Les mirages de l’art contemporain
Bonne nouvelle, le livre de Christine Sourgins, historienne formée à l’étude des documents, vient de paraître en format poche. C’est le seul ouvrage à accompagner son sujet dans la durée pour en épouser tous les développements, en particulier sa transformation en outil financier, et ce jusqu’en 2023.
Au-delà des anecdotes savoureuses, l’ouvrage fournit une analyse en profondeur des structures et ressorts de l’art dit contemporain. Il établit ce dont beaucoup se doutaient : cet art n’est pas un simple phénomène de mode dont on peut rire impunément. Choisis pour leur pertinence, beaucoup d’œuvres (ou d’artistes) analysés, en réitérant sans cesse au fil du temps, ont gardé au texte son acuité : ainsi se dégagent les cas de figures et modalités récurrentes des dispositifs artistiques, à commencer par leurs pièges sémantiques. Car l’art dit contemporain, non seulement n’est pas l’art moderne, mais il n’est pas non plus ce qu’il suggère, à savoir l’art de tous nos contemporains. Mais il est l’art (au sens de « technique ») d’une petite partie qui, se prenant et proclamant pour le tout, exige et monopolise crédits, financements et surtout l’attention étatique et médiatique. Ce livre a popularisé le terme AC, choisi pour clarifier la confusion sur laquelle l’AC prospère.