EDY PAYET, DÉLÉGUÉ GÉNÉRAL DE L’AGENCE FILM RÉUNION : « Continuons le combat à Paris ! »
Avec l’Agence Film Réunion, dont il est le délégué général, Edy Payet joue un rôle majeur dans le positionnement de l’île sur la mappemonde du cinéma. Il estime aujourd’hui que le combat doit se poursuivre à Paris, au plus près des décideurs.
L’Éco austral : Au terme de cette 8e édition de La Réunion des cinémas, quel premier bilan dressez-vous ?
Edy Payet : Chaque année le niveau de l’Éductour monte en puissance. Aujourd’hui, le cercle fermé des professionnels du cinéma connaît l’Agence Film Réunion et « La Réunion des Cinémas » n’a aucun mal à attirer des participants de très haut niveau. Cette année encore, nous avons accueilli un groupe de professionnels du cinéma exceptionnel et tous, sans exception, nous ont confirmé qu’ils étudieront la piste Réunion lorsqu’ils travailleront sur le développement d’un projet cinématographique. Il faut dire que « La Réunion, terre d’images et de tournage », ce n’est plus seulement un label, c’est devenu une réalité. Nous avons longtemps vécu avec l’unique souvenir de La Sirène du Mississipi, qui date de 1969.
Aujourd’hui, les tournages de longs et courts-métrages, de séries ou de documentaires s’enchaînent. Depuis 2011, La Réunion est devenue une terre de cinéma avec une trentaine de films produits dans l’île. Le Petit Piaf de Gérard Jugnot devrait beaucoup faire parler de lui en 2022 et La Réunion accueille également des tournages de séries à forte audience. Après les six saisons de Cut, deux saisons d’OPJ ont déjà été réalisées ici et nous espérons que cela va continuer parce que ces tournages ont un effet très structurant pour la filière en permettant la montée en compétences de nos professionnels locaux. Quand les producteurs de la série OPJ sont partis tourner la première saison en Nouvelle-Calédonie, ils ont emmené avec eux 17 techniciens réunionnais, dont plusieurs chefs de poste. Et quand le confinement de la Nouvelle-Calédonie a empêché la poursuite du tournage, les mêmes producteurs ont fortement préconisé de le rapatrier à La Réunion, parce qu’ils savaient que les compétences étaient là. C’est une marque de reconnaissance de notre savoir-faire acquis au fil des années.
Au-delà de la préparation de l’éductour, quelles sont les priorités de l’Agence Film Réunion ?
Nous sommes le bureau d’accueil des tournages et, à ce titre, nous répondons quotidiennement à des professionnels en recherche d’informations. Si un projet entre en phase de développement, l’AFR facilite les mises en relation avec les professionnels locaux, les spécialistes des décors… Nous travaillons en parallèle à la structuration de la filière, même si nous ne sommes que trois salariés. Avec l’aide de la Région, nous proposons des ateliers d’écriture, d’acteurs, de production, en faisant venir des intervenants de haut niveau. Nous gérons également les dispositifs écoles, et lycéens et apprentis au cinéma, qui visent à montrer à chaque enfant et adolescent français au moins un grand film du patrimoine. De même, nous organisons, en salle, des projections en avant-première des oeuvres qui ont bénéficié de l’argent public.
L’AFR organise, de plus, diverses rencontres régionales et accompagne régulièrement des professionnels locaux sur des marchés nationaux ou internationaux du documentaire, du court-métrage, de l’animation…
Sur quel axe La Réunion doit aujourd’hui porter son effort pour attirer toujours plus de tournages ?
Il faut axer, développer et renforcer notre présence à Paris, dans les réunions de travail avec les chaînes de télévision, les tables rondes professionnelles, être présents aux côtés des décideurs. La Réunion n’étant pas présente physiquement lors de ces rassemblements, nous ratons des opportunités. Pour l’attractivité et la compétitivité de notre filière, nous devons être présents à Paris. À l’image des Antillais qui font un lobbying intense, même s’ils n’ont pas nos arguments. Ils cherchent d’ailleurs à comprendre la recette de notre succès et essaient de faire venir chez eux un tournage comme OPJ. Il faut bien mesurer que le lobbying finit à un moment par payer et que rien n’est acquis. Nous devons convaincre nos élus de l’importance de ce lobbying à mener là où tout se décide. C’est là-bas que notre combat doit se poursuivre.