Comment réduire ses coûts à l’importation
Entretien avec Héloïse Delhoume, fondatrice et dirigeante de l’organisme de formation Hosmosed. Fondé il y a dix ans, Hosmosed est spécialisé dans l’import-export.
L’Éco austral : Quel est votre itinéraire et qu’est-ce qui vous a amené à choisir cette spécialisation dans l’import-export ?
Héloïse Delhoume : J’ai grandi dans divers pays du continent africain et du Moyen-Orient. Cette enfance m’a donné l’ambition de me tourner vers un métier en lien avec l’international. Au cours de mes études de commerce, j’ai découvert par hasard les métiers du transport international de marchandises, et cela m’a passionnée. J’ai travaillé huit ans dans diverses compagnies maritimes et chez des transitaires. Arrivée à La Réunion, j’ai eu l’opportunité de gérer les stocks et approvisionnements d’un grand groupe familial implanté sur tout l’océan Indien. J’ai découvert la spécificité des approvisionnements en milieu insulaire, et celui des DOM en particulier. Lors de mes diverses missions de salariée, j’ai toujours aimé transmettre. Quand j’ai décidé de me mettre à mon compte, j’ai tout naturellement choisi la voie de la formation, dans le domaine que je maitrisais le mieux et qui me passionne.
Quelles sont les formations que vous proposez et constatez-vous des besoins importants de la part des entreprises ?
En dix ans, notre offre a largement évolué. Notre catalogue propose, en plus des sujets de l’international, des formations pour accompagner le chef d’entreprise dans le pilotage de son activité. Sur l’international, nous avons recentré notre offre sur la certification Opérateur économique agréé et le coût de revient à l’import. Cette dernière formation répond en particulier aux besoins des entreprises de professionnaliser leur service approvisionnement d’une part, et de maîtriser les coûts liés aux importations d’autre part.
Quels sont les gains qu’elle peuvent retirer d’une amélioration de leur efficience ?
Je vois deux gains majeurs : le premier est financier, le deuxième concerne les délais.
À l’heure de l’inflation galopante, tout augmente, le coût du transport comme celui des marchandises. Il est primordial de maîtriser l’ensemble de ses coûts.
Ainsi, l’incoterm (INternational COmmercial TERMS – NDLR) sera renégocié avec le fournisseur ou le client pour minimiser son coût de revient à l’import ou accroître sa marge à l’export. L’approvisionneur se rapprochera de son transitaire pour faire valoir l’exonération d’octroi de mer auquel il peut prétendre du fait de son code NAF et du couple produits/activité. L’acheteur réfléchira à diversifier l’origine de ses produits pour réduire les délais de transport et/ou le coût de revient unitaire en jouant sur le niveau de droits de douane. L’ensemble de la supply chain sera réfléchi de façon à grouper les commandes et réduire ainsi le délai de transport, et le coefficient de revient. Autant d’actions qui impacteront le coût de revient des marchandises, et par conséquent la rentabilité des entreprises et le porte-monnaie des Réunionnais.
Dans un territoire comme La Réunion, dont les fournisseurs ou clients sont parfois très éloignés, on parle beaucoup de la problématique de la gestion de stock. Comment y remédier ?
L’éloignement des fournisseurs et les délais d’approvisionnement génèrent un risque important de rupture de stock, accentué par les bouleversements constants des rotations des compagnies maritimes. La solution privilégiée par les importateurs pour y parer est d’augmenter leurs stocks tampon. Deux problématiques se posent alors : les solutions de stockage, souvent limitées en interne, et le coût que cela génère. Les solutions logistiques externalisées se sont nettement développées sur l’île, permettant aux importateurs de maximiser leurs stocks sans avoir à écarter les murs.
Pour réduire l’effort de trésorerie lié à ces commandes accrues, une solution méconnue existe : stocker les marchandises sous douane. Dès lors que le prestataire logistique est habilité à le faire, l’entreprise ne paiera les sommes réclamées par les Douanes qu’au moment de la mise à la consommation de ces marchandises, c’est-à-dire au moment où l’entreprise les vend ou les consomme pour sa production.
Une autre solution pour réduire l’effort de trésorerie est l’application à la lettre de la Loi de Modernisation de l’économie de 2009. Elle prévoit que « les délais de paiement (…) sont décomptés à partir de la date de dédouanement de la marchandise au port de destination finale » ou « lorsque la marchandise est mise à la disposition de l’acheteur (…) le délai est décompté à partir du 21ème jour suivant la date de cette mise à disposition ». Cela ne concerne cependant que les fournisseurs basés dans l’Hexagone, et encore faut-il les convaincre d’appliquer la loi.