La covid-19 accélère la mutation de l’offre de bureaux
Avec la pandémie, beaucoup de salariés ne travaillent plus comme avant. Mais la covid-19 n’a pas tué les bureaux. Les promoteurs, en particulier dans les smart-city, proposent une alternative au télétravail, associant proximité, convivialité et protection de la santé.
Gaëtan Siew, ancien président de l’Union internationale des architectes, souligne qu’une smart-city s’articule autour du triptyque work-live-play (travail, habitation et loisirs). La covid-19 a transformé, parfois radicalement, les formes de travail. La plus frappante étant l’apparition, puis la banalisation, du télétravail. L’un des indicateurs de cette mutation mondiale est l’explosion des ventes d’imprimantes.
Pour Jean-Paul Boyer, Head of Broking à Broll Property Group, la plus grande société de services immobiliers en Afrique, il y a clairement un impact. Conséquence de cette mutation : « Les entreprises réduisent leurs coûts d’exploitation, un de mes clients a réduit sa surface de 60 % en diminuant ses espaces administratifs. Concrètement, les entreprises quittent leurs bureaux devenus trop grands. » Si les métiers du BPO et des TIC sont touchés, l’inscription de Maurice sur la liste noire de l’Union européenne n’arrange pas les choses. « Les services financiers sont de gros clients d’espaces de bureaux », grimace un promoteur qui constate que ça se vide à Ebène, la « cyber-cité », qui hébergeait beaucoup d’acteurs de ce secteur.

Travailler autrement
Georges Talbotier, CEO du groupe Trimetys, ne conteste pas cette évolution, mais, selon lui, « la crise de la covid-19 a été un élément déclencheur pour de nombreuses entreprises. Elles ont décidé de créer des bureaux régionaux pour limiter les déplacements de leurs employés. Tamarin (où Trimetys développe une smart-city – NDLR) doit maintenant répondre à cette demande alors que ce village balnéaire était jusqu’alors principalement résidentiel ».
La covid-19 comme accélérateur d’une tendance, c’est confirmé par Johan Pilot, CEO d’ENL Property. « C’est en janvier 2020 que nous avons lancé Oficea. Les espaces professionnels que cette entreprise commercialise sont, non seulement des bureaux, mais aussi et surtout des lieux de vie où l’accent est mis sur le confort et l’épanouissement de ceux qui y travaillent. » Oficea gère et commercialise actuellement un parc immobilier professionnel de plus de 30 000 m². Quant aux bâtiments de la smart-city d’ENL, ils ont reçu la certification LEED for Neighborhood Development, un standard de qualité environnementale intégrant des éléments de santé publique et de confort des occupants.
Chez Terra, autre groupe impliqué dans un projet de smart-city, Émeric Vigier de Latour, Communication Manager, explique : « Nous nous sommes adaptés à ce nouveau contexte. Outre le télétravail, les entreprises veulent plus de flexibilité. Nous proposons des unités de 27 m² qui peuvent être doublées ou triplées. Il suffit de supprimer les cloisons pour offrir plus d’espace. »
« Je vois l’émergence d’une combinaison entre du télétravail, du coworking (espace de travail partagé entre salariés) et du Flex Office (bureau flexible, il s’agit de l’absence de bureau attitré sur le lieu de travail – NDLR) », annonce Jean-Paul Boyer. Selon Johan Pilot, « l’avenir des bureaux se trouve dans le coworking et l’hôtellerie de bureaux (qui propose des options de restauration, de conciergerie, des salles de sport et de conférence…) ».

C’est en partant de ce constat que le promoteur Saeed Currimjee, CEO d’Accura Real Estate Development, a lancé en août 2020 le Bagatelle Junction. Bâti sur quatre niveaux, à proximité du Bagatelle Mall, il propose des espaces de petites et moyennes superficies pour des bureaux et des commerces. Il a nécessité un investissement de 450 millions de roupies (10 millions d’euros). Les ventes se font en Vefa (Vente en l’état futur d’achèvement) avec la sécurité d’une GFA (Garantie future d’achèvement). La commercialisation a déjà permis d’obtenir un taux de 25 % de réservations en moins d’un mois. Les travaux débuteront en août 2021 pour une livraison au deuxième trimestre 2023. L’immeuble de 11 600 m², dont 50 % d’espaces communs, inclura un jardin intérieur, une grande terrasse, ainsi que deux niveaux de parkings souterrains. Bagatelle Junction accueillera aussi un restaurant de 75 m² et deux salles de réunion communes, accessibles sur réservation. « Se lancer dans une telle aventure peut sembler risqué dans le contexte de crise de la covid-19, mais le nombre de réservations reçues depuis le mois d’août 2020 confirme que nous ne nous sommes pas trompés », analyse Saeed Currimjee