Le Suisse ELCA mise sur l’externalisation
Spécialisé en consulting informatique, ELCA illustre bien le développement du « Business Process Outsourcing » (l’externalisation). Sa branche mauricienne emploie déjà plus d’une centaine de salariés et prévoit de doubler cet effectif d’ici deux ans.
Maurice semble toujours être un terreau idéal pour le Business Process Outsourcing (BPO) ou l’externalisation de processus d’affaires en français. À preuve, l’entreprise suisse ELCA, qui a trois branches à l’international – au Vietnam, en Espagne et à Maurice -, a ouvert en juillet 2020 un nouveau bâtiment à Ebène. Ses équipes d’informaticiens répondent au « besoin d’accompagnement de la croissance d’ELCA principalement sur le marché suisse », explique le Français Olivier Hecq, directeur du centre de Maurice.
Ressources humaines : la clé
Maurice se trouve à un tournant. C’est le second État africain, après les Seychelles, à avoir atteint la catégorie des pays à revenus élevés selon les critères de la Banque mondiale (avant la crise de la covid-19). Cela indique aussi que les salaires et le niveau de vie ont augmenté. Cette profonde mutation rend plus difficile la compétition internationale. Pourtant, c’est bien à Maurice qu’ELCA entend s’étendre. Pour Olivier Hecq, qui n’en est pas à sa première expérience dans ce secteur sur l’île, l’attrait de Maurice reste fort. Et pour plusieurs raisons : « La disponibilité des ressources – notamment les compétences informatiques -, la capacité linguistique en français et anglais, le décalage horaire entre Maurice et la Suisse – trois heures au maximum -, le coût du travail plutôt avantageux et une proximité culturelle avec les Européens ». Cependant, s’agissant de la main d’oeuvre qualifiée, « la demande est supérieure à l’offre », regrette-t-il. L’un des facteurs limitant les ambitions mauriciennes dans ce secteur est la rareté des compétences en informatique. Pour y remédier, ELCA forme sa propre main d’oeuvre. Ainsi, l’entreprise produit non seulement les compétences dont elle a besoin, mais cela lui permet également de conserver ses meilleurs talents.
D’ailleurs, Olivier Hecq a pour objectif de doubler ses effectifs, pour les porter à 200 personnes, d’ici deux ans et cela malgré la covid-19. « Nous pensons que les entreprises dans l’informatique vont rebondir plus rapidement que les autres. Il faudra que nos clients se remettent du choc, mais nous sommes relativement confiants à moyen et long termes. Beaucoup d’entreprises ont réalisé que pour pouvoir opérer correctement ou même survivre, il était important d’être digitalisé… Et c’est notre coeur de métier. »
ELCA a été fondée en 1968 par une petite d’équipe d’ingénieurs qui, en développant les systèmes informatiques pour des barrages hydrauliques, ont décidé de proposer leurs propres services. Aujourd’hui, ELCA est le premier prestataire informatique suisse indépendant, proposant des services et développant des logiciels. La commercialisation de logiciels représente 25 % de ses activités. SecuTix, le premier produit commercialisé, est un service de billetterie qui émet plus de 45 millions de billets pour des concerts, des événements culturels ou sportifs et des visites de musées. Parmi ses clients, on compte l’Union des associations européennes de football (UEFA), des clubs de foot anglais, l’Opéra de Paris et les musées de Madrid. Le logiciel utilise la Blockchain pour rendre infalsifiables les billets et éviter ainsi les reventes au marché noir. Le second produit en finalisation de développement est ambitieux. C’est un système de gestion de retraites. Il permettra d’agréger et gérer les fonds collectés par les citoyens suisses auprès des différents fonds de pensions privés ou étatiques.