DIDIER DEMARLY, DIRECTEUR GÉNÉRAL DE MAKE DISTRIBUTION – La grande distribution, c’est son rayon
Didier Demarly bourlingue dans la grande distribution depuis 35 ans et il est âgé aujourd’hui de 53 ans. Faites le compte ! Il est entré par la petite porte, pour un simple job d’été, et il est resté, gravissant tous les échelons. Il relève aujourd’hui un gros challenge avec le développement de Run Market.
Didier Demarly, Parisien pure souche, a roulé sa bosse en France et au Maroc (8 ans), « un pays que j’ai adoré », en travaillant pour des poids lourds de la grande distribution (Carrefour, Intermarché, Leclerc). À La Réunion depuis 2015, où il a été recruté par Leclerc, il se confronte aujourd’hui à un nouveau challenge et pas des moindres. Il a fallu d’abord créer une nouvelle enseigne, « Run Market partenaire Intermarché », et il faut maintenant la développer, ce qui prendra un peu plus de temps. L’entrée sur le marché de Run Market n’est pas passée inaperçue, avec de grosses promotions. Il faut dire qu’en rachetant quatre des sept hypermarchés de Vindémia à son nouveau propriétaire, le groupe Bernard Hayot, la société Make Distribution, qui exploite l’enseigne Run Market, a hérité d’un gros stock.
Il circule à moto pour ne pas perdre de temps
Et la bataille ne fait que commencer, surtout à l'est de Saint-Denis où Leclerc, l’ancien employeur de Didier Demarly, vient d’ouvrir à Sainte-Marie, non loin du centre commercial de Duparc, où se trouve Run Market. Pas loin non plus, il y a le Carrefour de Sainte-Clotilde, exploité par le groupe Bernard Hayot. Décidément, c’est un sacré challenge ! Mais cela ne déplaît pas à Didier Demarly d’endosser le maillot de l’outsider quand il monte sur le ring. Et avoir Intermarché comme partenaire représente un bel atout. Pour Leclerc, se battre contre Jumbo, dont les prix étaient plutôt élevés, c’était plus simple que d’affronter Intermaché qui, d’ailleurs, en France, s’est développé sur le même modèle du regroupement d’indépendants.
Didier Demarly ne perd pas de temps, il circule à moto pour se rendre dans ses quatre hypermarchés situés dans le nord, l’est et l’ouest de l’île, le maillon faible de Make Distribution étant le sud. Il aime parcourir les rayons et s’entretenir avec leurs responsables. C’est un homme de terrain, on le sent et son cursus en témoigne. Il rappelle par moments un certain Jean-Marc Brébion qui a été l’artisan du leadership de Vindémia. Mais c’est une autre histoire. Celle de Didier Demarly, c’est le parcours d’un jeune de 18 ans qui frappe à la porte de Carrefour, en région parisienne, pour un job d’été. On lui propose de rester et il accepte. Le début d’une belle carrière dans la grande distribution où il sera tour à tour chef de rayon, chef de département, chef de secteur et, finalement, directeur de magasin.
De quoi s’initier aux stratégies de marketing. Mais il aime relever de nouveaux défis et le voilà qui s’envole pour le Maroc où il sera le directeur d’exploitation du groupe de grande distribution Marjane, filiale de la holding du roi en personne. « J’ai vécu huit années fabuleuses au Maroc, mais le virus de l’entrepreneuriat commençait à me titiller. » Son frère, qui était adhérent Intermarché, lui parle d’un magasin en difficulté dans l’est de la France, qu’il faut relancer avec la possibilité de le reprendre. Il y va et stoppe l’hémorragie, mais au bout de deux ans et demi, le rachat ne peut se faire. C’est alors que le groupe Excellence, qui exploite l’enseigne Leclerc à La Réunion, le recrute.
La vente de Vindémia : une belle opportunité
Sa première mission sera de développer l’hypermarché Leclerc du Portail, à Saint-Leu, puis de développer le groupe Excellence. Mais la vente de Vindémia au groupe Hayot lui donne l’opportunité de goûter à l’entrepreneuriat. En effet, Didier Demarly est non seulement le directeur général de Make Distribution, mais il en est aussi actionnaire aux côtés de la Société Adrien Bellier (SAB), gros producteur de canne à sucre depuis 1912, de Gabriel Maden, ancien de Leclerc lui aussi, mais au profil plus financier, et qui occupe le poste de président. Le troisième associé opérationnel est Éléonor Chapuis. Un trio de mousquetaires, c’est le cas de le dire quand on parle d’Intermarché, qui apporte son expérience à la SAB. Ils ont compris, lors de la cession de Vindémia, que le groupe Bernard Hayot serait obligé de se délester de plusieurs hypermarchés. À la fois pour ne pas être en position dominante, et être retoqué par l’Autorité de la concurrence, et pour éviter une trop forte proximité géographique avec ses propres hypermarchés à l’enseigne Carrefour.