De nouvelles ailes pour Air Austral en attendant un nouvel actionnaire
Première compagnie française à mettre en service un Boeing 787 Dreamliner, la compagnie réunionnaise en profite pour étoffer ses dessertes et proposer un Mayotte-Paris en direct. Mais son avenir dépend aussi de l’évolution de son capital.
« Le dernier né des industries Boeing, le Dreamliner, concentre à lui seul un nombre impressionnant d’innovations, de technologies et de qualités, tant sur le plan des économies en vol, sur celui du développement durable que celui du confort. » Lors de l’arrivée de l’appareil à La Réunion le 25 mai, en provenance de Seattle via Paris, Marie Joseph Malé, Pdg d’Air Austral, ne tarissait pas d’éloges pour cette nouvelle acquisition qui sera suivie d’une seconde en octobre.
DEUX APPAREILS POUR LE PRIX D’UN
Même si le prix d’achat n’a pas été annoncé officiellement (sans doute à la demande de Boeing), on sait que les deux avions ont été achetés pour le prix d’un seul qui s’affiche au catalogue à 250 millions de dollars. La raison de cette ristourne importante serait que ces premiers modèles pèsent plus lourd que les suivants, ce qui réduit leur autonomie ou leur capacité de sièges, et ils ne trouvaient pas preneur depuis cinq ans. Miguel Santos, vice-président de Boeing chargé des ventes en Afrique et au Moyen-Orient, qui était du voyage, devait préciser néanmoins que les caractéristiques techniques de ces avions sont identiques aux 1 154 Dreamliners actuellement en commande. Grâce à l’usage de certains matériaux, ils permettent une consommation de carburant inférieure de 20% par rapport aux avions de même catégorie et un coût d’entretien inférieur de 40%.
Ce Boeing 787 Dreamliner d’Air Austral comprend 262 sièges confortables dont 18 en classe affaires et permet à la compagnie réunionnaise d’assurer des vols directs Mayotte-Paris depuis le 10 juin. Un grand progrès pour les Mahorais qui n’ont plus à transiter par La Réunion. Il dessert également Madagascar et Maurice, mettant fin à l’usage de l’ATR 72, du moins à partir de Roland Garros.
UN RÉUNION-BANGKOK EN DIRECT EN FIN D’ANNÉE
Avec l’arrivée du deuxième appareil en octobre, les vols sur l’Afrique du Sud passeront de deux à trois par semaine. Et en fin d’année, une liaison directe avec Bangkok sera relancée. La desserte de la Thaïlande par Boeing 777, qui n’était pas rentable, avait été remplacée par une desserte en Boeing 737 via une escale à Chennai (Madras), en Inde. « Grâce au Dreamliner, nos dessertes vont non seulement se développer, mais s’étoffer, souligne Marie Joseph Malé. Un service en vol constamment amélioré, une écoute personnalisée de la clientèle, la touche créole, le sourire « tranche papaye », un professionnalisme reconnu, une identité marquée, tout ce qui fait qu’Air Austral nous donne des ailes pour conquérir de nouveaux marchés, sans aucun complexe. » L’actionnaire très largement majoritaire de la compagnie, à 98%, est la Sematra, société d’économie mixte dont la Région Réunion est elle-même l’actionnaire majoritaire à 70%. Une collectivité qui a « sauvé » la compagnie lors d’une période difficile mais qui est sommée aujourd’hui de se désengager. Raison pour laquelle des négociations exclusives sont en cours depuis plusieurs mois avec le groupe réunionnais Océinde de la famille Goulamaly. Mais le groupe Dubreuil, propriétaire d’Air Caraïbes et qui a échoué dans sa tentative de rachat de Corsair, se tiendrait en embuscade. À suivre…