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Madagascar

Filière manioc : l’or blanc du Sud fait à nouveau rêver

Portée par l’enthousiasme de son jeune promoteur, la start-up Malakass fait le pari de produire de la farine de manioc de haute qualité dans la région Atsimo-Andrefana. En vue, le marché européen.

Houssen Mebobaly (à dr.), fondateur de Malagasy Cassava (Malakass), ambitionne de produire 1 000 tonnes de farine de manioc par an.    ©Droits réservés
 

Fondée en 2021 par Houssen Mebobaly, la société Malagasy Cassava (Malakass) entend contribuer au développement de la culture du manioc dans la région Atsimo-Andrefana (sud-est de l’île). De retour à Madagascar en 2019, après une douzaine d’années passées en France pour ses études et un début de carrière comme chargé d’affaires auprès de BNP Paribas, il est « frappé par le potentiel sous-valorisé » de la filière manioc dans sa région natale. « Je me désolais de voir tout ce manioc séché au bord de la route, acheté à bas prix par des collecteurs, sans souci de valorisation du produit, alors que la consommation de farine de manioc est en hausse en Europe. » 
Le diplômé de l’Institut des hautes études économiques et commerciales (Inseec) décide de passer aux travaux pratiques par l’installation d’une usine entièrement aux normes qui permettra de transformer « l’or blanc du Sud », en farine de haute qualité. Cette farine, certifiée bio et équitable, sera destinée au marché local mais également aux pays européens de plus en plus amateurs de ce tubercule sans gluten qu’est le manioc, utilisé notamment en boulangerie artisanale et industrielle. C’est aujourd’hui la cinquième plante la plus consommée au monde, juste derrière le riz, le blé, le maïs et la pomme de terre.
La future usine sera idéalement située à proximité des champs de manioc, mais aussi de la route nationale 7 pour l’approvisionnement du marché local et du port international de Toliara (Tuléar) pour l’exportation. Elle aura, à terme, une capacité de production de 1 000 tonnes par an, appuyée sur un réseau de plus de 200 paysans, dont une grande partie sera regroupée au sein de la coopérative Malakass (KAM), fondée par Malakass et dirigée par une jeune agricultrice solidement implantée dans la région. Les premiers recrutements ont commencé et les essais vont pouvoir démarrer. 
« J’ai démarré l’activité en y investissant mes propres économies et grâce au soutien de ma famille », confie Houssen Mebobaly. Toutefois, pour mettre l’usine en service et changer d’échelle, il a ouvert son capital à deux investisseurs à impact : Miarakap, un fonds dédié au financement des PME, et Insaan Group, une entité internationale qui alloue des capitaux philanthropiques pour lutter contre la pauvreté. 

Investissement à impact social 

Convaincus par le projet, les compétences et la forte vision du promoteur, ils ont décidé d’investir plus de 200 000 euros dans la start-up pour une prise de participation minoritaire. Les discussions ont été entamées il y plus de deux ans, mais le projet n’était pas assez avancé à l’époque. Le jeune entrepreneur a ensuite impressionné par sa détermination, sa prise de risque personnelle et sa capacité à construire un projet solide, en se montrant ouvert aux recommandations.
L’appui va permettre à la jeune société de mettre en service l’usine, structurer son réseau d’approvisionnement, obtenir les certifications indispensables pour l’export et mettre en oeuvre les actions commerciales et de communication qui permettront à la marque d’être largement distribuée à Madagascar. 
Il devrait également aider dans la mise en place de la stratégie commerciale à l’export où les marchés sont très conséquents, et contribuer à mobiliser d’autres financements pour participer à l’émergence d’une filière solide qui contribuera au développement du Sud-Est.