Le ciel s’assombrit sur la « nation arc-en-ciel »
En Afrique du Sud, pays de Nelson Mandela, des Noirs massacrent d’autres Noirs. Qui plus est, des Noirs immigrés, des frères migrants venus de pays ayant jadis soutenu leur lutte contre le régime blanc. Un signe de l’échec de la « Nouvelle Afrique du Sud »…
Comme en 2016, un peu partout, notamment au Natal et dans la région de Johannesburg, les étrangers noirs, qu’ils soient Malawites, Mozambicains, Somaliens, Zimbabwéens, Soudanais ou Nigérians, sont de nouveau pris pour cible, lynchés, brûlés vifs, cependant que leurs pauvres biens sont systématiquement pillés par des foules ayant échappé à tout contrôle policier.
Voilà de quoi déstabiliser ces cocus idéologiques qui, croyant au mythe-guimauve de la « nation arc-en-ciel », prétendaient que les maux du pays découlaient de la domination blanche et qu’une fois la majorité noire au pouvoir, les fontaines de la démocratie laisseraient couler le lait et le miel de la fraternité… La réalité est évidemment autre car ces tueries xénophobes illustrent l’échec de la « Nouvelle Afrique du Sud » dont les dirigeants ont dilapidé le colossal héritage reçu de l’ancien régime blanc.
Un bilan accablant
– Le revenu de la tranche la plus démunie de la population noire est inférieur de près de 50 % à celui qu’il était sous le régime blanc d’avant 1994 ;
– Dix-sept millions de Noirs vivent essentiellement des prestations sociales et 14 millions ne survivent que grâce au versement d’une allocation (Social Grant) qui leur assure le minimum vital ;
– Le taux réel de chômage est de près de 35 %, et celui des jeunes âgés de 15 à 34 ans de plus de 50 %.
En 25 années de pouvoir, l’ANC – le parti de Nelson Mandela -, a donc transformé la prospère Afrique du Sud en un État du « tiers-monde » dérivant dans un océan de pénuries, de corruption, de misère sociale et de violences, réalité en partie masquée par les derniers secteurs ultraperformants encore tenus par des Blancs.
Un naufrage économique qui tient en trois points :
1) La production minière nécessite une énorme modernisation et donc de gros investissements ; or la main d’œuvre noire revendiquant des salaires plombant la compétitivité, les investisseurs ont délocalisé.
2) Les cadres blancs continuent à quitter le pays, chassés par la discrimination inversée, l’incroyable insécurité et le surfiscalisme.
3) Le secteur agricole, le seul à être excédentaire, a été littéralement assassiné par la décision de spoliation des fermiers blancs.
Dans ce pays où un abîme s’est creusé entre une infime minorité de profiteurs noirs et des millions de chômeurs, d’assistés et de travailleurs sous-payés qui paralysent le pays avec de continuels mouvements de revendication, l’abyssal échec économique et social de l’ANC a donc débouché sur des violences xénophobes, les étrangers étant accusés de prendre le travail des plus pauvres.
Au pied du mur, acculé par le bilan de ses détournements et de son incompétence, l’État-parti ANC n’a désormais plus que trois options :
1) Chercher à redresser l’économie en empruntant une voie libérale, mais il provoquera alors une révolution.
2) Accuser le bouc-émissaire blanc en tentant de faire croire que la situation est un héritage de l’apartheid et en nationalisant les mines et la terre. La « poule aux œufs d’or » sera alors définitivement tuée, comme au Zimbabwe, et le pays sombrera encore davantage dans la misère.
3) Recourir à la « planche à billets », ce qui, comme au Zimbabwe, provoquera d’abord l’inflation, puis une hyperinflation et la ruine totale du pays.
À noter, pour ceux qui veulent en savoir plus sur le naufrage sud-africain, que Bernard Lugan propose des cours à distance : https://lescours-bernardlugan.teachable.com/p/afrique-du-sud-autopsie-d-un-naufrage
Historien français spécialiste de l’Afrique où il a enseigné durant de nombreuses années, Bernard Lugan est l’auteur d’une multitude d’ouvrages dont une monumentale Histoire de l’Afrique. Parmi les plus récents, on peut citer Mythes et manipulations de l’histoire africaine, L’Atlas historique de l’Afrique des origines à nos jours et Les guerres du Sahel des origines à nos jours. Il a été professeur à l’École de guerre, à Paris, et a enseigné aux écoles de Saint-Cyr-Coëtquidan. Il a été conférencier à l’Institut des hautes études de défense national (IHEDN) et expert auprès du Tribunal pénal international pour le Rwanda-ONU (TPIR). Il édite par Internet la publication mensuelle L’Afrique Réelle.