LAURIANE PALLANY, DRH CHEZ EVACO : « La force de l’expérience a encore beaucoup d’attrait pour nous »
Avec plus de 700 salariés, le groupe Evaco est présent dans de nombreux secteurs qui exigent des savoir-faire et du savoir-être. D’où le besoin de déployer une stratégie dans la gestion des ressources humaines. Explications avec sa DRH, Lauriane Pallany…
L’Éco austral : Votre groupe, Evaco, est présent dans la construction, l’ingénierie, la fabrication, les services aux entreprises, le développement immobilier, les loisirs et l’hébergement. Sur un marché qui fait face à un manque accru de main d’œuvre, comment vous y prenez-vous ?
Lauriane Pallany : La grande majorité de nos employés se trouvent dans le secteur de la construction. Malheureusement, et malgré de nombreuses tentatives d’employer des Mauriciens, ces derniers ne répondent pas à l’appel. La concurrence est rude entre constructeurs. Nous avons donc fait appel à de la main d’œuvre étrangère, avec des salaires et conditions d’emploi qui sont les mêmes que ceux des Mauriciens. Dans d’autres secteurs d’activité du groupe, nous proposons des postes à mi-temps avec beaucoup de flexibilité sur les horaires et nous faisons aussi appel à des sous-traitants.
Comment identifiez-vous et ciblez-vous les jeunes talents sur un marché concurrentiel où la fuite des cerveaux se fait sentir ?
En fait, nous ne ciblons pas uniquement les jeunes talents. La force de l’expérience a encore beaucoup d’attrait pour nous car nous sommes dans des activités qui sont peu attirantes pour la jeune génération, mais dont les postes demandent une maîtrise particulière du métier. Si vous recherchez des jeunes dans le domaine de la construction, par exemple, ils souhaitent en général tous aller vers des postes de supervision, et non vers les opérations. Il est difficile, voire quasi impossible, de trouver quelqu’un de moins de 30 ans avec une expérience prouvée en maçonnerie. Nous restons un groupe ouvert à tous types de profils. Il y a le savoir-faire, qui s’acquiert, et nous misons aussi sur le savoir-être.
Quelles sont les actions concrètes que vous mettez en place ?
Le groupe met en avant six valeurs qui se traduisent dans chacune de nos initiatives. La plus importante à appliquer reste l’agilité individuelle et collective qui permet à chacun d’opérer plus librement, tout en se dirigeant vers un objectif commun. Pendant longtemps, on a parlé de flexibilité et de « work from home ». Cependant, je pense que chaque entreprise a son fonctionnement propre et qu’il est primordial de ne pas perdre son identité en dépit des nombreux « trends » qui sont vendus comme la solution ultime. Au contraire, nous avons aujourd’hui de jeunes candidats qui sont heureux de pouvoir rester sur le lieu du travail et d’y socialiser.
Et comment faites-vous pour garder vos talents ?
Nous ne sommes pas de ceux qui retiennent les personnes qui souhaitent s’en aller. Nous avons beaucoup de personnes qui partent… pour mieux revenir ! Nous misons sur une stabilité d’emploi, un environnement de travail sain, la garantie d’apprendre de nouvelles choses quotidiennement, la possibilité de s’exprimer et de faire ce qui a du sens pour le bien-être de tous. De nos jours, il n’est plus possible de demander à un candidat d’expliquer où il se voit dans les cinq ans. Il sera très probablement déjà parti au bout de deux ans ! Nous devons plutôt parler de notre capacité à rebondir face à des délais de plus en plus courts de recrutement et de remplacement.
Nous misons aussi sur le partage du savoir sans passer uniquement par le biais des institutions de formation. Nous voulons faire de nos employés des coachs, des mentors, des accompagnateurs. Chacun d’entre nous a quelque chose à apprendre, mais aussi à partager.