Le Sénégal et la Zambie rompent leur traité fiscal avec Maurice
Décidément, les tuiles s’accumulent pour le secteur financier mauricien. Après la véritable douche froide du placement de l’île sur la liste noire de la Commission européenne pour blanchiment d’argent et financement du terrorisme (puis inscription au Journal officiel de l’Union européenne), le Sénégal et la Zambie viennent de mettre fin à leurs partenariats fiscaux avec Maurice. Ces deux pays étaient liés par des traités de non-double imposition (DTA). Dakar reproche à Port-Louis une forte évasion fiscale. Le Sénégal alléguait que l’accord, signé en 2004, lui avait coûté 257 millions de dollars de recettes fiscales en seize ans. Ce pays avait déjà menacé d’annuler le traité si certaines conditions n’étaient pas remplies, mais ce passage à l’acte a surpris les responsables d’autres États africains, comme la Zambie, le Lesotho, l’Ouganda et la République du Congo (RDC), qui sont également en train de renégocier certains traités avec Port-Louis. Et la Zambie a finalement pris la même décision que le Sénégal. Ironie de l’histoire, c’est au moment même où le ministre mauricien des Services financiers présentait en urgence des projets de loi pour répondre aux critiques de l’UE que Lusaka rompait son accord. Ces échecs à répétition s’expliquent, sans doute, par le manque de lobbys dont l’île dispose en Afrique pour se faire comprendre et donc pour défendre son secteur financier. Mais plus inquiétant encore, c’est son incapacité à monter en gamme. Difficile de créer un centre financier solide en se fondant quasi uniquement sur une fiscalité faible et une extension d’accords de non-double imposition. À la décharge de Maurice, il faut reconnaître que cette montée en gamme est longue et difficile car cette main d’oeuvre est quasi inexistante à Maurice. La plupart des acteurs des services financiers demeurent des comptables. Quant aux banquiers, peu d’entre eux ont une réelle exposition à l’international et ils disposent donc de peu d’expérience sur des dossiers qui en demandent.