Les marines de l’océan Indien en symposium
Il n’est pas courant de voir côte à côte un amiral iranien et un amiral français. C’est pourtant le cas depuis ce lundi 28 juin, à l’hôtel Lux, à Saint-Gilles Les Bains, pour quatre jours.
Vidé de tous ses autres clients, l’hôtel Lux de La Réunion a été transformé en site militaire et en bulle sanitaire pour accueillir le 7e symposium naval de l’océan Indien (IONS – Indian Ocean Naval Symposium). L’organisation internationale, initiée par l’Inde en 2008, est ouverte aux marines de tous les pays riverains de l’océan Indien et du golfe Persique. C’est d’ailleurs l’Iran qui présidait l’IONS ses trois dernières années. Ce mardi 29 juin, l’amiral Khanzadi, chef d’état-major de la marine iranienne, a transmis le symbole de la présidence – une longue-vue – à son homologue français, l’amiral Vandier.
À l’IONS, on ne parle pas des sujets qui fâchent. Les décisions doivent y être prises à l’unanimité et le consensus régner. Les réflexions et actions communes portent sur la lutte contre la piraterie, le partage de l’information maritime, l’assistance aux populations en détresse… La France y a été admise en 2014, ce qui vaut à La Réunion, qui abrite le troisième port militaire français – loin derrière Toulon et Brest – d’accueillir pour la première fois cette manifestation.
Dans un salon du Lux, ce 29 juin, le Qatar est officiellement devenu le 25e pays membre de l’IONS, qui compte également des pays observateurs, dont la Chine. Mais pas les États-Unis, pourtant puissamment présents dans la zone à Diégo Garcia : les Iraniens ne le veulent pas.
Pendant ces deux prochaines années, la France souhaite mettre en avant la thématique de la sécurité environnementale, forte de son expertise dans la gestion des ressources halieutiques – la régulation de la pêche à la légine dans l’océan Austral est considérée comme un modèle –, la lutte contre la pêche illégale et contre les pollutions maritimes. Elle était d’ailleurs intervenue en 2020 à l’île Maurice après le naufrage du Wakashio.
En raison de la crise sanitaire, qui a empêché la participation physique de certains pays, dont celle de l’Inde, ce 7e Symposium ne débouchera toutefois sur aucune décision officielle. Il faudra attendre un conclave organisé en novembre prochain à Paris. Plus d’une centaine de participants étrangers ont néanmoins pu faire le déplacement jusqu’à La Réunion, tous à partir de Paris et en respectant un protocole sanitaire particulièrement strict.