeure pour structurer notre secteur d’activité. Il n’en reste pas moins que la formation se vit, se fait avec des êtres humains. On l’oublie trop souvent, car il y a beaucoup d’administratif à gérer.

Quels types de formations se développent aujourd’hui ? Y a t-il des tendances émergentes ?
Ce sont principalement des formations en lien avec l’entreprise, pour aider à l’embauche, sur des métiers en tension. Beaucoup d’organismes explorent des niches, des domaines pointus, très ciblés comme, par exemple, ingénieur en informatique. Bien entendu, il y aura toujours des formations et des besoins en vente, secrétariat, etc. Mais il faut avoir une logique de niche, observer en permanence les besoins du marché pour y répondre. Aujourd’hui, le secteur de la sécurité se développe beaucoup, que ce soit avec le certificat de qualification professionnelle (CQP) Agent de sécurité ou en formation initiale avec le bac professionnel Métiers de la sécurité.