Les balles de riz comme source d’énergie alternative pour la cuisson
Afin d’inverser la très forte tendance du recours au bois énergie, un projet de vulgarisation de l’exploitation du sous-produit issu du paddy (*) en tant que combustible est en phase de déploiement.
Huit ans après un profond diagnostic du secteur réalisé par le ministère de l'Énergie en collaboration avec le Fonds mondial pour la nature (WWF), le constat reste inchangé. Le bois énergie demeure toujours la source d’énergie domestique principalement utilisée par la population (plus de 95 %) dont 48 % pour le charbon de bois et 49 % pour le bois de chauffe. Un recours qui contribue fortement à la dégradation des forêts dont 110 000 hectares sont exploités pour la production de 402 000 tonnes de charbon de bois chaque année. Dans l’objectif de résorber cette mauvaise pratique, le projet « Atiala », acronyme malgache des termes « Ne coupez plus la forêt » a vu le jour. Il a été mis sur pied par le Mouvement pour le rassemblement des chrétiens en faveur de la nation (HFKF), une plateforme qui regroupe des associations et organismes chrétiens oeuvrant pour le développement à Madagascar.
Plus efficace et plus économique
Atiala est axé vers la promotion d’une nouvelle source d’énergie domestique alternative, l’utilisation de balles de riz comme combustible ainsi que la fabrication d’un réchaud dédié pour la cuisson.
Valorisant le concept « Vita Malagasy » (Made in Madagascar), le projet s’est orienté vers cette matière qui n’est pas suffisamment exploitée alors qu’annuellement près d’un million de tonnes sont jetées. La balle de riz est en effet un sous-produit du décorticage du paddy avec un rendement de l’ordre de 17 % à 23 % du produit initial. En 2019, par exemple, près de 4,8 millions de tonnes de paddy on été produits dans la Grande Île. Et son exploitation comme énergie domestique constitue une alternative plus que viable, sans compter les impacts positifs sur la préservation de l’environnement grâce à la réduction de l’exploitation des ressources forestières.
D’après une étude menée par un expert en environnement, un ménage qui utilise le réchaud Atiala contribue à la protection de 5 hectares de forêt en un an, ce qui permet également en parallèle de réduire l’émission de gaz à effet de serre. De plus, une fois les balles de riz consumées, les cendres peuvent servir d’engrais pour les plantations.
Le projet contribue en outre à la réduction des dépenses des ménages puisque le prix des balles de riz est inférieur à celui du charbon de bois. Un foyer ne dépenserait plus que quatre sacs de balles de riz à raison d’environ 25 centimes d’euros (1 000 ariary) l’unité, soit un euro par mois en source d’énergie domestique contre un sac de charbon de 7,5 euros par mois.
Et en termes de temps de cuisson, une comparaison directe entre un réchaud classique à charbon de bois et un réchaud à balles de riz a permis de démontrer qu’en sept minutes, le réchaud Atiala arrive à porter à ébullition l’eau dans une marmite alors que le réchaud à charbon tarde à chauffer et dégage de la fumée. Le projet contribuerait ainsi à l’amélioration de la santé de la population, permettant de réduire les dépenses en matière de frais de soin.
Une production à l’échelle industrielle
Au-delà d’être un simple concept, Atiala vise concrètement à produire des réchauds à balle de riz à l’échelle industrielle et à vulgariser leur utilisation dans tout le pays. L’idée est de produire 1 000 réchauds par semaine pour en couvrir l’île de 100 000 avant la fin de l’année. Des réchauds ont déjà été remis gratuitement aux exploitants agricoles issus de communes rurales autour de la capitale. Et le ministère de l’Environnement et du Développement durable s'est engagé à soutenir tous les efforts pour développer ce projet et en faire profiter le plus grand nombre afin d'avoir un impact sur l'environnement et l'économie des ménages.
(*) Paddy : nom donné au riz avec son enveloppe et qui, à la meule, a échappé au décorticage.