La Réunion vit de plus en plus à crédit
La première étude réalisée sur l’endettement des ménages réunionnais montre qu’ils sont moins nombreux à être endettés qu’en Métropole. Mais leur niveau d’endettement se révèle supérieur. Si l’on ajoute les entreprises, l’endettement par rapport au PIB est nettement supérieur à la moyenne nationale.
En Métropole, 45 % des ménages ont un crédit à rembourser, contre 38 % à La Réunion. Et ce n’est pas la banque qui leur refuse le crédit, le taux de refus est ici de 3 %, identique à la Métropole. En réalité, « 15 % des ménages renoncent à demander un crédit en pensant qu’il serait refusé, contre 9 % en Métropole ».
« À La Réunion, 30 % de ménages consacrent plus d’un tiers de leurs revenus mensuels au remboursement de leurs dettes, soit 35 000 ménages en situation budgétaire risquée. Cette proportion est bien plus forte qu’en France métropolitaine (18 % en 2010). » Pour 5,2 % des ménages endettés, le remboursement dépasse même 40 % de leurs revenus. La plupart de ceux qui se retrouvent dans cette situation délicate sont victimes d’un aléa de la vie, une fois sur deux une perte d’emploi. Malgré cela, on déplore seulement 31 incidents de crédit pour 1 000 à La Réunion, contre 46 en Métropole.
L’encours total de tous les crédits bancaires contractés à La Réunion s’élève à 21 milliards d’euros, soit + 30 % en 10 ans. Ce sont les entreprises qui empruntent toujours le plus, devant les ménages. Les collectivités locales comptent pour moins de 20 % dans le total des encours de crédits. Ce montant de 21 milliards d’euros est nettement supérieur au PIB de La Réunion (18,5 milliards), alors que sur l’ensemble de la France, l’encours de crédits est inférieur : 2 126 milliards d’euros d’encours de crédits aux ménages et aux entreprise en 2017, contre 2 292 milliards d’euros de PIB la même année.
L’encours des crédits immobiliers contractés par des entreprises a augmenté de + 47% en 10 ans, alors que l’encours des crédits pour des investissements n’a progressé que de + 15 % en 10 ans. Les ménages s’endettent en priorité pour leur maison (6,7 milliards d’euros), loin devant le reste (2 milliards d’euros), alors que les entreprises s’endettent à part égale pour l’immobilier (4 milliards d’euros) et les investissements (4 milliards d’euros) et, loin derrière, pour disposer de trésorerie (500 millions d’euros).
L’encours des crédits immobiliers contractés par les ménages réunionnais a augmenté de +50 % sur 10 ans, passant de 4,5 milliards d’euros en 2008 à 6,7 milliards en 2018.
Si l’encours total des crédits des entreprises et des ménages est assez proche (9 milliards contre 8,6 milliards), il faut tenir compte du fait que le nombre de ménages est près de dix fois plus important que celui des entreprises.
Si l’encours augmente, le taux de créances douteuses baisse : il était de 6 % en 2012, 5 % en 2014, 4 % en 2016, et il est aujourd’hui en dessous de 3,5 %.
La Cour de Cassation vient de juger recevable la demande d’un dirigeant de société qui s’était porté caution pour sa société et s’est retrouvé dans l’impossibilité de faire face à ses engagements. En première instance, par décision du 16 mars 2018, le tribunal d’instance de Versailles a donné raison à la commission de surendettement qui avait jugé son dossier irrecevable au motif que les dettes de l’intéressé étaient professionnelles. Mais, par son avis n°772 du 6 juin 2019, la Cour de Cassation (2e chambre civile) a cassé et annulé ce jugement et a renvoyé l’affaire devant le tribunal de Pontoise. Selon l’avis de la Cour de Cassation, basé sur l’article L. 711-1, du code de la consommation : « Caractérise une situation de surendettement l’impossibilité manifeste pour une personne physique de bonne foi de faire face à l’engagement qu’elle a donné de cautionner la dette d’une société, qu’elle en soit ou non la dirigeante. »