L’année de toutes les ambitions pour la Commission de l’océan Indien
Son secrétaire général, Jean-Claude de L’Estrac, est bien décidé à laisser son empreinte. Il voudrait faire de la COI une Communauté de l’océan Indien, lui donner plus de moyens et peut-être même l’élargir.
« Cette année 2014 sera celle des grands rendez-vous avec, le plus important pour nous, celui du Sommet des chefs d’État et de gouvernement de la COI, prévu en juillet à Moroni. Un événement puisque le dernier sommet remonte à 2005. »
Jean-Claude de l’Estrac, secrétaire général, vient de fêter les 9 et 10 janvier, aux Seychelles, les 30 ans de l’organisation régionale et se sent pousser des ailes. D’autant plus que l’élection présidentielle malgache s’est bien déroulée et que la normalisation en cours redonne de l’attrait à ce « grand marché à nos portes ».
Longtemps discrète et considérée par certains – notamment dans les milieux économiques – comme un « machin » inutile, la COI a pris du poids et de la visibilité en centralisant ses services dans la cybercité d’Ebène et en recrutant de nouveaux collaborateurs, dont quelques grosses pointures. Un diplomate français, François Vuillemin, a même été recruté comme directeur général pour épauler Jean-Claude de L’Estrac qui multiplie les voyages et voudrait changer la dénomination de la COI pour en faire non plus une commission mais une communauté. Son secrétaire général, ancien ministre et homme politique, n’oublie pas non plus qu’il a été chef d’entreprise. Le changement de nom doit, selon lui, s’accompagner de moyens supplémentaires.
Pour le moment, les États membres ne contribuent que faiblement. Le bailleur principal reste l’Union européenne, à 70%, mais il s’agit de financements liés à des projets spécifiques et lorsque les programmes sont terminés, cela rend difficile le suivi. Il voudrait donc convaincre les États membres de s’impliquer davantage, ce qui entraînerait d’ailleurs un effet de lever puisque, selon le principe de co-financement cher à l’Union européenne, sa contribution augmentera en proportion. En attendant, dans le cadre du 11e FED (Fonds européen de développement), prévu sur 2014-2020, la COI table sur un apport d’environ 125 millions d’euros (contre 112,5 millions d’euros auparavant). Mais il existe une enveloppe de 600 millions accessible pour des projets d’infrastructure.
L’idée du secrétaire général est de convaincre Bruxelles que cette notion d’infrastructure peut être différente dans des îles. « Pour nous, les routes, ce sont des routes maritimes… » Les dossiers des liaisons maritimes, aériennes et Internet lui tiennent à cœur. Et il n’exclut pas un soutien public – via l’Europe – en faveur d’une compagnie maritime régionale qui resterait néanmoins une initiative privée. Ce soutien financier serait néanmoins limité dans le temps. En matière de financement, la COI regarde aussi du côté du fonds des Nations unies en faveur des Petits États insulaires en développement (PEID) qui pèse 100 milliards de dollars.
De quoi faire rêver.
TOUJOURS L’IDÉE D’UNE COMPAGNIE AÉRIENNE RÉGIONALE
Jean-Claude de L’Estrac n’oublie pas son idée de compagnie aérienne régionale. « Les coûts de l’aérien demeurent exorbitants. À distance égale, nous sommes à 165% plus chers qu’ailleurs… En 2013, sur un milliard de voyageurs dans le monde, l’indianocéanie ne représente que deux millions seulement. En raison des difficultés de connexion et des coûts élevés. »
Le secrétaire général de la COI rêve d’un modèle « low-cost » sur les liaisons régionales comme cela se fait un peu partout dans le monde alors que, sur le long-courrier, on assiste à des fusions et des regroupements. « Quatre compétiteurs dans la région (Air Mauritius, Air Austral, Air Madagascar et Air Seychelles – Ndlr) pour deux millions de voyageurs, c’est trop. » Jean-Claude de L’Estrac prône la fusion ou bien, si cela ne peut se faire, l’adoption en commun d’un partenaire stratégique pour atteindre la masse critique.
Autre question qui fait débat, celle d’un élargissement éventuel au Sri Lanka qui a fait une demande officielle, sans compter les Maldives qui ont exprimé leur intérêt.
« Il y a effectivement un débat au sein de l’organisation car la COI est constituée de pays ACP, ce qui n ‘est pas le cas du Sri Lanka, mais c’est un pays au fort potentiel. La question est aussi de savoir s’il faut élargir ou d’abord commencer par consolider ce qui existe. Il est peut-être possible de faire les deux en même temps », souligne Jean-Claude de L’Estrac qui a décidément placé l’année 2014 sous le signe de l’ambition.
– 14-15 mars : Comité de haut niveau du Fonds européen de développement (FED) à Bruxelles ;
– Mars-avril : Conseil des ministres de la COI à Moroni (Comores) ;
– Avril : Conférence de la COI sur l’économie bleue à Maurice ;
– Mai ou juin : Rencontre des ministres du Tourisme et des Transports à Maurice ;
– Juillet : Sommet des chefs d’État et de gouvernement de la COI à Moroni (le président français François Hollande devrait y être) ;
– Septembre : 3e Conférence internationale des Nations Unies sur les Petits États insulaires en développement (PEID), à Samoa, dans le Pacifique.