Desserte maritime et aérienne : les inquiétudes du syndicat de l’importation
Les importateurs montent à leur tour au créneau pour alerter sur les risques de hausses de prix que pourrait entraîner la dégradation de la desserte maritime et aérienne de La Réunion. Fabrice Hanni, président du Syndicat de l’importation et du commerce de La Réunion (SICR), s’explique…
L’Éco austral : Le SICR a pris la parole mi-juin, pour la première fois, sur la desserte de La Réunion. Pourquoi ?
Fabrice Hanni : La crise sanitaire occasionne de nombreuses perturbations dans le trafic maritime, qui a un impact certain sur la chaîne d’approvisionnement, avec des retards qui sont parfois conséquents. La pénurie de conteneurs au niveau mondial et le blocage du canal de Suez en mars dernier n’ont fait qu’accentuer le problème, tout comme l’indisponibilité de deux portiques sur six à Port Réunion. Ce dérèglement entraîne des coûts supplémentaires d’environ 30 % du transport maritime en provenance d’Europe. Pour l’Asie, ces coûts ont été multipliés par 2,5, selon les chiffres fournis par nos adhérents. Concernant le transport aérien, les coûts ont plus que doublé, en raison des motifs impérieux qui impactent les capacités de fret. Nous sommes également préoccupés par l’impossibilité d’exporter certains déchets, puisque le SICR est aussi en charge d’accompagner la structuration des filières de récupération pour plusieurs éco-organismes. Si rien n’est fait, les concessionnaires automobiles vont par exemple devoir stocker les batteries hors d’usage.
Quelles sont les conséquences concrètes de ce dérèglement pour les importateurs ?
Les importateurs sont contraints d’anticiper leurs besoins pour pallier à toute rupture de stock. Certains se trouvent dans l’obligation de sur-stocker, ce qui impacte fortement leur trésorerie et leur capacité d’entreposage. Ces surcoûts finiront par être répercutés sur les consommateurs. La desserte de La Réunion va rester dégradée pendant encore un an au moins, avec des risques réels de dérive des prix, d’autant que les compagnies maritimes ne feront peut-être pas l’effort, après la crise, de revenir à des tarifs raisonnables.
Notre syndicat est engagé dans le dispositif du « Bouclier qualité prix » : nous craignons que des produits de cette liste viennent bientôt à manquer. Tout marchait très bien depuis de longues années. La crise vient nous rappeler nos problématiques insulaires spécifiques. Dès qu’un grain de sable enraye la machine, on prend conscience qu’on est vulnérables, à 10 000 kilomètres…
Dans ce contexte, qu’attendez-vous du Grand port maritime et des pouvoirs publics ?
Le SICR s’est engagé aux côtés des manutentionnaires, des transitaires et des transporteurs dans l’élaboration d’un baromètre du passage portuaire, dans le but de réduire les situations de saturation qu’on constate régulièrement. Nous souhaitons être une force de proposition et, en tant que membre de l’Union maritime interprofessionnelle de La Réunion (UMIR), nous souhaitons que cette instance intègre le conseil de surveillance du Grand port maritime.
Nous lançons d’autre part l’idée d’une aide au fret, comme il en existe une dans le cadre du Feder (Fonds européen de développement régional – NDLR) pour réduire le coût des intrants. Cette aide permettrait de réduire l’impact de la hausse des coûts de transport sur les prix à la consommation.
Le nouveau président du SICR a pris ses fonctions en décembre 2020, succédant à Frédéric Foucque. Fabrice Hanni a travaillé pour Véolia comme directeur financier en Métropole, puis a assumé les fonctions de secrétaire général des compagnies du groupe SAUR aux Antilles et à La Réunion. Il y a cinq ans, il a pris son indépendance pour développer ses propres affaires, à commencer par la société Aqualo qui propose une prestation de surveillance des fuites d’eau avec des objets connectés.
Touche-à-tout, Fabrice Hanni a lancé d’autres activités de B to B : Axoria (optimisation des charges d’entreprises et dégrèvements d’impôts), Aditec (agence web – voir notre article dans ce même numéro), Adeal (relations publiques, gestion de crise) et Astrat (gestion RH). Le président du SICR est très investi dans la vie socio-professionnelle réunionnaise. Il est également président du cluster Green, trésorier de l’antenne locale de l’Association nationale des DRH et membre du conseil d’administration du Medef, dont il préside le Mentor Lab qui met en relation les nouveaux entrepreneurs avec des dirigeants expérimentés.