Du merveilleux… et de la sagesse
« En Afrique, quand un vieil homme meurt, c’est une bibliothèque qui brûle ». Cette belle citation d’Ahmadou Hampaté Bâ, un célèbre écrivain et ethnologue malien, résume en elle-même le poids de la tradition orale dans le berceau de l’humanité, et en particulier en Afrique de l’Ouest.
Mais comment restituer, à l'écrit, le vécu si particulier des contes ?
C'est le pari réussi de l'association le Centre des Dames Mourides (CDM), elle vient d'éditer une bande dessinée « Contes de sagesse d’Afrique – Les deux lézards ».
L'ouvrage raconté par le maître à pensée mouride sénégalais, Cheikh Abdoulaye Dieye, est joliment illustré par l'artiste mauricien Laval Ng. L'ouvrage a la particularité d'être publié en français, anglais et en créole mauricien. Destiné à être lu par la jeunesse, ce contes initiatique, qui remonte les siècles, constitue en fait plus qu'un simple divertissement. Au-delà de son histoire merveilleuse « où les animaux sont toujours doués de la parole », il explique la culture et le monde spirituel de l'Afrique noire. Il soulève des questions essentielles de l'existence à travers de nombreuses métaphores. On y découvre certains thèmes qui sont universels : l'entraide, les bonnes actions qui finissent toujours par être récompensée, la prévention contre les maladies graves ou les questions liés à l'environnement. Il conforte, s'il en est encore besoin, de l'universalité de l'Homme et de l'unicité de notre espèce.
Un beau conte à offrir pour les fêtes. À lire et à relire.
« Contes de sagesse d’Afrique – Les deux lézards » raconté par Cheikh Abdoulaye Dieye, le Centre des Dames Mourides (CDM), Maurice. Disponible dans les librairies Editions Le Printemps, Bookcourt et Le cygne, l'ouvrage est vendu 350 roupies, 8,8 euros.
Cet ouvrage fait suite à un autre recueil « Contes de sagesse d’Afrique » raconté par le même auteur et également illustré par Laval Ng.

Le Mouridisme est une confrérie soufie (un courant ésotérique et initiatique de l'Islam) présente particulièrement au Sénégal et en Gambie (Afrique de l'Ouest). Fondée au début du XXe siècle par le cheikh Ahmadou Bamba, elle forme avec l'autre confrérie, la tijanisme, l'un des éléments fondamentaux de ces sociétés. Les mourides jouent un rôle politique et économique considérable dans ces pays. Certains auteurs analysant leur doctrine par rapport à la richesse et au travail ont fait le parallèle avec le protestantisme, reprenant la célèbre analyse du sociologue allemand Max Weber dans L'Éthique protestante et l'esprit du capitalisme.