Eco Austral – Actualités économiques et entreprises de l'Océan Indien

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Maurice

Les « Big Fat Indian Weddings » : une niche en or

Forte de ses hôtels 5-étoiles, Maurice veut se faire une place sur le marché mondial des « Big Fat Indian Weddings », ces somptueux mariages financés par des Indiens fortunés. Mais la concurrence est féroce et il faut pouvoir répondre aux exigences de cette clientèle particulière.

L’île Maurice reste très dépendante du marché touristique de l’Europe et en particulier de la France. Sur les 1 341 860 voyageurs venus sur l’île en 2017, près d’un touriste sur trois venait de France ou de La Réunion ! Les autres marchés restent donc marginaux, comme celui de l’Inde avec 86 294 visiteurs en 2017, soit 6,4 % du total et sixième rang des arrivées touristiques. Mais derrière ce chiffre qui semble négligeable, il cache une véritable niche d’or : celui des Big Fat Indian Weddings ou mariages à la Bollywood !
« Chaque année, plus de 10 millions d’Indiens se marient et qu’ils soient riches ou pauvres, ils y engloutissent toutes leurs économies. Les familles aisées dépensent plusieurs milliers d’euros dans les voyages, les hôtels ou pour l’achat de bijoux, de vêtements de couturier et de cadeaux », indique Christine Nayagam, une journaliste franco-indienne, créatrice du site actuinde.com. De fait, rien ne semble trop beau ni trop coûteux pour certaines familles de la Grande Péninsule ou originaires, car nombre d’entre elles viennent aussi d’Europe, des pays du Golfe ou du Canada.
« Le marché des Big Fat Indian Weddings est estimé à près de 35 milliards de dollars et progresse d’environ 25 % par an », précise encore la journaliste. Attirée par cette manne, Maurice a quelques raisons de se positionner. L’île a des atouts : son hôtellerie est réputée, la destination est sûre et les liens socio-culturels avec le géant asiatique sont forts. Enfin, la confidentialité est l’un des critères importants pour être choisi par cette clientèle de happy few, car l’île n’est pas la Croisette…

De 200 à 350 invités

« Maurice est vendue par les tour-opérateurs locaux comme la little Bharat, la petite Inde en hindi », souffle un voyagiste mauricien. Aussi le bureau indien de la MTPA, l’office du tourisme de l’île Maurice, suit-il attentivement ce marché. 
Jean-Luc Manneback, le directeur général d’Impact Production Group (IPG), l’une des principales entreprises mauriciennes dans le secteur de l’événementiel, souligne qu’« à la belle époque (il y a encore cinq ans), Maurice recevait entre cinq et six grands mariages par année. Aujourd’hui, nous sommes à la moitié. » Les dépenses générées sont colossales : « Les premières années, 25 à 35 millions de roupies (625 000 à 875 000 euros) ont été dépensées uniquement pour la partie nous concernant. À cela, il faut ajouter les décorations, le mobilier, les fabrications spéciales et les équipes événementielles indiennes spécifiques importées par avion. Alors oui, les bonnes années nous étions sur des montants qui devaient facilement flirter avec 55 millions de roupies (1,37 million d’euros) car souvent 200 à 350 invités, voire plus, sont conviés. » Bref, un potentiel énorme comparé aux voyages d’affaire traditionnels. « D’autant que ces mariages se passent toujours sur plusieurs jours avec quantité de fêtes », indique un autre acteur du secteur.
Mais Maurice reste un outsider par rapport à d’autres destinations comme l’Europe, l’Asie ou même les Amériques. L’île souffre d’un problème d’accès aérien, de la concurrence tarifaire d’autres destinations comme la Thaïlande ou encore de la disponibilité des chambres. Il peut être difficile pour un hôtelier de libérer une centaine de chambres d’un coup. « C’est pourquoi certains clients indiens n’hésitent pas à parler avec des touristes pour les convaincre d’annuler leur séjour, quitte à les surclasser dans des hôtels plus chers ! », glisse, en riant, Christian Nayna, l’Executive Chairman d’AVS, un gros acteur mauricien des tournages de mariage dont les Big Fat Indian Weddings. 
Maurice souffre toutefois d’un manque de main d’œuvre spécialisée dans la construction de décors, dans la décoration florale et d’un manque d’offres culinaires correspondant aux attentes des clients, ceux-ci découvrant que la cuisine indo-mauricienne est avant tout mauricienne.