Enjeux de souveraineté
La prise de participation majoritaire du groupe mauricien IBL dans Make Distribution, qui détient l’enseigne Run Market, témoigne de l’intérêt que suscite La Réunion auprès des investisseurs étrangers en quête de stabilité. Elle a aussi suscité des inquiétudes et provoqué, en réaction, des appels au patriotisme économique. Celui lancé par Huguette Bello, présidente de la Région, a particulièrement retenti, sans empêcher pour autant l’arrivée d’IBL dans la grande distribution réunionnaise.
En revanche, une idée circule et progresse à la Région : la nécessité de définir, en concertation avec le monde de l’entreprise, quels sont les actifs stratégiques de l’économie réunionnaise et de mettre en place un outil de prise de participation quand un de ces actifs risque d’être racheté. « Si l’on ne définit pas une stratégie, La Réunion va voir nombre de ses entreprises rachetées par des capitaux étrangers, avec des risques de transfert de richesses vers l’extérieur », prédit Pascal Plante, élu régional en charge de l’Internationalisation des entreprises.
« Cette doctrine nous dira dans quel cas il est nécessaire d’investir ou bien s’il est préférable de laisser jouer la logique de marché, ajoute Frédéric Bénard, membre du cabinet d’Huguette Bello, en considérant qu’un investissement étranger peut amener de la compétitivité. Mais l’étroitesse de notre marché nous oblige à nous doter d’un tel outil. » La plupart des pays du monde, à commencer par l’île Maurice, sont attachés à faire respecter leur souveraineté économique. Une telle démarche sera sans doute plus complexe à faire aboutir dans une région d’Outre-mer qui veut, en même temps, s’ouvrir davantage à ses voisins.