Déchets du bâtiment : le grand chantier de la filière REP
Eco-contributions, éco-organismes chargés d’organiser les filières de recyclage : une filière à Responsabilité élargie du producteur (REP) se met en place pour les déchets du bâtiment. Plusieurs années seront nécessaires pour l’organiser à La Réunion.
C’est une filière REP XXL qui commence à se mettre en place cette année en France, départements d’Outre-mer compris. Elle sera à l’échelle des gisements de déchets ciblés : ceux des produits et matériaux de construction du bâtiment, qui peuvent représenter des volumes conséquents sur certains chantiers comportant des démolitions.
Quatre éco-organismes ont été agréés, des éco-contributions s’appliquent depuis le 1er mai sur les produits et matériaux. Ces quelques dizaines de centimes, ou quelques euros par tonne, seront utilisés par les éco-organismes pour organiser la collecte des déchets de chantiers et les filières de recyclage. La filière ne concerne pas les déchets des travaux publics, essentiellement des déblais déjà largement réemployés. L’initiative s’inscrit dans la tendance générale au verdissement de l’économie, à la promotion de l’économie circulaire, du réemploi des déchets et de la réduction de l’enfouissement. Elle vise aussi à lutter contre les dépôts sauvages, alimentés par des entreprises de construction peu scrupuleuses, réfractaires à l’idée de devoir payer pour déposer des déchets dans les décharges intercommunales ou les entreprises de collecte privées. Ces dernières sont au nombre de trois à La Réunion et suivent attentivement le dossier. « Notre activité sera forcément affectée, commente Eric Rollin, qui dirige l’une d’entre elles, STS, à Saint-Pierre. Les modalités de mise en place de cette filière ne sont pas simples, les cahiers des charges des éco-organismes ne correspondent pas forcément aux nôtres, les coûts réunionnais ne sont pas les mêmes qu’en Métropole… »
Quand la filière REP sera pleinement opérationnelle, les entreprises de construction n’auront plus à payer pour se débarrasser de leurs déchets, à condition qu’elles les trient correctement et qu’elles les déposent dans un lieu de réception agréé ; y compris chez leurs fournisseurs de matériaux, qui seront tenus de les accepter pour peu que leur surface de vente et de stockage dépasse 4 000 m², précise la réglementation.
Le secteur du bâtiment se félicite de cette évolution, mais « il faut un réseau de points de collecte de proximité, tous les 5 à 10 km », souligne Raymond Vaïtilingom, secrétaire général de la Capeb Réunion. Le Syndicat de l’importation et du commerce de La Réunion (SICR), qui accompagne les filières REP et va représenter les deux éco-organismes nationaux agréés pour La Réunion (Eco-Maison et Eco-Minéro), s’apprête à animer ce chantier qui va durer plusieurs années.
« Il existe très peu de solutions locales de valorisation des déchets du bâtiment, hormis pour le verre et le plâtre, souligne Sandrine Sinapayel, responsable de l’environnement au SICR. Nous accueillerons avec intérêt les porteurs de projet dans ce domaine. Pour l’heure, nous ne savons pas quantifier les gisements qui seront à traiter par type de produits. Dans un premier temps, nous allons nous consacrer au déploiement des points de reprise, qui va se heurter à une énorme contrainte foncière : les déchets du bâtiment prennent beaucoup de place ! »
Il y a quelques semaines, les organisations socio-professionnelles ont été conviées à une première réunion d’information à la Région, chef de file du Plan régional de prévention et de gestion des déchets. Fabrice Hoarau, l’élu en charge de ce domaine, avance une première solution pour la création de points de collecte de proximité : « Nous serons à l’écoute des éco-organismes pour mobiliser du foncier disponible, annonce-t-il. La Région possède des sites délaissés un peu partout dans l’île qui pourraient éventuellement être utilisés à cette fin. »