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Madagascar

Crabes de mangrove : un rapport pince-sans-rire

La production de crabes de mangrove a considérablement baissé ces dernières années si elle a connu une montée en flèche au début de la décennie. Une régression qui inquiète le ministère de l’Agriculture, de l’Elevage et de la Pêche et qui amène ce dernier à suspendre, pour deux mois, l’exploitation de cette espèce.

Deux mois de suspension. C’est le délai de suspension fixé par le ministère malgache de l’Agriculture, de l’Elevage et de la Pêche concernant l’exploitation de crabes de mangrove. « Du 1e août au 31 octobre, il sera formellement interdit de pêcher, de collecter, de commercialiser, d’acheter, de transporter, de conserver ou encore d’exporter les crabes des mangroves qu’ils soient vivants, semi-conservés, congelés, entiers, en morceaux, ou sous d’autres formes », selon le ministère. La décision a été prise à l’issue des ateliers auxquels des acteurs de cette filière avaient pris part. En effet, la production a beaucoup baissé l’année dernière. Les chiffres ont été largement en deçà de la prévision.
Seulement 4 500 tonnes ont été collectées, si on en prévoyait 7 500.

Une filière victime de son succès

La raison expliquant cette baisse inquiétante est la surexploitation dont ces crabes font l’objet. Depuis 2016, la filière n’a pas eu droit à la fermeture temporaire de deux mois comme chaque année. Mais en plus de cela, l’exploitation se fait à outrance de par son succès sur le marché européen et surtout asiatique. Les pêcheurs et collecteurs ne respectent plus, du coup, les normes en termes de quota de pêche et de taille minimale exploitable. Très prisés, les crabes de mangrove de Madagascar connaissent un grand succès. De 950 ariary le kilo à 3 200 ariary (23 cents d'euros à 78 cents d'euros), le prix a plus que triplé entre 2011 et 2015, en seulement quatre ans.
Outre l’exploitation à outrance de cette espèce de crabes, la dégradation des mangroves, leur habitat naturel, ainsi que l’explosion démographique expliquent la régression de cette filière.