Frédéric Hoareau, leader du courtage en crédit immobilier
Avec CréditRéunion, qu’il a fondé en 2016, cet entrepreneur réunionnais est devenu le leader du courtage en crédit immobilier. Une activité qu’il diversifie avec le rachat de crédit à la consommation et le financement de projets professionnels. Le tout appuyé par des innovations technologiques.
Détenteur d’un Master, d’un DEA et d’un DESS en finance, Frédéric Hoareau a commencé son parcours professionnel dans le secteur bancaire (sept ans à la BFC et un an à la BR). Ensuite, il s’est lancé avec sa soeur, elle-même issue du monde bancaire, dans le courtage en prêts immobiliers. Pendant dix ans, il a développé la franchise Meilleurstaux. com, qui domine le marché national au coude-à-coude avec Cafpi, avant de choisir de voler de ses propres ailes en créant CréditRéunion en 2016.
La personne qui fait appel à ses services aura à débourser des frais de dossier, à hauteur de 1 % du montant du prêt, seulement s’il est accordé. Ce qui ne lui coûte pas forcément plus cher qu’en s’adressant directement à une banque qui applique également des frais de gestion. Mais le gros avantage est de pouvoir comparer toutes les offres en un seul rendez-vous et de bénéficier de conseils sur mesure. Il ne s’agit pas seulement d’obtenir le meilleur taux, mais d’avoir des modalités (notamment la flexibilité) qui répondent le mieux à ses besoins.
CréditRéunion s’enorgueillit d’atteindre un taux de transformation de 97 % contre 55 % pour la moyenne nationale.
L’entreprise, qui dispose de six agences disséminées sur tout le territoire, développe aussi une activité de courtage en assurance, en lien avec les prêts immobiliers : décès, incapacité, invalidité… Là encore, le courtier a l’avantage de pouvoir choisir le produit le mieux adapté à son client, avec le meilleur rapport qualité-prix.
PROGRESSION
Frédéric Hoareau ne regrette pas son choix de l’indépendance puisque son chiffre d’affaires en courtage de prêt immobilier a atteint en quatre ans le niveau qu’il avait mis dix ans à atteindre en tant que franchisé. Une très belle croissance : 1,3 million d’euros en 2016, 1,5 million en 2017, 1,8 million en 2018 et 2 millions en 2019. Cela représente un volume de 500 dossiers de prêts (sur 1 500 qui passent par courtier), sachant que CréditRéunion n’est qu’un intermédiaire auprès des banques qui le rémunèrent à 2 %. Cinq cents dossiers avec un montant moyen de prêt de 200 000 euros, cela représente un total de 100 millions d’euros de financements.
Le marché est porteur puisque seulement un acheteur sur trois fait appel au courtage et qu’on devrait atteindre les 50 % d’ici à cinq ans. Devenu leader, CréditRéunion se diversifier avec une offre de rachat de crédit à la consommation lancée en novembre 2019. Un service qui ne déplaît pas aux banque, là encore, car il évite des surendettements. Tout récemment, il vient aussi de créer une filiale, Mahavel Développement, spécialisée dans la promotion immobilière. Autre diversification : le financement de projets professionnels qui devrait être lancé en juin 2020. « C’est un métier de savoir présenter un dossier à une banque, explique Frédéric Hoareau, et cela prend du temps. »
Avec ce développement soutenu, CréditRéunion crée des emplois. On en comptait 30 en 2019, on est passé à 36 en 2020, soit une belle progression de 20 %. Pour être précis, il s’agit de 11 salariés directs et de 25 mandataires indépendants qui ne travaillent que pour Crédit- Réunion dans ses six agences à travers l’île.
INNOVATION
Passionné d’informatique, Frédéric Hoareau s’est séparé de son franchiseur notamment pour innover davantage. Les 100 000 euros de royalties qu’il lui versait chaque année, il les consacre désormais à la R&D (recherche & développement) en ayant ses propres ingénieurs (quatre Réunionnais). Sa première innovation a été de réaliser un outil métier et un CRM sur une même plateforme, ce que les grosses enseignes de courtage ne proposent pas. Ensuite, CréditRéunion est passé à l’intégration électronique des documents, permettant de transmettre aux banques des dossiers dématérialisés. Des dossiers qui arrivent directement au centre de décision, de quoi gagner deux à trois semaines.
