Des acteurs locaux s’engagent dans une industrie énergétique
Avec leur projet Energreen, retenu dans la consultation pour une centrale de 40 MW dans le sud, ils viennent jouer les trouble-fêtes face aux deux poids lourds Albioma (ex-Séchilienne Sidec) et Akuo Energy.
Le tissu industriel réunionnais n’a rien de négligeable, mais s’est développé surtout autour de l’agroalimentaire, en lien avec des filières agricoles bien organisées. Aujourd’hui, certains de ses acteurs regardent du côté d’un secteur hautement stratégique, et très rentable, celui de l’énergie.
Regroupés autour de Jérôme Isautier, par ailleurs président de l’Association pour le développement industriel de La Réunion (ADIR), et d’Alain Orriols, un pionnier du solaire à La Réunion, ils ont pu présenter un projet baptisé Energreen en vue de mettre en œuvre une turbine à combustion (TAC) de 40 MW, fonctionnant partiellement au bioéthanol, dans la zone industrielle N°3, à Saint-Pierre. Un projet ambitieux puisqu’il s’agit d’un investissement de 50 millions d’euros, soutenu pour la plus grosse part par un pool de banques (BR, Crédit Agricole, Sofider et BRED). « C’est la première fois qu’on va réaliser une telle turbine à La Réunion et nous avons voulu que ce soit un projet 100% réunionnais dont les bénéfices seront réinvestis à La Réunion », explique Dominique Vienne, associé au projet et par ailleurs président de la CGPME.
L’enjeu est important puisque, si le projet est retenu par la CRE (Commission de régulation de l’énergie), il pourra être dupliqué à l’export. Et la compétition sera rude car Energreen se retrouve face à Akuo Energy et à Albioma (ex-Séchilienne Sidec), deux acteurs internationaux déjà très expérimentés. À travers sa filiale Austral Energy, Akuo a innové dans l’agrinergie (association du photovoltaïque à des activités agricoles) à La Réunion avec 16,5 Mégawatts de puissance installée. Mais le poids lourd, c’est surtout Albioma, coté à la bourse de Paris et qui réalise à La Réunion 213,5 millions d’euros de chiffre d’affaires (en 2012), soit la plus grosse part d’un chiffre d’affaires total de 374 millions d’euros. L’activité historique et principale d’Albioma est constituée par les deux centrales bagasse-charbon du Gol et de Bois Rouge, des modèles du genre que le groupe veut aujourd’hui exporter au Brésil. Mais Albioma se développe aussi dans le solaire après avoir racheté l’entreprise d’Alain Orriols et s’intéresse à l’éthanol, aux biocarburants issus de micro-algues et même au bois.
Des avantages à faire valoir
Face à deux multinationales, Energreen met en avant la valeur ajoutée qu’il apportera à l’économie réunionnaise, en termes de réinvestissements de ses bénéfices, de soutien à la recherche locale sur les nouveaux carburants et d’export en faisant appel à des « grappes d’entreprises » réunionnaises. Mais le projet doit aussi convaincre de sa capacité financière et de sa maîtrise technologique. C’est pourquoi ses promoteurs sont issus pour certains du secteur de l’énergie et qu’ils ont également ouvert le capital à Nicolas Namy, installé à La Réunion comme indépendant après avoir travaillé pendant douze ans pour le groupe General Electric, leader mondial dans la fabrication de turbines à combustion. Nicolas Namy fut notamment en charge du développement des nouvelles centrales électriques couvrant la France, les départements d’Outre-mer et le continent africain. Côté finances, la confiance que le dossier a inspirée aux banques locales est déjà un gage car celles-ci n’ont pas pour habitude de prendre des risques démesurés, surtout dans le contexte actuel.
À signaler que l’éthanol sera fourni par Maurice en attendant d’éventuels développements dans les bio-carburants à La Réunion. D’ailleurs, Energreen prévoit de consacrer 2,5 millions d’euros à une bourse qui soutiendra la recherche locale. La mise en service de la centrale étant prévue en septembre 2015, l’attribution du marché par la CRE (Commission de régulation de l’énergie) devrait se faire en janvier prochain.
Données techniques :
Données techniques :
- Fabricant : General Electric (leader mondial des turbines à combustion) ;
- Expérience et fiabilité uniques avec plus de 1 000 unités à travers le monde ;
- Puissance de 40 MW électrique fournie à EDF ;
- Possibilité de démarrage en 10 minutes ;
- Fonctionnement : 1 500 heures/an soit 4 h/jour ;
- Couvre le pic de consommation entre 18 h et 22 h ;
- En fonctionnement maximal : équivalent à la consommation de 100 000 foyers ;
- Carburant : Ethanol-biofuel-diesel ;
- Investissement : 50 millions d’euros ;
- Génie civil du projet : entreprise Léon Grosse.