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Maurice

Les nouveaux visages du tourisme mauricien

Après une décennie plutôt difficile, le secteur a renoué avec une croissance à deux chiffres. Mais l’hébergement hors hôtel a explosé et de nouveaux besoins se font sentir pour demeurer dans la course et améliorer les recettes.

Quand le tourisme s’enrhume, c’est Maurice qui éternue. Ce pilier de l’économie mauricienne a contribué à hauteur de 7,7 % au produit intérieur brut (PIB) du pays en 2015. Et après le creux de 2009, consécutif à la crise économique mondiale, le rythme des arrivées a progressé régulièrement. En 2014, la barre symbolique du million de touristes a même été franchie.
En 2017, 1 341 860 touristes se sont rendus à Maurice, soit + 5,2 %par rapport à l’année précédente. Les revenus générés ont suivi, s’établissant à un niveau record de 55 milliards de roupies (environ 1,4 milliard d’euros) en 2016. Parallèlement, l’hébergement hors hôtel a explosé, passant d’une capacité d’un peu moins de 3 400 chambres en 2008 à presque 8 300 chambres aujourd’hui. 
L’offre aérienne s’est nettement améliorée avec une augmentation graduelle des sièges disponibles passant de 1,5 million en 2009, le plus bas de la décennie, à près de 2,1 millions en 2016, avec l’ouverture de nouvelles dessertes et l’augmentation des fréquences. La destination pourrait accueillir 1,7 million de visiteurs en 2025 et atteindre la barre des 2 millions en 2030. 

DE NOUVEAUX PROFILS DE TOURISTES

Malgré ces bonnes nouvelles, des menaces pointent comme l’impact du Brexit et le recul de la livre sterling sur les arrivées de touristes britanniques (129 754 visiteurs en 2016, soit un peu plus de 10 % du total), l’affaiblissement de l’euro, le déséquilibre entre les saisons, la faiblesse des dépenses moyennes par visiteur ou encore la régression du marché chinois qui s’annonçait très prometteur. En résumé, l’industrie touristique reste fragile et il lui est difficile de voir au-delà de trois ou cinq ans. 
L’Europe demeure le principal marché émetteur avec 58 % des arrivées. À noter que la France métropolitaine et La Réunion pèsent 31,3 % à elles seules. Les autres principaux marchés émetteurs sont l’Inde et la Chine. Une clientèle diversifiée qui est avide de nouveaux produits, surtout les « repeaters » (les 30 % qui reviennent). Si l’Europe restera le marché de base à cause de la nature même du produit touristique mauricien, l’île doit aussi répondre aux attentes des marchés émergents. À l’exemple du Four Seasons du groupe Sun Resorts où 20 % des visiteurs viennent d’Asie. La clé de cette réussite a été le choix de miser sur un label de renommée internationale. 
La dépense moyenne par touriste reste encore basse, à 4 300 roupies (108 euros) par nuitée en moyenne pour les 1 275 227 visiteurs recensés en 2016. La dépense dans l’hébergement, sauf dans le cas du segment de grand luxe, a atteint un palier. Si l’on veut l’augmenter, il faut donc miser sur tout ce qui est hors-hébergement… 
 

« Dans le tourisme vert, on est moins dans la consommation et plus dans le respect de la nature, la découverte, le partage, l’expérience -  et, pour certains, dans l’effort physique. »
« Dans le tourisme vert, on est moins dans la consommation et plus dans le respect de la nature, la découverte, le partage, l’expérience –  et, pour certains, dans l’effort physique. »  DR
 

PAS QUE DES PLAGES

Le secteur touristique doit diversifier ses offres en développant les combinés plage-montagne ou mer-forêt, en misant sur le patrimoine historique et la riche culture de l’île, sans oublier les activités de nuit, son nightlife.
Avec l’arrivée de KLM, la compagnie aérienne porte-drapeau des Pays-Bas, Maurice peut s’appuyer sur le hub d’Amsterdam pour viser les marchés d’Europe du Nord et… d’Afrique de l’Est grâce au partenariat KLM/Kenya Airways. Quant à Air Mauritius, elle commence, avec ses nouveaux avions, à revoir sa stratégie sur l’Europe. Mais alors que  la clientèle touristique des pays asiatiques est le nouvel Eldorado dans le monde entier, les compagnies asiatiques continuent à bouder Maurice…