Autre innovation : une application mobile destinée à la fois aux agents immobiliers et aux particuliers qui recherchent un prêt. Cette application a demandé huit mois de développement dont six mois d’acquisition de connaissances, la difficulté étant de faire cohabiter sur la même plateforme un modèle totalement « open » et un modèle « fermé », le CRM.
Actuellement, l’équipe d’ingénieurs de CréditRéunion travaille sur une nouvelle plateforme, qui s’adresse aux artisans du bâtiment (tous corps d’état) et aux particuliers qui font construire, avec l’ambition d’être bien plus qu’une simple plateforme de courtage en travaux. Des avis pourront être émis par les clients, sous contrôle de CréditRéunion qui agit ici encore comme intermédiaire. Le client faisant appel à un artisan réglera le courtier qui lui-même réglera l’artisan à condition que les travaux soient réalisés. La plateforme, qui sera lancée fin 2020, apportera différents services aux artisans, juridiques notamment, mais surtout elle leur apportera la garantie d’être payés. Sans avoir à courir après leurs sous, ce que beaucoup n’ont pas toujours le temps de faire. Les clients, de leur côté, seront également tranquillisés et ils pourront disposer d’un devis de façon quasiment instantanée. Le modèle économique repose sur les contributions des artisans sélectionnés (en pourcentage de chiffre d’affaires).
En matière de management, Frédéric Hoareau a déployé une organisation transversale avec quatre co-gérants qui se partagent les secteurs géographiques et les secteurs d’activité. Depuis la création de l’entreprise, il a choisi de « vivre dans la co-construction » avec ses collaborateurs. Une façon d’entretenir sa propre motivation.
DYNAMISME À L’EXTÉRIEUR
CréditRéunion travaille avec toutes les banques implantées à La Réunion, y compris Orange Bank, mais aussi avec des banques extérieures comme ING et Axa Bank. L’ouverture d’esprit caractérise Frédéric Hoareau, passionné de nouvelles technologies et de jazz. La dernière application, en cours de développement, reprend des concepts différents, élaborés notamment par de grands acteurs du Web comme Facebook, Booking.com et Pinterest.
Son dynamisme à l’extérieur va aussi se concrétiser à travers une implantation à Mayotte, prévue fin 2020. Cette année sera décidément très chargée. « Je crois que je ne vais pas prendre de vacances », plaisante Frédéric Hoareau. À Maurice, il est en phase d’approche et tout va dépendre de l’accueil des banques.
ENGAGEMENT CITOYEN
Avant toute chose, Frédéric Hoareau s’efforce de créer de la valeur au profit du territoire. Abandonner la franchise Meilleurstaux.com était un pari risqué. Mais cela a permis de créer quatre emplois d’ingénieurs informaticiens. Le développement de plusieurs projets et la diversification des activités permettent de créer d’autres emplois. Une activité comme le rachat de crédit a aussi un impact sociétal en évitant le surendettement de nombreuses personnes. D’ailleurs, si CréditRéunion affiche un taux de transformation de 97 % pour les prêts immobiliers, c’est grâce à une bonne approche de sa clientèle. « Il y a 30 % de demandes qu’on n’honore pas car on voit bien que les gens vont aller droit dans le mur, explique Frédéric Hoareau. Il faut alors faire de la pédagogie et éventuellement différer, c’est ce qui se passe bien souvent. » Le dirigeant de CréditRéunion constate qu’il existe énormément de cas de surendettement non identifiés. « Il faut alors trouver une sortie par le haut avant que la personne ne se retrouve avec un interdit bancaire. »
La nouvelle plateforme en cours de développement, destinée aux artisans et à ceux qui ont des travaux à réaliser, aura aussi un impact sociétal en structurant mieux le secteur. Il est fréquent que des artisans mettent la clé sous la porte, non par manque de rentabilité, mais à cause d’un gros volume d’impayés.
À signaler que si l’entreprise réalise environ 10 % de résultat net par rapport à son chiffre d’affaires (un beau ratio), elle ne distribue pas de dividendes, préférant, pour le moment, tout investir dans son développement.