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Océan Indien

Climatisation marine : Maurice va-t-elle devancer La Réunion ?



Les deux projets de SWAC (Sea-Water Air Conditioning) conduits par Engie (ex-GDF Suez) dans le nord de La Réunion et par EDF à Saint-Pierre sont en panne alors que le projet de Port-Louis, conduit par Sotravic, est annoncé pour fin 2017.

Cinq ans après son annonce, le projet de SWAC (Sea-Water Air Conditioning) des communes de Saint-Denis et Sainte-Marie, estimé à plus de 150 millions d'euros, est toujours en attente et l’on ne sait même pas si GDF Suez (devenu Engie) le réalisera un jour. Le SIDEO (Syndicat intercommunal d’exploitation des eaux océaniques), créé en 2010 par les communes de Saint-Denis et de Sainte-Marie (aujourd’hui rejointes par la Région), avait attribué en avril 2011 à la société ClymAbyss le marché de concession de ce réseau d’eau glacée couplé à un système de production de 40 mégawatts froid. Les principaux actionnaires de ClymAbyss sont Engie – qui conduit le projet – et la Caisse des Dépôts. Beaucoup d’énergie et de temps ont été dépensés par Engie à convaincre l’Union européenne de financer le projet à une hauteur inhabituelle et à rechercher des clients (comme l’aéroport et des centres commerciaux). Le lancement des travaux a été plusieurs fois reporté, mais, en 2015, on semblait enfin sur la bonne voie avec l’annonce du premier coup de pioche pour septembre. Que s’est-il passé entretemps ? Il semble qu’Engie (qui ne veut pas s’exprimer sur le sujet) n’ait pas trouvé suffisamment de clients pour rentabiliser, sans parler d’autres contraintes. Le groupe français a adressé au SIDEO un courrier où il fait état de difficultés d’ordre technique, juridique et économique. « Nos services techniques sont en train d’étudier tout cela », souligne Jacques Lowinsky, le président du SIDEO. Ce dernier reconnaît que l’attributaire du marché semble être « devenu frileux » et il n’écarte pas l’éventualité de d’un nouvel appel d’offres.
Du côté de Saint-Pierre, le projet de climatisation marine proposé par EDF pour l’hôpital ne semble pas mieux parti. Dans un courrier adressé à la direction du CHU, l’électricien se montre lui aussi frileux. Il faut dire que le modèle actuel, supervisé par la Commission de régulation de l’énergie (CRE) permet à EDF de vendre son électricité à un prix considéré comme inférieur de moitié à son coût réel de production. Un système de péréquation nationale vise à vendre l’électricité au même prix que dans l’Hexagone où elle coûte beaucoup moins cher à produire grâce au nucléaire. En clair, chaque Français contribue, à travers sa facture d’électricité, à cette égalité de traitement de l’Outre-mer. À première vue, les Réunionnais ne pourraient que s’en réjouir, sauf que le système empêche toute forme de transition énergétique à l’échelle de La Réunion. Son effet pervers est de favoriser le fioul et le charbon.
Mais le plus embêtant n’est pas là. C’est que le SWAC pourrait permettre de développer des tas d’activité en exploitant l’eau de mer au lieu de la rejeter à la mer après l’avoir utilisée pour climatiser des bâtiments. Un modèle développé par Hawaï depuis 34 ans et qui a permis l’émergence d’un secteur qui pèse 3 milliards de dollars.

L’Eco austral fait le point sur ce dossier capital, en présentant le modèle hawaïen et la trentaine d’entreprise qui se sont adossées au SWAC. Un numéro qui sera en kiosque mi-mars.