Logipren à la conquête des services de néonatalogie
Cette start-up développe une plate-forme médicale communautaire s’articulant autour d’un logiciel dédié à la prescription des médicaments et de la nutrition parentérale. L’objectif est de diminuer drastiquement le risque d’erreur inhérent aux prescriptions manuelles.
« Venir à La Réunion a été une chance pour ce projet. Nous avons trouvé une aide, un entourage et une énergie que nous n’aurions jamais eus en Métropole. Nous nous sommes sentis poussés. » Pas besoins d’insister pour que le Dr. Béatrice Gouyon, directrice scientifique de Logipren, s’enthousiasme lorsqu’il s’agit d’évoquer son arrivée à La Réunion en 2011. Dans ses valises, elle amène le projet Logipren, sur les rails depuis seulement quelques mois. Produit central de sa plateforme médicale communautaire, ce logiciel alimente une base de données pour des projets de recherche sur le médicament et la nutrition en néonatologie. Il permet une traçabilité des prescriptions mais également une comparaison entre les pratiques de soins en s’appuyant sur des résultats concrets et fiables.
UNE START-UP POUR RÉPONDRE À UN BESOIN
Avec son mari, le Pr. Jean-Bernard Gouyon, et Michel Daigne, ingénieur et cofondateur de la branche Santé de l’École Centrale de Paris, ils ont décidé de créer Logipren suite à un constat : « Toutes les six prescriptions manuelles en néonatologie, il y a une erreur médicamenteuse. » Une fois l’idée sur pied, il fallait la rendre viable économiquement et sur le long terme. Très vite, la décision a été prise de créer une société privée. Mais pour développer la solution, des fonds publics étaient nécessaires. « Le CHU de La Réunion a été un très fort soutien et a adhéré d’emblée au projet. La Région Réunion et l’Europe, via le fonds FEDER, nous ont aussi largement accompagnés », précise Béatrice Gouyon. Le plan était de démarrer l’activité commerciale en 2016 et de basculer complètement dans le secteur privé à cette échéance. Le tableau de marche a été parfaitement respecté avec un premier chiffre d’affaires de 200 000 euros qui passera à 350 000 euros en 2017. Sur 68 services de réanimation néonatale en France, 30 sont déjà équipés de Logipren. Béatrice Gouyon et son équipe prévoient d’étendre leur outil à tous les services accueillant des nouveaux-nés et testent, en parallèle, une version du logiciel dédiée aux services de réanimation de grands enfants.
DE LA FRANCE AU MONDE ENTIER
Des présentations de la solution sont prévues dans des hôpitaux en Allemagne et en Espagne et la version anglaise, déjà développée, va rapidement être proposée en Afrique du Sud. Pour cette expansion à l’international, la start-up s’appuie sur des réseaux. Il y a Business France, mais également La French Tech. En novembre dernier, Logipren s’est envolée en Chine avec dix autres créateurs d’entreprises à fort potentiel sélectionnés au niveau national pour un voyage d’affaires. « Le marché chinois n’est pas forcément adapté à notre solution, en revanche Hong-Kong et le Japon sont des pistes intéressantes. » En phase d’expansion internationale, Logipren et sa fondatrice restent néanmoins attachés à La Réunion. « Le soutien que nous avons reçu de la part de l’ensemble du tissu économique local, de la Région à Nexa, en passant par le Technopole, a été décisif, explique Béatrice Gouyon. C’est un projet très large et très riche qui nécessite beaucoup de compétences et d’énergie. » C’est aussi un projet qui a valeur d’exemple quant à la manière dont il a été mené. Depuis sa naissance, il est suivi dans le cadre d’un projet de recherche sur l’ingénierie de la santé et la meilleure manière de créer une transition d’un modèle financé par des fonds publics vers une structure privée économiquement viable.