Eco Austral – Actualités économiques et entreprises de l'Océan Indien

Réunion

À la veille de la présidentielle, les attentes du monde économique

Les représentants du monde économique réunionnais ont exprimé leurs attentes et leurs propositions à la veille de la présidentielle. Mais l’ordre des priorités risque d’être bouleversé par la crise géopolitique en cours.

Le monde économique, local comme national, a exprimé ses attentes pour le prochain mandat présidentiel avant que n’éclate la guerre en Ukraine. L’évolution dramatique du contexte géopolitique et ses conséquences pour l’heure incalculables sur l’économie, bouleverseront sans doute l’ordre des priorités dans les prochains mois. La crise de l’énergie qui se profile s’annonce au moins aussi violente que la crise sanitaire qui tire – lentement – à sa fin. « Le risque est que, dans l’actualité intense, les enjeux des Outre-mer soient oubliés dans la campagne présidentielle », écrivait Hervé Mariton dans la lettre de la Fedom, peu après nous avoir accordé un entretien. Les représentants du monde économique espèrent malgré tout être entendus. D’une organisation à l’autre, une même attente s’exprime : celle d’un cadre législatif qui donne aux entreprises ultramarines une visibilitésur au moins dix ans, à travers une loi-programme ou un statut spécifique pour les entreprises d’Outre-mer.

CPME : pour un statut de l’entreprise ultramarine

La Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME) nationale avait inclus les sujets ultramarins dans ses propositions pour la présidence française de l’Union européenne, en proposant de placer les PME des Régions ultrapériphériques (RUP) au coeur de l’action communautaire. Son livre blanc Cap France PME 2022-2027, qui regroupe ses propositions pour la prochaine mandature, comprend, de même, une série de propositions pour les territoires de la France océanique : 
• Le maintien de l’octroi de mer et de taux d’imposition réduits pour certains produits ;
• La mise en oeuvre d’un statut de l’entreprise ultramarine, dans un cadre stabilisé pour une période minimale de dix ans ;
• Le développement de la coopération commerciale entre les Outre-mer et les pays de leur voisinage. 
• La CPME met également en avant la « stratégie du bon achat » (SBA) élaborée à La Réunion pour transformer l’achat public en un acte économique au bénéfice du territoire, et propose de la généraliser.

Medef Réunion : pour une loi programme

Le Medef Réunion a fait connaître fin février ses propositions pour la prochaine décennie et ses questions aux candidats, sur la base des travaux de son think tank Croissance et Territoire animé par Philippe Jean-Pierre. Elles s’articulent autour de quatre axes : « gérer la sortie de crise », « renforcer la résilience du tissu économique », « la RSE levier du vivre ensemble » et « l’ouverture tous azimuts ». Le Medef propose notamment :
• D’abonder les lignes de financement dédiées à la compensation des surcoûts et mobiliser pour l’économie locale l’excédent des recettes d’octroi de mer quand elles dépassent le montant budgétisé initialement ;
• La relance de la construction ;
• Le vote d’une loi-programme pour « rendre le cadre financier plus lisible » ;
• Le renforcement des fonds de proximité ;
• Le transfert à l’État des compétences sur les zones d’activités économiques ;
• La réduction de l’impact carbone des déplacements et des transports liés au fonctionnement de l’économie et de l’impact des déchets des entreprises ;
• La création d’une zone franche portuaire dédiée à l’export.

UNAPL : formation, transmission d’entreprise…

Outre la création d’un observatoire des professions libérales ultramarines, l’Union nationale des professions libérales (UNAPL) Réunion a formulé des propositions précises dans plusieurs domaines :
• La parité et l’inclusion : préserver l’outil de travail des indépendantes pendant les congés maternité, prolonger le crédit d’impôt pour la garde d’enfant au-delà de 6 ans ;
• La formation : adapter l’enseignement et l’orientation à la réalité des entreprises et des professions libérales et de leurs salariés ;
• La transmission d’entreprise : prévoir notamment des exemptions fiscales pour les transmissions intergénérationnelles ;
• La lutte contre les violences faites aux femmes : financer le parcours d’accompagnement des victimes.