LANCEMENT D’UN MÉDICAMENT MALGACHE CONTRE LA COVID-19 – Des essais cliniques validés par l’OMS
L’entreprise publique Pharmalagasy a lancé le CVO+ pour soigner la covid-19. Une version en préventif est également commercialisée ainsi qu’un complément alimentaire. Pharmalagasy vise le marché africain et a déjà déposé une demande auprès des autorités de santé à Maurice.
C’est une grande première mondiale. Le Centre national de recherche pharmaceutique (Cnarp), opérant depuis 45 ans dans la Grande Île, a mis au point avec la société Bionexx, productrice d’artémisinine, une substance active contenue dans l’Artemisia annua (armoise annuelle), des traitements contre la covid-19. Ils sont produits et commercialisés par l’entreprise publique Pharmalagasy, dirigée par Pierre Raoelina Andriambololona.
Bionexx, fondée à Madagascar et dirigée par le Français Charles Giblain, a constitué un réseau de paysans qui cultivent l’Artemisia annua (armoise annuelle) pour en extraire l’artémisinine qu’elle exporte ensuite sur le marché européen.Bionexx est ainsi devenue l’un des principaux producteurs de cette molécule qui permet de produire les ACT (Artemisinin-based Combination Therapy, combinaisons à base d’artémisinine), soit les traitements les plus efficaces à l’heure actuelle contre le paludisme. Mais combinée à d’autres molécules, l’artémisinine se révèle également efficace contre le SARS-CoV-2, le virus de la covid-19 qui sévit dans le monde entier depuis plus de deux ans. C’est ainsi que le CVO+ préventif, le CVO+ curatif ainsi qu’un complément alimentaire, baptisé Artemis, ont pu voir le jour.
Une équipe de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), comprenant des membres du Comité consultatif régional d’experts sur la médecine traditionnelle pour la riposte à la covid-19 (REACT) et du secrétariat, a rendu visite, du 14 au 18 février derniers, aux autorités politiques de Madagascar et aux institutions impliquées dans le CVO+.
Traitement bon marché
Ce médicament naturel, conditionné sous forme de gélules, comprend de l’artémisinine, du ravinstara (camphrier de Madagascar dont on tire traditionnellement des huiles essentielles) et différents excipients. La différence entre le traitement préventif et le curatif réside dans le dosage. Quant au complément alimentaire, il a surtout pour avantage de pouvoir être plus facilement autorisé à la commercialisation.
Les essais cliniques du CVO+ curatif réalisés jusqu’en phase 3 et validés par l’OMS se sont terminés en juin 2021 et ont concerné 339 personnes. Réalisés en « double aveugle », c’est-à-dire face à un placebo, ils ont révélé 87,1 % d’efficacité contre des formes légères et modérées de covid-19 après 28 jours de suivi : 70,45 % des patients ont été guéris dès le 14ème jour. Les formes graves n’ont pas été traitées pour des raisons d’éthique médicale. Mais certains témoignages montrent que des malades à l’article de la mort ont pu être sauvés en faisant appel au CVO+ curatif. Le traitement, effectué sur 15 jours (avec trois gélules par jour) a l’avantage d’être bon marché puisque la boîte de 45 gélules est vendue à Madagascar au prix de 18 000 ariary (4 euros). Quand il sera exporté, son prix public pourrait se situer entre 20 et 25 euros. Ce qui est sans commune mesure avec les médicaments qui devraient être proposés par les grands laboratoires internationaux… et permet de penser qu’on essaiera sans doute de « torpiller » le médicament malgache.
L’OMS recommande des essais cliniques plus larges et dans d’autres pays. Et les autorisations de mise sur le marché (AMM) aux États-Unis et en Europe ne seront pas accessibles facilement. Aussi, Pharmalagasy entend se focaliser sur l’Afrique dans un premier temps. Une demande a déjà été formulée auprès des autorités de santé de Maurice. Le professeur Dhanjay Jhurry, président de l’Université de Maurice, a d’ailleurs été impliqué dans la phase 2 des essais cliniques, en compagnie du Dr Thomas Lodi, directeur de Integrative Oncology (Thaïlande) et du Dr Nathan Goodyear de Oasis of Healing (Arizona, États-Unis). À La Réunion, le médicament ne sera pas disponible de sitôt, d’autant que la France est l’un des pays les plus en retard dans la mise sur le marché des ACT contre le paludisme. En attendant, les Réunionnais se rendant Madagascar peuvent déjà se procurer du CVO+.
Le traitement préventif contre la covid-19 a commencé à Madagascar par une tisane élaborée à partir de l’Artemisia annua (armoise annuelle) et promue par le président Andry Rajoelina. Dans ce pays où l’on est habitué depuis très longtemps à consommer de la chloroquine – molécule proche de l’artémisinine contenue dans l’armoise annuelle – contre le paludisme, le nombre de morts de la covid-19 est évalué à un millier. Un taux particulièrement faible pour un pays qui compte plus de 26 millions d’habitants. À Maurice, on compterait environ le même nombre de morts mais pour une population de 1,3 million d’habitants, alors que la vaccination a été généralisée. À Madagascar, on estime le taux de vaccination à seulement 4 %.