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Océan Indien

C’est le numéro 300 de L’Eco austral, merci à vous !

Eh oui, chers lecteurs ! Une fois n’est pas coutume, c’est notre propre magazine qui ouvre le bal ! Parce qu’il publie aujourd’hui son numéro 300. Et c’est l’occasion de vous remercier car, sans lecteurs, et donc sans annonceurs, nous n’aurions pas résisté à l’épreuve du temps. Maintenant, je vous donne rendez-vous au numéro 400… Si vous le voulez bien ! 
Heureuse coïncidence, on fête aussi cette année les 300 ans de la présence française à Maurice. Et si notre magazine est publié en langue française – comme la plupart des journaux de la région proche –, cet événement de 1715 n’y est pas pour rien. Langue historique de cette partie de l’océan Indien, le français permet la communication entre ses habitants alors que même les créoles de La Réunion et de Maurice se révèlent très différents. 
Quoi qu’il en soit, le français n’a pas suffi à se comprendre lors des derniers Jeux des îles de l’océan Indien. Un gros couac avec toujours ce contentieux – historique lui aussi – entre les Comores et la France au sujet de Mayotte. L’affaire n’est pas nouvelle et l’on peut seulement se demander pourquoi un compromis n’a pu être trouvé avant la tenue des Jeux plutôt que de gâcher la fête. Trop de légèreté sans doute de Paris, qui avait d’autres chats à fouetter, et l’inertie d’une ambassadrice itinérante (chargée de la coopération régionale), Claudine Ledoux, qui ne laissera pas une grande trace dans nos mémoires. Pour en revenir au contentieux entre la France et les Comores, qui remonte à quarante ans, c’est plutôt un contentieux entre Mayotte et les Comores, la première ayant refusé de passer sous la coupe de Moroni. L’« archipel des sultans batailleurs » ne peut d’ailleurs arguer d’aucune unité historique réelle, mais il est en train de « coloniser » Mayotte la récalcitrante. Plus de 40 % de la population du 101e département français est actuellement constituée d’immigrés clandestins venus d’Anjouan qui ne se situe qu’à une soixantaine de kilomètres. Certains meurent noyés durant la traversée à bord de grandes pirogues (« kwassa kwassa »), d’autres arrivent à destination et sont parfois expulsés, ils reviennent ou bien ce sont d’autres qui prennent le relais, attirés par ce département où ils trouvent ce qu’ils n’ont pas chez eux. Un véritable tonneau des Danaïdes sur lequel devraient se pencher les autorités françaises avant que tout cela ne se termine par une grosse explosion sociale à Mayotte. Et ce n’est pas Claudine Ledoux qui le fera puisqu’elle a été exfiltrée vers le Laos (avec un poste d’ambassadrice).
La solution est simple : il faut que le reste de l’archipel se développe, que les Anjouanais trouvent chez eux ce qu’il viennent chercher à Mayotte et que la France revoit, pour Mayotte, son sacro-saint « droit du sol ». Financer une maternité et des écoles à Anjouan ne coûterait d'ailleurs pas si cher. On estime en effet que la lutte contre l’immigration clandestine à Mayotte, avec plus de 15 000 expulsions annuelles chiffrées à 2 000 euros chacune, et les dépenses enregistrées en matière d’hospitalisation et de scolarisation, reviennent à 70 millions d’euros annuels. 
Du côté de Maurice, le monde des affaires n’a pas vraiment le moral et commence à se poser des questions sur la capacité du gouvernement à relancer la croissance. L’affaire BAI n’a pas arrangé les choses car beaucoup d’entreprises ont des créances avec ce groupe en cours de liquidation et s’attendent à perdre de l’argent. Les conflits divers – notamment entre le politique et le judiciaire – et règlements de comptes contribuent au climat morose. Le secteur financier attend aussi, de son côté, de savoir ce que lui réserve la révision du nouveau traité de non double imposition avec l’Inde qui jusqu’alors était son principal moteur. L’hôtellerie peine à (re)décoller même si la situation s’avère très contrastée selon les groupes, certains comme Constance ayant renoué avec la rentabilité, mais d’autres ayant encore du mal à tirer leur épingle d’un jeu qui se caractérise par une concurrence internationale de plus en plus rude. 
Le nouveau gouvernement mauricien a déjà consommé en l’espace de huit mois une bonne partie de son capital de sympathie. Mettre à la porte Navin Ramgoolam, l’ex-Premier ministre, avait fait plaisir à beaucoup de monde, mais comme programme politique, ça ne suffit pas. Les « bugs » divers s’amplifient sur les réseaux sociaux où l’information circule à la vitesse de la lumière. C’est d’ailleurs à la Toile que la nouvelle équipe doit une bonne part de sa victoire. Elle aurait tout intérêt à s’en souvenir.