Des craintes pour l’avenir
À Madagascar, où c'est un euphémisme de parler de crise, le niveau de la monnaie nationale demeure un mystère.
Il y a quelques semaines, L'Eco austral tirait la sonnette d'alarme à propos du niveau d'endettement excessif de certains groupes hôteliers mauriciens. Et nous avions vu juste ! Cet article n’a de toute évidence pas laissé les professionnels du secteur indifférents si j'en juge par les réactions et les demandes d’entretien recueillies depuis. Pour ce nouveau numéro, nous avons choisi de donner la parole au président de l'Association des hôteliers et des restaurateurs de l'île Maurice (Ahrim). Non pas pour qu’il évoque simplement cette question de l’endettement, mais pour faire un tour d'horizon complet du secteur. Car de nombreuses questions se posent aujourd'hui. Certains groupes sont-ils menacés ? Quelle est véritablement la stratégie de Maurice ? Quid de l’accès aérien et des îles Vanille ? Faut-il privatiser Air Mauritius ? Une chose est sûre, l'image de la destination apparaît brouillée et même si Maurice jouit encore d'une belle attractivité en dehors de ses frontières, et notamment sur son premier marché, la France, on peut se demander combien de temps cela va-t-il encore durer. Le plus inquiétant demeure sans doute le flou entourant la stratégie de l’office du tourisme. Et cela contribue à brouiller l’image de la destination, tout comme le slogan « Mauritius c’est un plaisir », un temps délaissé pour « Divine île Maurice », lui-même rapidement abandonné… Pour se convaincre que le secteur vit une période difficile, il suffit de compiler les offres promotionnelles à destination de la clientèle locale. Elles n’ont jamais été si nombreuses. Il est donc loin le temps où les Mauriciens ne pouvaient pas passer la guérite de sécurité des établissements sans se faire refouler. Mais ne nous trompons pas, lorsque la période de vaches maigres sera terminée, tout recommencera comme avant… Mais c’est une autre histoire. La situation du tourisme contraste avec le boom des services financiers ou même des TIC. Et c’est la force de Maurice d’avoir pu et su diversifier son économie. Si tout n'est pas parfait dans ces secteurs, ils enregistrent des taux de croissance appréciables en temps de crise… Le développement des SSII, par exemple, ne fait sans doute que commencer. De même que le commerce électronique qui tarde encore à décoller. Si Maurice a en partie assis la diversification de son économie sur les subsides européens, La Réunion s’est officiellement engagée sur la voie de la « spécialisation intelligente » en vue de concentrer ses ressources territoriales sur des avantages comparatifs forts. La « spécialisation intelligente » est conçue par l'Union européenne comme un outil de la transition régionale vers « Europe 2020 », le nouveau paradigme pour les politiques de cohésion.
Vous découvrirez également dans ce nouveau numéro un point complet sur les arrivées touristiques à Mayotte. Signe que l’île évolue, c’est la clientèle d’affaires qui fait tourner le tourisme local. Il s’agit sans doute là des premiers effets de la départementalisation.
Non loin de là, aux Comores, les affaires seraient-elles sur le point de reprendre pour les entreprises françaises avec la constitution d’un gouvernement un peu plus accommodant pour la France ? Après Colas, c’est désormais Lafarge qui lorgne sur l’archipel. Mais n’oublions pas que les relations d’affaires avec les Comores ont longtemps été placées sous le signe du contentieux… À Madagascar, où c'est un euphémisme de parler de crise, le niveau de l'Ariary, la monnaie nationale, demeure pour moi un mystère. Je peux certes comprendre que les rentrées en devises, et plus précisément en dollars, puissent jouer un rôle de stabilisateur… Mais à quel point, et surtout jusqu'à quand ? À force de faire tourner la planche à billets, les basiques de la théorie économique nous enseignent que cela se traduirait par de l’inflation. À terme, Les risques de dépréciation, puis éventuellement de dévaluation deviennent forts. Or, depuis bientôt cinq années (le temps d'un mandat électoral !), la monnaie demeure relativement stable et l’inflation modeste au regard de ce qu’elle aurait dû être. Au final, je crains tout de même pour l'avenir…