Des pôles éducatifs en partenariat avec les entreprises
Que font les organismes de formation pour répondre aux exigences du marché du travail ? Pour le savoir, nous avons visité trois institutions qui travaillent en étroite collaboration avec les entreprises.
« Je crois dans le partenariat, il faut se mettre ensemble et trouver la bonne synergie », lance Toriden Chellapermal, directeur de MCCI Business School (l’école de la Chambre de commerce et d’industrie). Et ce partenariat fonctionne avec le Dual Training Programme. Il s’agit de se former et de travailler en même temps. Un jeune est pris en charge par une entreprise et celle-ci va le former suivant ses besoins. Un programme qui fonctionne bien avec les entreprises étrangères qui se sont installées à Maurice, alors que les entreprises mauriciennes sont plus hésitantes. « Il y a toute une culture d’entreprise qui doit évoluer à Maurice », note Toriden Chellapermal.
Il s’agit aussi de réconcilier la population avec les métiers, revaloriser l’artisanat. MCCI Business School a lancé une formation en électricité, sanctionnée par un certificat technique des métiers et mise en place en collaboration avec la Mechanical and Electrical Engineering Contractors Association (MEE-CA). Le directeur de MCCI Business School fait ressortir que dans certains pays développés et à hauts revenus comme la Suisse, 60 % des jeunes choisissent aujourd’hui des filières techniques. « Créons des pôles d’excellence en tourisme et en médecine, au lieu de multiplier ! », propose Torriden Chellapermal.
Pas seulement du savoir-faire
À Middlesex University, située à Cascavelle (dans l’ouest de Maurice), 241 étudiants ont trouvé un emploi avant même d’avoir terminé. Dix-huit ont lancé leur entreprise sur un contingent de 367 diplômés en 2022. Les modules sont adaptés à la demande locale et se mettent en place avec la collaboration de Business Mauritius (l’organisation du secteur privé). En février dernier, le Career Festival (foire de l’emploi) a réuni sur le campus de Cascavelle 105 entreprises de différents secteurs économiques. De plus, des experts viennent rencontrer les étudiants durant des échanges réguliers favorisant l’interaction et le partage de connaissance. « Le jeune vient dans ces forums avec ses idées et il est encouragé à créer son entreprise, s’il en a le potentiel et l’envie », indique Dominique Arlanda, directrice des opérations de Middlesex University Mauritius.
Dans le cursus, les étudiants sont aussi préparés, tout au long de l’année, à avoir la « bonne attitude », les life skills, ces aptitudes qui font de tout apprenant un bon citoyen et un professionnel. Un aspect qui est fondamental pour l’intégration en entreprise et dans le monde du travail.
Des accords d’employabilité
De son côté, Polytechnics Mauritius affiche aussi une bonne performance. Pas moins de 371 jeunes sont déjà employés avant même la remise des diplômes (graduation). Institut de formation à l’image des lycées techniques, Polytechnics Mauritius cible les jeunes qui s’orientent vers la pratique des métiers avant la fin du cursus scolaire classique. « Ce qu’il est important de souligner, c’est que nous préparons nos étudiants au monde du travail », souligne Yamal Matabadul, le directeur de Polytechnics Mauritius.
À travers les filières proposées, il s’agit de mettre l’étudiant en situation d’employabilité avec l’objectif ambitieux d’obtenir 100 % d’embauches. « Être qualifié (diplômé) ne signifie pas qu’on est compétent. Or le cycle que nous développons vise à l’acquisition de compétences », insiste Yamal Matabadul. Polytechnics Mauritius met l’accent sur la spécialisation et l’innovation. L’institution propose, par exemple, un programme de Sports et Coaching parmi les 30 programmes développés avec des institutions internationales. Bientôt, des formations seront disponibles dans les secteurs de l’aérien et du maritime… « Nous allons régulièrement vers les entreprises et associations professionnelles comme l’Ahrim (Association des hôteliers et restaurateurs de Maurice – NDLR) et l’OTAM (Outsourcing & Telecomunications Association of Mauritius – NDLR), mais aussi vers des entreprises dont les besoins sont spécifiques, dans les services médicaux et l’informatique, ou encore de façon plus précise en robotique et en automatisation », précise Yamal Matabadul.
Deux grosses entreprises locales se sont déjà positionnées pour recruter tous les diplômés de Polytechnics Mauritius dans un domaine spécifique. Des accords d’employabilité ont été signés avec deux grands groupes hôteliers. Une entreprise veut financer la création d’un laboratoire. Avec déjà cinq campus, le projet d’un sixième à Ebène et un objectif de 5 000 étudiants en 2024, Polytechnics Mauritius affiche ses ambitions.